Nous avons quitté les deux Jean à St Bertrand, mais leurs sculpteurs eux, ont voyagé à travers toute la France. Sans doute est-ce eux qui se sont rendus à la chapelle
Notre Dame de Polignan, aujourd'hui adossée au lycée technique Paul Mathou de Gourdan, pour en sculpter la porte Nord ?
Selon la légende, un paysan ayant remarqué que
son bœuf le plus gras, qui était pourtant celui qui avait le moins d'appétit,
se rendait tous les jours dans le même buisson de ronce, découvrit la statue de
la Vierge noire. La sculpture fut placée sur l'autel de l'église du village
mais, pendant, la nuit, elle retourna parmi les ronces. Rapportée à l'église et
enchaînée à l'autel, elle reviendra malgré tout sur les lieux de sa découverte.
Concluant que la Vierge souhaitait être honorée à cet endroit, les villageois y
construiront la chapelle Notre Dame de Polignan afin d'abriter la statue. Oui, aujourd'hui, Gourdan et Polignan sont fusionnées, et l'on dit : Gourdan-Polignan !
Voici la Vierge noire, qui serait une copie, l'original ayant été acheté parait-il par un particulier avisé, lors d'une vente aux enchères ? Ce n'est pas notre sujet de ce jour, même si la vierge figure sur les fresques peintes à l'intérieur, en 17 tableaux sympa qui retracent sa vie.
Non, le joyau principal est le portail en bois
sculpté de style Renaissance, qui pourrait avoir été réalisé par les maitres de St Bertrand.
Au-dessus du portail de la chapelle, deux
pierres avec les inscriptions gravées suivantes : la première date de la reconstruction de la chapelle
au XVIe siècle, deux croix entourent le
monogramme IHS (Jésus en grec), et le monogramme Marial composé
des lettres A et M entrelacées, initiales de l’Ave Maria.
La seconde
pierre au-dessus a été ajoutée au XVIIe siècle, avec le message en ancien français daté de 1613
ː Ici est la maison de Dieu et la porte du ciel, les justes y entreront. Encore faut-il avoir la clé, c'est à dire lors des journées du patrimoine... 2020 ! Vous savez (ou non) que l'on désigne la vierge comme celle qui intercède auprès de son fils pour accéder au ciel, du moins pour ceux qui ayant atteint à peine la moyenne à l'examen du Jugement dernier, sont contraints à un oral de rattrapage ? Eh bien, ils intercèdent auprès de la Vierge, réputée pour son indulgence, et qui joue dans ce cas le rôle de "porte du ciel".
De gauche à droite, voici St Vincent, patron de Gourdan. Vous connaissez le trait d'humour ? Vincent de Saragosse, vin-sang, patron des vignerons, un calice de vin à la main ; puis Marie tenant l'enfant Jésus. Puis le Christ dit "aux outrages", humilié, menottes aux poignets, un roseau dans la main. Enfin celui que nous sommes venus chercher, st Jean l'évangéliste, il tient l'évangile de la main gauche, et l'aigle malheureusement abîmé est au-dessus de lui.
Des écussons sont en-dessous : on dit, "bûchés", les lions de Jean de Mauléon, mais je ne veux pas prendre mes désirs pour des réalités, et vous laisse juges :
Nos sculpteurs-imagiers de st Bertrand ne seraient pas des Maîtres véritables si, cantonnés aux Pyrénées et au Comminges, ils n'étaient pas "venus de Paris" !
on pense (ils n'ont pas laissé de signature) que oui : c'étaient des Italiens appelés d'abord à Rouen, puis descendus de Paris...
...enfin pas loin : de Gaillon
tout ce qui est beau est souvent à Paris... ou presque... !
Stupéfiant comme le patrimoine se déplace ! Nous sommes maintenant, par la magie de l'Histoire, dans la prestigieuse église abbatiale Saint-Denis. Ces stalles proviennent du château de Gaillon, en Normandie (1). Exécutées en 1509, quelque 25 ans avant celles de St Bertrand de Comminges, elles ont été déménagées par Viollet le Duc au 19è. Destinées à la chapelle de l'archevêque de Rouen, je parle du cardinal Georges d'Amboise (né en 1460-mort en 1510, un an après l'achèvement de ses stalles), elles ont été réalisées par des artistes italiens... pour son château, le château Renaissance de Gaillon, un château complet, logis et jardin : attendez ! il est le principal ministre de Louis XII ! Il précède de quelques années Jean de Mauléon dans le faste ! Son château est fastueux !
Quand on voit ces cartes postales (Delcampe-m'a-sauvé) on trouve un air de ressemblance !
Là où la photo change tout, aujourd'hui, on peut trouver sur internet la photo d'un confrère, qui a pu venir sur place avant la grève des transports, c'est que voici de superbes vues en couleurs...
... et elles changent tout :
la technique est identique, et les figures des Sybilles, les mêmes qu'à st Bertrand,
sont disposées dans le même décor au pavé mosaïque !
les artistes italiens sont-ils partis de Gaillon,
pour venir quelques années plus tard,
à St Bertrand ?
et voilà pourquoi on retrouverait Ste Geneviève, patronne de Paris, à St Bertrand, à côté de la vierge à droite ? |
PS (1) : le château de Gaillon en CP
PS (2) : le fil d'Ariane partant de St Bertrand nous a emmené très loin !
http://babone5go2.blogspot.com/2020/01/epiphanie-st-bertrand.html
PS (2) : le fil d'Ariane partant de St Bertrand nous a emmené très loin !
http://babone5go2.blogspot.com/2020/01/epiphanie-st-bertrand.html
c'est fou n'est-ce pas... mais cela ne fait que 15 billets...
sur 365 au cours de l'année 2019 !