Je reprends un article « Cher patrimoine » d'Anthony
Palou dans sa rubrique « bien
vu » du Figaro publié au début du mois : il plaisante un
peu, tout en s’en félicitant, de l’initiative du Président confiant à Stéphane
Bern le lancement d’un financement supplémentaire (du moins on l’espère ?)
du Patrimoine grâce à un loto spécial. Les heureux gagnants recevront
1,5 millions d’Euros, pour un chiffre d’affaire estimé à 15 millions ! On
voit que ce ne sont pas ces gagnants qui gagnent le plus : le billet coûtera
15 Euros, sur lesquels seuls 10% reviendront au Patrimoine : que de
prélèvements publics …et privés puisque les buralistes préposés à la vente des
billets toucheront leur part… ainsi que ceux qui toucheront les billets gagnants (on
s’y perd dans tous ces gagnants mais c’est le principe même du loto). Bizarre
d’avoir confié aux Américains l’impression des billets, on ne pouvait pas
savoir à l’époque que Trump allait créer des droits de douane sur l’acier et
l’aluminium, et qu’on allait rétorquer en taxant les Harley Davidson.
Voici la carte des 18 plus
grosses opérations, sympathiquement réparties sur l’hexagone continental, les îles lointaines dont la Corse incluses.
J’y trouve l’aqueduc romain du Gier qui alimentait Lyon, et qui ressemble un
peu aux aqueducs parcourant la ville de Tarragone. Ouf, on n’oublie ni nos
ascendances gallo-romaines, ni nos racines chrétiennes avec le couvent de St-François à
Pino, et tout le monde sera content. Nous, on a l’hôtel de Polignac à Condom.
Tarragonne : carrer de l'escultor Verderol |
Ici il est question de patrimoine immobilier, d'architecture. Un autre domaine des Arts est bien plus simple à préserver, la peinture. La chaîne "Histoire" évoque la période baroque, par l’intermédiaire de
Waldemar Januszczak : plein XVIIIè. Je voudrais vous montrer quelques exemples de Rococo, avec des noms aussi illustres
que Watteau ; Boucher ; Fragonard ; Tiepolo et
Gainsborough.
Voici le tableau de ce dernier,
où il a peint ses deux filles : Mary et Margaret. Mary a été baptisée le 3 février 1750, et Margaret a été baptisée le 22 août
1751. Elles chassent les papillons, à la main, la sœur prête à assommer sa
prise avec son foulard. Je zoome naturellement, et le grossissement permet d'identifier une piéride
du chou, Pieris brassicae. Les taches noires désignent une femelle ! Le
titre : « Gainsborough’s
Daughters chasing a Butterfly ».
Second exemple : « Les Hasards heureux de l'escarpolette » est une scène
galante peinte par Jean Honoré Fragonard entre 1767 et 1769.
La toile a été commandée d'abord
à Gabriel-François Doyen par François-David Bollioud de Saint-Julien
(1713-1788), baron d'Argental et receveur général du Clergé, en ces termes : « Je désirerais que vous peignissiez madame
[en montrant sa maîtresse] sur une escarpolette qu'un évêque mettrait en branle ».
J’imagine que chaque mot a été choisi avec soin pour faire mouche ? Choqué
qu'on s'adresse à lui pour un tel sujet, Doyen orienta le commanditaire vers
Fragonard. Ce côté anticlérical fit hésiter ce dernier, qui craignit
d'éventuelles conséquences pour sa carrière et convainquit son client de
remplacer l'évêque par un mari (cocu). « Vous
me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette
belle enfant, et mieux même si vous voulez égayer davantage votre tableau.
». Il faut tout regarder en détail, y compris le baron qui s’est placé pile
dans l’axe (de la balançoire) et est donc le seul à pouvoir voir « mieux »
(ce qui ne saurait être vu par les
profanes et deviendra plus tard le centre
du monde).
Troisième tableau, celui de
Boucher : comme la dame a ôté sa toilette XVIIIè, impossible de repérer
l’époque rococo à ses vêtements d’époque : par contre, l’anatomie de cette
personne me semble tout à fait contemporaine, ou plutôt elle est ... intemporelle !
je vous laisse vous faire votre propre opinion…
sujets passionnants, le Patrimoine
...le rococo...
...le rococo...
ils valaient bien un Loto !