jeudi 23 février 2023

Jacques Garcia restaure le château de la Villette


la télé nous montre de nouveaux chatelains réparer leur château :

c'est la mode, pour ceux qui peuvent s'acheter une ruine ...

... mais l'argent, les copains bénévoles, les dons et autres subventions du loto ne suffisent pas !

il faut le talent... et l'art du décor

Jacques Garcia en est le maître ! 

Voyez le grand salon, avec ses lambris bleus, meublé de bassins en porcelaine du XVIIIè, et de meubles exquis et tout neufs comme le canapé-bleu-pour-deux ; la console ; les tapis ; les porte bougies ; le miroir sur la cheminée... quelle quantité d'objets de goût sur une simple photo ! 



la salle à manger assortie, autre canapé bleu, mêmes lambris bleus

À Condécourt, en lisière du Vexin, ce petit chef-d’oeuvre d’architecture d’époque Louis XIV apparaît dans sa symétrie pure. L’ensemble vient de retrouver sa splendeur perdue après six ans de travaux menés par le décorateur Jacques Garcia et l’architecte-paysagiste Pierre-André Lablaude.


Certains châteaux se dissimulent à l’abri de hauts murs ou dans un enclos d’arbres protecteurs. Pas Villette, qui se découvre au détour d’un virage, juste après avoir passé le village de Condécourt. Dans la perspective d’une allée bordée de parterres, il apparaît dans la minéralité de son architecture classique.

Le château de Villette aurait été conçu par le maître du genre, Jules Hardouin-Mansart. Rien n’est avéré, mais il se peut que son commanditaire, le sieur Jean Dyel, ait fait appel vers 1660 à François Mansart, puis à la disparition de celui-ci à son neveu, Jules Hardouin-Mansart, pour en concevoir les plans. La façade de pierre dorée s’impose dans sa belle rigueur devant la cime des arbres.


pour assortir, il faut un canapé de soie de damas rouge


Les topiaires, les haies, la cour d’honneur… tout est au cordeau, parfait, par la volonté d’un couple de Russes amoureux de la France qui a permis à Villette cette renaissance, comme en témoigne le beau livre publié chez Flammarion. "En rachetant les lieux en 2011, Irina et Sergei Bogdanov ont eu l’intelligence de comprendre l’endroit et la volonté de lui redonner son contenu intellectuel, celui d’un château d’époque Louis XIV qui a connu son apogée sous Louis XV", raconte Jacques Garcia, photographié avec les propriétaires dans la bibliothèque reconnaissable à ses panneaux peints, allégories des arts et lettres du XVIIIè siècle.


À l’issue d’une phase d’études de plus de deux ans, les travaux de gros oeuvre et d’aménagement sont lancés. Ils vont durer six ans. Si le plan d’origine du rez-de-chaussée est intact, il en va autrement du premier étage, où tout est à refaire. En trois siècles et demi d’histoire, Villette a connu une histoire plus que mouvementée.



La Villette est conçu comme une maison de plaisance, nouvelle tocade de la haute société, havre de tranquillité où l’on se reçoit à quelques heures de route de Paris. La pierre blonde utilisée seule dessine une façade tout en équilibre au centre de la cour d’honneur. 

Un perron à double volée mène au vestibule ovale qui est le coeur de la demeure, desservant un grand salon dans l’axe de la terrasse et des jardins et les pièces principales, salle à manger, bibliothèque, salon de musique et chambre. Et encore l’escalier de côté menant au premier étage réservé aux appartements des invités. La lumière survient de toute part grâce à la fluidité de ce plan à la symétrie quasi-parfaite.

Chaque propriétaire passe la main et façonne la propriété à son image

En 1715, Villette devient la propriété de Pierre Michel Cousin, procureur général du roi qui lui adjoint une chapelle et la grille d’honneur toujours en place, reconnaissable à son "C" entrelacé. La demeure passe ensuite à sa nièce, mariée au seigneur d’Ennery, secrétaire du roi auprès du parlement de Metz.

Entre 1746 et 1751, ce dernier entreprend d’importants travaux d’embellissement comme dans la salle à manger qui embrasse un fantastique style rocaille avec ses niches, ses vasques-fontaines et ses panneaux peints de chinoiseries dans un camaïeu de bleus. 

Des boiseries en bois de Hollande et des Vosges sont apposées dans les appartements et la bibliothèque. L’époque est aussi favorable aux jardins qui se structurent à l’arrière autour d’une pièce d’eau tel un miroir tandis qu’à l’avant, une allée de tilleuls de Hollande est plantée. 

La salle à manger et son fantastique décor de rocaille ajouté en 1747, le seul à avoir été préservé par les vicissitudes du temps. Surmontant l’une des vasques-fontaines en pierre de Conflans, le cartouche représente une scène au motif chinois, en vogue à l’époque. 

À la mort de Pierre Michel Cousin en 1750, le château revient à son neveu, François-Jacques de Grouchy, dont la fille Sophie va épouser le marquis de Condorcet, inspecteur général de la Monnaie. Le mariage est d’ailleurs célébré dans la chapelle le 28 décembre 1786 avec pour témoin du marié son ami le marquis de La Fayette. 

"Ce seront les beaux jours de Villette", raconte Jacques Garcia, évoquant le bouillonnement intellectuel qui précède le choc de 1789, lorsque Sophie et Nicolas de Condorcet tiennent salon et plaident pour un monde plus juste. 

La Révolution ne va pas prendre le cours espéré par Condorcet, bientôt arrêté et retrouvé mort dans sa cellule. Au cours du XIXe siècle, Villette est vendu à plusieurs reprises. L’une de ses propriétaires est Joséphine Fouché-d’Otrante, fille de Joseph Fouché, ministre de la Police sous le premier Empire. Un autre est le banquier Louis Luc, qui y installe le chauffage central.

Au début du XXe siècle, le jardin est repensé et s’adjoint une cascade dont certains éléments proviendraient du château de Saint-Ouen. En 1936, Renée Pernod, veuve de l’héritier de l’apéritif du même nom, l’acquiert à son tour. Son descendant Robert Gérard va le conserver jusqu’en 1998, veillant sur lui avec soin en dépit des accidents de l’histoire, comme les bombardements alliés d’août 1944 contre l’état-major allemand installé dans la place. 

Après la guerre, les jardins sont réaménagés avec l’aide du paysagiste Ferdinand Duprat, conseiller de nombreuses cours royales d’Europe. 

"Irina et Serge sont arrivés en sauveurs", s'exclame Jacques Garcia

Le XXIe siècle marque le début de la carrière cinématographique de Villette qui apparaît dans la version filmée de Da Vinci Code et la série Nicolas Le Floch. Il signe aussi le massacre d’une bonne partie des aménagements intérieurs décidés par la femme d’affaires américaine alors maîtresse des lieux. 

"Heureusement, Irina et Serge sont arrivés en sauveurs", s’exclame Jacques Garcia depuis la salle à manger parfaitement restaurée. Au premier étage, le décorateur a entièrement repensé les volumes en créant six suites meublées des achats des Bogdanov, familiers des salles des ventes européennes.


j'aime les biens proposés par Patrice Besse ...

... je préfère ceux décorés par Jacques Garcia

la suite concerne la clientèle internationale anglophile

nous sommes dans une dimension architecturale

où les prix de l'énergie ; de l'immobilier ; et des antiquités d'origine

ne comptent pas ...

... mais où prime la Beauté : je ne puis qu'admirer,

 béat et admiratif ...

... et feuilleter la richesse des livres :