lundi 6 février 2023

La Madeleine repentante de Guido Cagnacci



Je ne vous l'ai jamais caché : je suis "sensible" à la figure de Magdalena, sans doute à cause de son amour pour le Christ, et pour se repentir d'avoir été auparavant "tentatrice", une attitude que j'ai tenté d'expliciter dans http://babone5go2.blogspot.com/2023/01/eve-prodi-delphine-horvilleur-hendrik.html

Mais elle, après avoir été séductrice, se repent. 

Dans ce tableau découvert il y a peu, elle est svenuta donc "évanouie", sans aucun doute de tenir un crâne, et d'avoir du coup la certitude de la disparition éternelle de son amour terrestre ?

Le célèbre auteur est Guido Cagnacci. Ce n'est pas Madeleine, mais tout pareil, dans une autre toile, il a représenté la Vie : sa durée limitée est illustrée par le sablier. La Vie, a le bras gauche posé sur un crâne, avec à côté une bougie éteinte : là encore la mort clôt la vie et précède la renaissance. Au-dessus au lieu d'une aura flotte dans l'air un oroubos, le serpent qui se mord la queue, l'éternel recommencement. A la main droite, une rose : la rose avec le pissenlit fané suggère que la beauté est fragile et fugace.



j'ai longtemps suivi le blog d'Alain Truong, mais j'ai peur qu'il soit interrompu ?

il a en 2016 consacré un long billet à un troisième tableau : la "Madeleine repentante"

je le cite :

"La Madeleine repentante est la toile la plus ambitieuse de Cagnacci et est considérée à juste titre comme l'une de ses œuvres les plus importantes. D'une composition très théâtrale, la peinture s'appuie sur des sources littéraires contemporaines et sur des pièces religieuses inspirées de textes bibliques. La scène se déroule dans une grande salle, éclairée par une fenêtre à gauche et par une porte à droite ; les colonnes et la balustrade du balcon au-delà désignent la maison comme une résidence aristocratique. Un pot en terre cuite sur la balustrade contient un œillet dont les fleurs n'ont pas encore fleuri. La pièce est richement décorée, avec un sol carrelé, un tapis oriental et trois coussins en damas rouge et or. 

"L'événement représenté dans cet espace élégant est un épisode de la vie de Marie-Madeleine, la courtisane qui abandonne sa vie pécheresse et se convertit au christianisme, suite à sa rencontre avec le Christ dans le temple".

"Au centre de la composition, une Marie repentante est représentée sur le sol, ayant apparemment jeté ses vêtements luxueux et ses bijoux. Son visage est rougi par le remords et son corps est à peine recouvert d'un linge blanc. Ses affaires abandonnées sont éparpillées sur le sol autour d'elle, soigneusement "arrangées" par Cagnacci en une belle nature morte. Marthe, la sœur de Madeleine, l'a trouvée dans cet état. Vêtue simplement, Martha est assise sur un coussin, calmant Mary. Derrière eux, deux serviteurs quittent la pièce après avoir assisté à la scène d'émotion de leur maîtresse".

"Cagnacci a inclus deux figures allégoriques à gauche. Un ange debout, ses cheveux soufflés par le même vent divin qui ébouriffe ses ailes, bannit avec sa lance un diable en lévitation, avec des cornes et une queue, qui se dirige vers la fenêtre alors qu'il fuit la pièce. Les figures combattantes représentent la vertu et le vice alors qu'elles se battent pour l'âme de Marie au moment où elle choisit d'embrasser sa nouvelle vie chrétienne vertueuse.

"La Madeleine repentante a probablement été peinte au début des années 1660 à Vienne pour l'empereur Léopold Ier. En 1660-1661, Cagnacci écrivit à Francesco Gionima, son élève et assistant à Venise, expliquant qu'il ne lui était plus possible de visiter ce printemps, comme il l'avait prévu : « Je ne peux plus venir [à Venise] après Pâques, parce que Sa Majesté Impériale m'a demandé de promettre de lui faire un tableau de Sainte Marie-Madeleine repentante, avec quatre personnages en pied"

"L'une des critiques les plus courantes de Cagnacci dans les cercles artistiques vénitiens était qu'il n'était capable de peindre que des figures individuelles, à mi-corps. (Alors qu'il était à Venise et à Vienne, il avait, en fait, produit un grand nombre de ces peintures, dont Cléopâtre, maintenant à la Pinacothèque de Brera à Milan, l'une de ses œuvres les plus connues en Italie.) Plusieurs des contemporains de Cagnacci, le peintre Pietro Liberi et le critique d'art Marco Boschini, entre autres, avaient violemment condamné son travail, et le déménagement de l'artiste à Vienne était peut-être une réponse à l'accueil hostile de sa production à Venise. 

"Cagnacci, dans sa lettre à Gionima, décrit ses plans pour les personnages en pied qu'il avait l'intention d'inclure dans la Madeleine repentante, remarquant avec un sarcasme amer « et parce que je ne peux pas peindre les pieds, ce serait mieux si Cavalier Liberi pouvait venir les peindre lui-même. Cette commande de l'Empereur était clairement une occasion importante pour Cagnacci de faire ses preuves. Avec sa Madeleine repentante, Cagnacci a non seulement démontré qu'il pouvait peindre des jambes et des pieds (et des chaussures), mais il a produit un chef-d'œuvre remarquable. Ce ne peut être un hasard si le peintre a choisi de signer ce tableau, dans le coin inférieur droit, comme GVIDVS CAGNACCIVS INVENTOR, soulignant l'ambition compositionnelle de l'œuvre".

Guido cagnacci n'est pas le seul à avoir fait se repentir Magdalena

Voici La Madeleine repentante de Simon Vouet réalisé en 1633-1634 et conservé au Musée de Picardie à Amien. Ce tableau représente notre Marie Madeleine, l'une des disciples de Jésus-Christ qui assista à sa Passion et fut le premier témoin de la Résurrection. La tradition chrétienne en fit une pécheresse, d'abord, puis une pénitente, qui se repent d'avoir péché !  Le thème de la Madeleine repentante fut abondamment représenté par les artistes du Moyen Âge à nos jours et l'une des figures favorites de la Contre-réforme.

Ce tableau fut intégré aux collections du Musée de Picardie par un don des frères Lavallard, en 1890. Une autre Madeleine repentante de l'artiste est conservée au Cleveland Museum of Art aux États-Unis.

Le personnage de Marie Madeleine, en buste et de profil a les épaules à demi dénudées, partiellement recouvertes de tissus blanc et orangé. La main droite appuyée sur un crucifix avec au bas un crâne contre lequel est posé un livre ouvert, sans doute la Bible.

Le crucifix, la Bible et le crâne évoquent la vie contemplative 

que peut-être nous devrions davantage mener ? 

Cependant, cette Madeleine repentante est une figure ambiguë, icône religieuse empreinte d'une certaine volupté, à la fois sensuelle et pudique, resplendissante de beauté. Selon certains auteurs, l'artiste a représenté Marie Madeleine sous les traits de sa première épouse italienne Virginia da Vezzo.

Vouet rompt ici avec les représentations dramatique d'une Marie Madeleine recluse, aux cheveux épars, les vêtements en lambeaux et nous donne à voir une femme empreinte de grâce et de méditation1.

 voilà ce que l'on aime chez marie Madeleine : certes, elle se repent

mais elle se repent parce qu'elle a péché :

la Vie sans péché 

ne serait pas vraiment drôle ! 

on eût attendu du Caravage davantage d'originalité ?

Voici une vue de l'une des salles de la Galerie Doria Pamphilj, avec notamment le Saint Jérôme de José de Ribera et la Marie-Madeleine repentante du Caravage.

elle n'est pas repentante, mais simplement pénitente
ni crâne, ni sablier
une carafe d'eau par terre sans verre
les bijoux ôtés sont abandonnés, dont le collier de perles cassé...
...pas drôle la pénitence !

enfin, il y a Veronèse



PS : https://babone5go2.blogspot.com/2018/12/marie-madeleine-au-louvre.html

D’après la tradition populaire, Marie Madeleine, son frère Lazare et sa sœur Marthe, embarquèrent après l’Ascension à bord d’une barque et accostèrent au large de Marseille. Ils prêchèrent alors l’Evangile dans toute la Provence. 

Puis Marie Madeleine décida de se retirer du monde pour faire pénitence et s’installa dans la grotte de la Sainte-Baume. C’est là qu’elle est représentée assise à même le sol, pauvre et misérable, simplement vêtue de ses cheveux, dans un décor dépouillé. La sainte médite devant la Bible et une tête de mort, un autre de ses attributs. Son repentir est rendu par son visage à l’expression intense, implorant, qui regarde vers le ciel. 

Marie Madeleine, si souvent nommée en première place parmi les femmes qui accompagnaient Jésus, incarne la fidélité aimante. Elle est l’une des saintes les plus populaires au XIXe siècle, car elle symbolise la pécheresse repentie et sanctifiée, auquel le commun des mortels peut s’identifier.