mercredi 25 août 2021

On a retrouvé Psodos wehrli en Suisse !


Une fois encore, c'est facebook qui m'alerte : vous voyez le titre, alléchant, un papillon alpestre est retrouvé en altitude  supérieure à 3250m, malgré la fonte des glaciers, tout n'est donc pas perdu, dans la mort annoncée de notre planète ? ?

Dans un premier temps, je crois (j'ai tort) qu'il s'agit d'un de ces papillons des montagnes, des erebia, tout marron, que je n'arrive jamais à différencier les uns des autres. Je cherche, non, c'est un géométride : vous savez, les chenilles dites "arpenteuses" aucun rapport !

voici à nouveau la photo de l'animal


voici le texte de MSN, auquel manque l'essentiel je vais y venir :

"Une équipe internationale de chercheurs avec participation suisse a redécouvert dans la région du Trentin-Haut-Adige  un papillon alpestre qui n'y avait plus été vu depuis 86 ans. En Suisse, sa présence est répertoriée près de Zermatt (VS). 

"Psodos Wehrlii, de son nom scientifique, est la seule espèce de papillon des Alpes à vivre exclusivement au-dessus de la limite de la neige, selon un communiqué des musées du Tyrol diffusé mercredi. Ce lépidoptère diurne a été décrit pour la première fois en 1918. 

"Le lieu de la trouvaille, qui date de juillet dernier, se situe dans le massif de l'Ortles-Cevedale, à 3250 mètres d'altitude. Le pergélisol y forme de petites fissures froides propices à ce papillon qui accomplit tout son cycle de développement à ces altitudes. 

"La dernière observation dans cette zone du Parc national du Stelvio datait de 1935. En Suisse, il a été observé en 2019 à plus de 3400 mètres d'altitude dans la région de Täsch (VS).

on n'a aucune idée des proportions, voici la précision manquante




... sauf je le reconnais, que je vous montre certes des Psodos, mais pas le bon qui est précisément Psodos wehrlii, il faut écrire wehrlii en minuscules, du nom de l'inventeur qui est le Docteur Eugen Wehrli de Bâle, qui l'a trouvé à la fin de la guerre de 14, en crapahutant à plus de 3400 mètres.



C'est là que je tente d'en savoir davantage, mais comme souvent, les Français sont à la traine, je ne trouve que wiki Anglais pour dire :

"Psodos is a genus of moths in the family Geometridae first described by Treitschke in 1825".

Et d'un, ce n'est pas d'aujourd'hui, mais de deux, c'est un Géométride !


Ces premiers résultats découverts, je trouve de tout :  Persée nous apporte des précisions fondamentales en nous informant de la publication initiale du Docteur Wehrli, et on apprend qu'une forme variante se trouve dans les Alpes Maritimes, vous savez dans ce coin perdu, dévasté récemment par les crues résultant du dérèglement climatique, la vallée de la Roya, un coin où on ne risque plus d'aller embêter des papillons aussi petits que ce géométride !




 je tombe aussi sur cet article très technique

Dans une étude morphologique complète, outre les résultats du code-barres ADN, le genre Gnophopsodos Wehrli, 1945 est révisé taxonomiquement. Le taxon comprend neuf espèces. Les caractères diagnostiques sont représentés et une clé de l'espèce basée sur la morphologie des organes génitaux mâles est fournie. Les mâles et les femelles (si disponibles) de chaque espèce et leurs organes génitaux sont illustrés. La répartition de toutes les espèces est décrite et figurée sur des cartes. Gnophopsodos hilmari spec. nov. d'Ouzbékistan et du Kirghizistan, Gnophopsodos sabine spec. nov. et Gnophopsodos ravistriolaria pantherinus sous-espèce. nov., tous deux de la partie russe des montagnes de l'Altaï, sont décrits comme nouveaux. Gnophopsodos puengeleri (Bohatsch, 1910) stat. tour. est rétablie en tant qu'espèce distincte. Les synonymes suivants sont reconnus : Chelegnophos Wehrli, 1951 syn. nov. de Gnophopsodos Wehrli, 1945 ; Chelegnophos alaianus Viidalepp, 1988 syn. nov. de Gnophopsodos puengeleri (Bohatsch, 1910), Psodos altissimaria Oberthür, 1913 syn. nov. de Gnophopsodos gnophosaria (Oberthür, 1893), et Gnophos orbicularia Püngeler, 1904 syn. nov. de Gnophopsodos stemmataria (Eversmann, 1848) comb. nov. Ce dernier est transféré du genre Gnophos Treitschke, 1825 au genre Gnophopsodos.

La conclusion en tous cas est, qu'en plein covid delta ; en pleine saison des vacances, il y a des chercheurs assez opiniâtres pour aller au-dessus de 3250m retrouver des papillons disparus !

une bouffée d'air dans 

le monde de folie qui nous entoure !

Eric Ciotti sait-il que vit dans son arrondissement

la Psodos niçoise ?

et que "nous la traquons pour mieux la photographier" ?