dimanche 21 décembre 2014

Retirez donc cette crèche…


… de l’espace public !

Pourquoi cette gêne (cette haine ?) des crèches ? Pourquoi donc cantonner la crèche à un symbole religieux : il serait à ce point ostensible, ce symbole, qu’on ne saurait le présenter dans un espace public, où il offenserait la laïcité ?

Ah bon ?

Je n’ai décidément rien compris : la laïcité évite soigneusement le mélange de la loi (républicaine) et de la règle religieuse. O.K. La laïcité, est donc la liberté de penser.  Tout en respectant celle de l’autre, et en respectant la loi tout court, y compris celle qui nous permet le vivre ensemble dans notre société civile : ne pas tuer ; voler ; mentir ; convoiter la femme du voisin, etc …J’ai déjà énuméré ainsi une grande part de ce qui me semble constituer la morale Laïque, dont Vincent Peillon ne nous a toujours pas laissé le contrat écrit ni formalisé, dommage !

J’avais déjà vu, tout enfant, dans la crèche le symbole de vertus humaines qui n’avaient pas grand-chose à faire avec la Religion :

La fable, si c’est une fable, parlait de parents plutôt pauvres, puisqu’en l’absence du moindre RSA ou d’allocations familiales ils n’avaient pas de revenus minimaux. A l’époque il s’agissait de deniers, l’Euro pas encore inventé. Peu importe ! Dans mes souvenirs, un prophète (rien de vraiment religieux là-dedans) annonce l’arrivée (la naissance) d’un Sauveur. On n’appelait pas à l’époque « Sauveur » le prochain Président de la République comme on le fait maintenant. On croyait à quelqu’un d’inspiré, qui virerait l’occupant de l’époque plus ou moins romain, puisqu’on vivait sous la dictature de mecs pas toujours « catholiques » (humour). La preuve : le tyran de l’époque exige qu’on égorge tous les nouveau-nés, avouez qu’il s’agit d’une pratique de gouvernement plutôt barbare !

Donc il n’est pas illégitime qu’une famille fuie ces pratiques. On nomme ces gens aujourd'hui "réfugiés politiques". Sans autoroutes ni voitures même roulant au diesel, la famille dispose d’un simple âne, et fuit donc à dos d’âne, dans le simple but de protéger l’enfant qui va naître.










Je ne vois toujours rien de religieux là-dedans : le mec est artisan-charpentier, un espèce d'auto-entrepreneur. La meuf est sans emploi. Pas de carte d’identité, de carte de Sécu, ils ne doivent pas grand-chose à l’Etat de l’époque, et ils fuient, lui laisse son modeste atelier en plan, après tout, qu’ils se débrouillent !


Comme c’est la période du solstice, (à moins qu’il s’agisse de tout autre motif que j’ai oublié), les hôtels (peut-on parler d’hôtels à l’époque ?) sont bondés. Ils n’auraient de toute façon pas pu s’en payer aucun. Donc ils frappent à la porte de l’habitant du coin, qui naturellement les vire, craignant de plus les représailles de l’armée du tyran, vu que la meuf parait enceinte. On imagine le voyage à dos d’âne, ça secoue ! Pas de clinique non plus, la maman n’est pas bien exigeante sur les modalités de son prochain accouchement. Pas question d’une césarienne, vous voyez ?


En 1942, une Dame (elle mérite un D majuscule) recueille un enfant juif de trois ans. Il en a soixante-dix aujourd’hui, et on va (à titre posthume on a donc pris le temps) lui remettre (à sa nièce) la médaille des Justes, qui est la plus haute décoration de l’Etat d’Israël. Dimanche 18 janvier prochain. Je m’occupe de tout organiser. Bon. Je veux simplement dire qu’à l’époque déjà, il existe des Justes même si la décoration n’a pas été inventée, et qu’un simple agriculteur, ou éleveur, il est modeste et ne bénéficie d’aucune aide européenne ou locale. Bref, il possède une étable (mal foutue). Il a pitié, peut-être veut-il simplement loger l’âne (?). Il ou elle (on n’en parle pas dans la fable, personne ne l’a jamais remercié même félicité, faut dire qu’il n’a pas accompli d’exploit non plus) accueille la famille, dans la dite étable : sur la paille, où un bœuf est attaché devant sa mangeoire.


Le symbole est qu’on accueille deux humains comme des animaux, bonjour le privilège qui leur est concédé. Le toit de paille est plus ou moins crevé, et on voit le ciel étoilé à travers. Bon ! La seule chose qui précise le climat, c’est qu’en Palestine (c’est là que ça se passe) il n’y a pas de neige. Cela n’empêche pas les nuits d’être glaciales.

L’âne est attaché à côté du boeuf. Ils sont frugaux, heureusement, pas grande alimentation dans l’auge (on n’a pas inventé les concentrés importés encore moins les OGM).  Les deux animaux (comme je m’en souviens dans les chalets des Hautes-Alpes) réchauffent l’atmosphère plutôt frigorifiée (il n’existe aucun chauffage central, et à l’époque on ne consomme ni pétrole, ni gaz fossiles, l’énergie renouvelable étant fournie par la chaleur animale. On a vécu comme cela dans le Sud-Ouest au XIXè siècle chez nos arrière-grand parents notamment et il en existe toujours des carte-postales).

Pas de médecin. Pas de sage-femme. Le mec se nomme Joseph, il aide sa femme à accoucher. On est sûr qu’il n’y avait pas d’eau courante dans l’étable, on espère que Joseph a trouvé de quoi remplir son outre, fabriquée dans une panse de chèvre, dans un puits voisin, mais le confort était spartiate. Bonjour l’hygiène !

Voilà l’histoire : toujours rien de religieux là-dedans.

Par contre, les enseignements sont déjà multiples : des gens modestes (si ce n’est pauvres) fuient les persécutions. Tout le monde les rejette, sauf un Juste si l’on peut lui donner ce nom, qui les accueille a minima. Déjà on se félicite qu’il existe l’accueil de l’étranger, considéré comme une vertu à l’époque où recevoir ce qu’on nomme aujourd’hui un immigré respectait un code d’honneur : on lui réservait une place à table. On le restaurait. On lui faisait reprendre des forces. Ici, on le colle avec le bœuf. Mieux que rien.

Je nomme cela de l’altruisme. De la bonté. L’intérêt pour l’autre. Le partage, et la solidarité, je ne vois toujours rien de religieux là-dedans.

Pour moi la crèche est le souvenir depuis 2000 ans des plus belles vertus humaines, à moins que ce soit les minimales,  je ne comprends pas pourquoi on se priverait de les rappeler y compris dans l’espace public.

Ah oui ?

Le bébé n’est pas un bébé ordinaire ? La prophétie s’est bien réalisée. Le bébé aurait été (on en doute aujourd’hui) le fils de Dieu fait homme ?

Alors oui, commence là la légende religieuse. Le bébé va devenir savant. Il va devenir homme adulte. Il vit plutôt comme un hippie que comme un banquier. Il n’a toujours pas de bagnole, et n’a pas de défauts dont la liste nous soit parvenue. Il aurait eu une aventure amoureuse avec une ex-prostituée, je ne vois pas le mal là-dedans ! Il aurait prêché les commandements de Moïse dont les habituels : ne pas tuer son prochain. Voler, mentir, faire des promesses électorales qu’on ne peut pas tenir … etc … Son seul péché a été de se faire prendre pour un brigand, et de se faire tuer sur une croix, après avoir été torturé, servant ainsi de bouc émissaire à l’occupant romain le jetant en pâture aux occupés qui n’avaient pas eu le courage d’entrer en résistance. Il parait qu'il l'aurait fait exprès pour montrer l'exemple, se sacrifier pour les autres ! Résistant, c’était un résistant, qui prêchait la tolérance et l’amour du prochain.

Ah oui ! Il y a problème. On dit qu’il serait « ressuscité des morts ». Qu’il serait « monté au ciel, assis à la droite de Dieu ». Ah oui, cela accrédite l’hypothèse (contestée par la Science) qu’il existerait un Dieu (impossible, tous les dirigeants du Monde depuis ont prétendu que c’étaient eux les Dieux). Qu’on ressusciterait tous le jour du Jugement dernier ? Qu’on aurait une âme ? Eternelle ? C’est sans doute peu crédible en effet. Ca ne dérange pas non plus grand monde. Ca prêche au contraire l’amour du prochain. Ca ne devrait pas déranger grand monde !


Je le concède : c’est très gênant en effet, cela doit rester une croyance religieuse. Bon ! Cela n’enlève rien à tout ce qui précède, des valeurs humaines que représente ce que Lelouch appelle dans un de ses premiers films : « la belle histoire ».

Il faudrait se méfier de ces valeurs humanistes, et surtout ne pas en faire état dans l’espace public ?

Pourquoi pas, en présentant ici ou ailleurs  une simple étable (mal foutue),

  les montrer comme les valeurs qui justement, font de nous des hommes ?

La crèche commémore  l’accueil du pauvre.

elle symbolise (pour quelque temps encore ?) chez nous

l'accueil des bébés


La laïcité devrait s’en offusquer ?

il est vrai qu'un émir du Quatar vienne adorer un bébé dans une étable mal foutue :
incroyable non ?

Merci Jacques de nous avoir donné ses coordonnées, et joyeux Noël !