Mes souvenirs d’Arles datent des
années 80 … quasi 40 ans ... avant aujourd’hui ! Tous les ans, les Assemblées
générales des propriétaires arrosants de Camargue, de la vallée des Baux, et du
Comtat se réunissaient, avec un protocole, un bureau des élus derrière l’estrade,
et les membres de l'Association dans la salle. Le Génie rural est l’expert qui sait, et présente
l’état des lieux, des travaux à entreprendre, leur coût, et leur conséquence
sur les taxes de l’année à venir. Pagan
pas est le principe général, et le reste dans l’esprit de tous : ne
pas augmenter les charges ; ne pas payer, c’est la base pour qui veut
faire des affaires : il faut pour que cela rapporte que ça coûte le moins
possible. Pagan pas, c’est du
provençal. Alors à un moment le Président, qui est un notable, élu pour sa
sagesse, son autorité, et sa gestion en bon père de famille,
annonce les décisions : il faut bien un berger au troupeau !
La salle est silencieuse : la
timidité des uns. La prudence des autres. Ne pas s’engager, ni parler en
public, freine la répartie. C’est là qu’intervient le « bramaïre ». On devine l’étymologie brame dans ce terme provençal. C'est presque brailler, en plus poli. Provençal donc occitan. Pas loin d’ici
dans les Hautes-Pyrénées existe la commune de « Bramevaque ». La salle est muette car elle attend le
représentant du peuple, son porte-parole : le bramaïre. D’abord il a un
organe (vocal) fort. Je veux dire une voix forte. C’est un tribun. Il n’a pas peur de
dire des conneries, et il en dit, à haute voix qui porte sans besoin de micro.
Les uns et les autres l’ont chauffé au café avant l’assemblée, et il est
porteur de messages. Mandaté. A la fin de l’assemblée générale, il se lève,
dans le silence retenu qui précède la tempête. Et, investi de la force de tous,
il se lève et dit ce préambule : « Monsieur
le Président, messieurs les membres du bureau, Monsieur le représentant du
Génie Rural (c’est moi) je vais vous dire quelque chose ». En détachant les syllabes. Avé l'assen !
Et il prononce un discours improvisé, où rien ne va
de ce qui a été décidé. Qu’il faut en faire le moins possible. Et que de toute
manière personne n’a l’intention de payer. Parce que de l’argent y en a pas.
Que les décideurs sont nuls ou intéressés ou n’ont pas le sens du prix des
choses. Et que si la salle est muette, ce n’est pas qu’elle est d’accord, lui
parle au nom de tous les muets, qui refusent de payer, pagan pas». Applaudissements... très longs !
Silence général.
Silence pesant. Une armée d’anges passe.
Alors le Président,
puisqu’il faut bien conclure, a ce mot :
« Mesdames et
Messieurs l’assemblée générale est levée,
on fait comme on a dit ».
,
Paroles bien banales, mais d’une
efficacité réelle, puisque chacun repart convaincu d’avoir vu sa revendication vivement
présentée aux membres du bureau, pères de famille et notables assommés par ce discours de révolte, d’avoir été
écouté, et même entendu.
Et d’avoir
rendez-vous à l’an qué ven !
Comme je n’ai pas été invité au
Grand Palais, j’ai suivi en partie le compte rendu du Premier Ministre à la
télé. J’ai pris des notes. On se souvient que Pierre Moscovici en 2002 avait
déjà constaté le trop d’impôts dans notre doux pays. Même constat, la situation
se serait même dégradée. « La tolérance fiscale zéro » dit Edouard
Philippe. « Une immense exaspération fiscale » disent les autres.
C’est le premier constat des
millions d’interventions des intervenants, qui ne sont pas si représentatifs que
cela, commente malicieusement notre expert Jérome Fourquet, célèbre depuis la sortie de son livre l’Archipel Français,
puisque ce sont en majorité des urbains sans besoin de voiture qui se seraient exprimés,
même qu’ils seraient des partisans du Président ajoute-t-il !
Trop d’impôts
tuant l’impôt, il faut diminuer l’impôt
tout en améliorant l'efficacité d'un Etat devenu illisible !
C’est là que cela devient drôle :
si l’on veut diminuer l’impôt, ça coûte cher, très cher : la progressivité
prévue de l’impôt sur le revenu par exemple coûte déjà 1 milliard. Il s’ajoute à la suppression de la
taxe d’habitation qui en coûte onze, tellement qu’on l’a gardée, la taxe d'habitation, pour les 20%
les plus aisés, et qu’on ne promet de leur supprimer qu’en 2022, au moment où le
futur Président sera bien obligé de la maintenir, toujours pour les fameux 20%
dits riches ! Comment diminuer les impôts sans en créer d’autres, c’est
toute la question ?
Oui, quand on demande : « où
donc va-t-on faire des économies ? », tout le monde vous répond : « on
ne peut pas faire d’économies, dites-moi quels services vous supprimez » !
En effet, la suppression du Sénat n’économise que des broutilles, pareil pour
le Comité Economique et Social. Pareil pour le nombre de députés et d’élus de
toutes sortes, Conseillers départementaux doublés par la parité ; conseillers régionaux,
syndicats mixtes et communautés de communes, tout le monde est
in-dis-pen-sable, surtout que le Peuple pourtant informatisé réclame des ser-vi-ces-de-pro-xi-mi-té !
souvenez-vous de ces chiffres :
Je vous le dis :
impossible de faire des économies dans les dépenses publiques,
on est déjà à l’os !
Un exemple entre mille : le
Grand débat a coûté 12 millions, et encore c’est un prix d’ami !
Je suis un grand naïf :
mais où sont les coûts ? Oui, le Grand Palais, j’imagine qu’il se loue ?
On a donc loué le grand Palais. Mais les réunions locales, c’était donc payant ?
Les réunions de Maires, on leur a payé les frais de déplacement ? Le
Président, ses déplacements, ont du coûter de l’essence ; des forces de
police ? J’aimerais que l’on me détaille ce coût, encore un coût minime de
plus qui en exaspère plus d’un ! On me répond : « la démocratie
a un coût, qui est celui de la démocratie ».
Circulez y a rien à
voir, une fois de plus !
Le Président, monarque républicain, prend son temps pour conclure !
C'est comme si on nous racontait l'oeil du cyclone
la mer se calme. L'orage est passé... apparemment !
alors qu'il gronde tout autour !
J'ai peur, nous avons peur, terriblement peur, qu'il nous annonce...
... on ne sait plus quelle taxe nouvelle, ce ne serait pas un "impôt"
mais une "contribution", une "participation", un "don volontaire"
comme pour le SIDAction
l'action pour des recettes nouvelles
pour des dépenses nouvelles
.../...
tant pis ?
Raymond Barre reviens ! |