mardi 10 décembre 2013

L’apollo noir de Dany


vade retro…satanas !


Dany (rien à voir avec Dany …le Rouge !), il s’agit de Dany Lartigue, le fils du célèbre photographe. Il raconte dans « l’extravagante aventure des chasseurs de papillons » l’histoire de l’apollon noir du Mercantour. « Joyau de la collection des papillons parnassiens et fleuron de l’exposition qui vient de s’ouvrir au Musée de Saint-Tropez, un couple d’apollons noirs sera visible jusqu’au 2 novembre 2013 à la Maison des Papillons-musée Dany Lartigue » peut-on lire dans Var-Matin. Le maire Jean-Pierre Tuveri a inauguré l’exposition avec le premier adjoint Claude Bérard et l’adjointe Andrée Anselmi, en présence de Martin Lartigue, le fils de Dany. Vous voyez : à Saint-Tropez, on se passionne encore pour les papillons !
  


L’histoire se passe dans le Mercantour à Casterino, à mi chemin entre la vallée des Merveilles et de la frontière italienne. Altitude 1600m. Nous sommes la veille du 14 juillet 1966, le soir c’est le feu d’artifice. C’est un endroit béni, rempli de papillons, et Dany recherche les exemplaires rares, de Parnassius phoebus. C’est le semi-apollon que l’on trouve uniquement dans les Alpes, et il rêve de trouver des variétés inconnues. Survient un orage, Dany est quasiment frappé par la foudre. Il s’écroule avec le filet qui tombe par terre. C’est un véritable miracle car quand il se relève, « un papillon se débat dans le filet : de grande taille, les ailes arrondies, enfumées d’un noir de suie qu’éclairent quatre ocelles injectées de sang : un papillon inconnu » !


la photo du bouquin, je préfèrerais mieux, mais à défaut...!

De retour à Paris, Dany consulte le Muséum, et un professeur émerveillé lui explique qu’il a trouvé l’Apollon noir (en latin : satanas) dont il n’existe alors que 3 exemplaires au monde : 2 trouvés dans les Alpes autrichiennes ; un dans les Cévennes (je vous l’ai montré précédemment), mais aucun dans les Alpes françaises. Le Professeur Bourgogne (je le cite car il est célèbre notamment pour ses livres) lui demande alors, comme le font tous les parisiens devant des provinciaux impressionnés : « donnez le nous, on fera un article sur votre trouvaille, et on vous citera ».
 
une boite magnifique, le noir est un semi-apollo



l'agrandissement de l'exemplaire ci-dessus

 














Dany manque de dire « oui », puis se ravise, et répond : « non, je le garde ». Il écrit alors : « j’ai dévalé l’escalier comme un voleur, serrant fort contre mon cœur l’Apollon noir dans son petit cercueil de verre ».

Plus tard, Dany rédige un article officiel pour la publication proposée par le professeur Bourgogne. L’histoire de l’orage est occultée, le papillon était tout bêtement posé au milieu du chemin. Il s’agit d’une femelle, et en effet d’autres aberrations semblables ont déjà été découvertes et nommées auparavant. La sienne, qu’il nomme satanas, ressemble à bergeri décrit à Vienne par Otto en 1928. Entre parenthèses, l’exemplaire aveyronnais provient du Causse noir (of course) nommé carolinae par Fischer en 1934. C’est en effet le seul (on le premier ?) noir aberrant trouvé en France.

Dany raconte dans son livre d’autres belles histoires !

vous voyez : en hiver…vous n’auriez jamais imaginé…

…aller visiter la maison des papillons …à Saint-Tropez ?