mercredi 29 octobre 2014

L’Etat expert


l’Etat démocrate

Cela fait deux billets que je consacre à Sivens. Je trouve ce sujet illustrant de deux problèmes dont l’absence de solution « enfume » la vie publique de notre cher Pays.

J’en vois au moins deux :

1-l’Etat (qu’il faudra bien réformer coute que coute pour le recentrer sur ses missions basiques), a plusieurs fonctions essentielles. L’une d’entre elles, il faudra bien en reparler un jour, est de pouvoir être l’arbitre des grands choix du Pays. L’affaire Sivens le montre : constitue-t-on des projets d’avenir quels qu’ils soient sur de véritables arguments , ou seulement sur de belles idées, fussent-elles généreuses ? On adore chez nous faire le bonheur de nos concitoyens sans trop les y associer, avec l’argent public des mêmes concitoyens. Il faut muscler davantage les projets. Les évaluer.

Promouvoir l’efficience, qui mène à l’excellence.

L’Etat doit disposer de ses propres experts

Comme j’ai fait référence à mes collègues (en activité) du Conseil Général de l’Environnement et du développement durable (après tout, ils sont les experts de l’Etat) voilà ce qu’ils souhaitent sur la capacité d’expertise qui guiderait les décisions publiques.


S’agissant d’un domaine stratégique et en pleine actualité, les Systèmes d’information (que l’on nomme à tort en simplifiant « informatique », voilà ce qu’ils disent : l’indépendance d’un Pays tel que le nôtre s’agissant d’internet et tout ce qui tourne autour, ne peut se faire si on ne dispose pas d’experts-Etat :



2-L’Etat démocrate a chez nous quelques problèmes à résoudre : ce n’est pas moi qui m’exprime, mais nos amis Suisses, accoutumés à soumettre au référendum local la plupart de leurs projets intéressant la vie publique.

En caricaturant, ils nous voient comme un Pays pratiquant des élections permanentes. Sauf que les candidats promettent, des choses qu’ils ne réaliseront pas. Le citoyen méfiant ne supporte plus ce système, s’abstient, et se met en retrait. Telle collectivité va promouvoir un projet agricole passant par un barrage ? D’abord on ne dit rien : c’est trop compliqué de trouver les arguments pertinents. On s’inquiète de tel ou tel sujet ? On vous répond par des arguments trop simples du style : -« faites confiance : on fait votre bonheur, on sait, on a tout étudié, on est légitime,  vous verrez bien ».



On nourrit indirectement une contestation silencieuse, qui se trouve renforcée aujourd’hui par des cohortes actives, les ALTER, proposant un autre modèle de société. Ils se trouvent appuyés de toute façon par tel ou tel mouvement ayant pignon sur rue, les écologistes, à défaut d’être écologues. Ils s’en font le bras armé, même si on ne leur a pas demandé. Ils me rappellent nos amis corses qui faisaient exploser les résidences secondaires (construites sans permis de construire), soutenus par une majorité silencieuse bien contente que quelqu’un fasse appliquer la Loi.

Et quand un projet pas assez approfondi, bâti davantage sur une stratégie politique que sur des arguments objectifs, qui a passé les étapes légales des enquêtes démocratiques, finit par s’inscrire sur le terrain, en coupant les arbres et en amenant le béton, ne reste plus aux contestataires (dont le job reste l’unique contestation), que la violence.

Et quand les CRS deviennent le seul argument sur le terrain pour promouvoir un projet de société mal étoffé, c’est violence contre violence.

On ne peut continuer ainsi à mal défendre, auprès des citoyens,  les grands projets publics.

Il nous faut associer encore (davantage) les bénéficiaires

des projets conçus pour eux

la méthode suisse n'est pas si bête ?


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