à Montpellier
C'est une histoire touchante, celle d'un jeune peintre qui fut l'ami des plus grands impressionnistes parisiens. Une vocation contrariée comme souvent par un père autoritaire qui préférait le métier (solide) de médecin, plutôt que les hasards d'une vie d'artiste. Tué, les soldats le sont toujours bêtement, à la guerre, la guerre de 1870. Il reste de lui des peintures superbes, et un tombeau non moins impressionnant au cimetière protestant de Montpellier. Jean Richard en a fait une biographie détaillée, qu'il nomme : "Itinéraire d’un peintre soldat jusqu’au 28 novembre 1870"
Une enfance paisible
issue d’une famille illustre Frédéric
Bazille, de son véritable prénom Jean-Frédéric, nait à Montpellier le 5
décembre 1841. Les Bazille étaient installés à Montpellier depuis le XIIIe
siècle au moins.
Le père de Frédéric, Gaston Bazille
(1819-1894), était agronome et viticulteur. Voilà pourquoi je me sens concerné. Très jeune celui-ci devint l’un des
notables de la vieille cité languedocienne. Elu sénateur de l’Hérault en 1879,
il prend une grande part à la reconstitution
des vignobles après leur destruction par le phyloxera. Malgré leur vie active
et leur austérité, ils témoignent d’un goût très vif pour les choses
de l’art. Gaston Bazille avait épousé en 1840 Camille Vialars (1821-1908), de
vieille souche terrienne. Quoique de santé fragile, elle était d’une
infatigable charité à secourir les petites gens et les pauvres.
Très tôt Frédéric Bazille voit naître en lui une vocation
de peintre. Aussi après avoir passé son baccalauréat en avril 1859, le jeune
homme exprime le désir de se vouer à la peinture.
Ses parents s’y opposant et
voulant qu’il ait auparavant une situation « dite sérieuse », Bazille
entreprend à contrecœur, des études de médecine, mais tous ses loisirs,
l’étudiant les passe à peindre.
En octobre 1862,
Frédéric arrache enfin à ses parents la permission de poursuivre ses études à
Paris. Il abandonnera rapidement la médecine pour se donner tout entier à la
peinture. Il s'installe successivement
rue de Furstenberg, rue de Visconti et rue de La Condamine, dans des ateliers dont il reste les peintures :
rue de Condamine
rue de Frustenberg
C’est à Paris que
Bazille rencontrera Claude Monet, Auguste Renoir
ou bien Jean-Baptiste Corot, Paul Cézanne,
Camille Pissaro et Gustave Courbet, Alfred Sisley, Otto Scholderer, Henri
Fantin-Latour, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, les photographes Nadar (de
son vrai nom Félix Tournachon) et Etienne Carjat (qui réalisa le portrait de
Frédéric offert par la famille Bazille à la municipalité de Beaune et exposé
actuellement dans le bureau du maire), mais également Léon Gambetta et se lia
de sympathie avec Edouard Manet.
Evidemment, je suis séduit par les toiles d'Aigues-Mortes,
dont la porte de la Reine !
dont la porte de la Reine !
...mais aussi par ce paysage du Lèz :
on n'oublie pas que nous avons vécu à Montpellier !
.
En août 1870, il s'engage dans un régiment de zouaves. Il
est tué, à 29 ans, au combat de Beaune-la-Rolande. En franchissant le ruisseau
des Mazures il aperçoit des femmes et des enfants passant en courant pour
chercher un abri dans les fermes près du cimetière.
Ses camarades
d'infortune rapporteront plus tard qu'à ce moment Frédéric se mit à crier en se
levant :
‘’Surtout ne tirez pas sur les femmes et les enfants ‘’.
Au mépris du danger Bazille s'élançe à l'attaque et reçoit
une balle dans le bras et une autre dans le ventre avant de s'écrouler
mortellement blessé. Il va vivre quelques moments encore, tandis que la
bataille se poursuivra jusqu'à la tombée de la nuit. Il a toute sa conscience
et se sait néanmoins perdu. Profitant d'un moment de calme, ses amis zouaves le
couchent près du ruisseau. A l'un d'eux, il confie sa bague en lui demandant
de la faire parvenir à ses parents. Vers 4 heures 30 de l'après midi il
expire. Il avait à peine 29 ans.
Le 15 décembre, le corps de Frédéric Bazille, que son père fou de douleur alla chercher sur le champ de bataille, est inhumé au
cimetière protestant de Montpellier où depuis, sa famille a élevé un monument à
sa gloire. La stèle représentant le buste de Frédéric Bazille est sculptée par
son ami d'époque : Auguste Baussan. La jeune fille qui tend à bout de bras un
rameau d'olivier est l’œuvre du sculpteur Chapus qui l'a baptisée : La
Jeunesse. La stèle porte l'inscription : ‘’ C'est un honneur de mourir pour sa patrie
‘’.
dernier jour demain !