dimanche 14 septembre 2014

Vénus genitrix


Pas mal la mère aussi… !


On l’appelle aussi Vénus « de Fréjus », sauf que l’on ne trouve pas de trace certaine de sa découverte à cet endroit, et qu’on l’aurait trouvée à Naples. Voilà pourquoi précédemment j’ai annoncé qu’on n’avait trouvé que deux Vénus en France ! En tous cas, il y en a une au Louvre. Et une autre (sans tête) au Metropolitan Museum. Vous allez voir, j’en ai trouvé une troisième à vendre aux enchères (mais trop tard, je n’aurais pu l’acquérir, elle valait 500.000 Euros (plus vingt pour cent…).

Voici la note tirée du livre de A.Pasquier sur les Aphrodites du Louvre : « Fleuron de la collection d'antiques de Louis XIV, cette oeuvre est l'une des plus remarquables répliques romaines d'un bronze grec créé par Callimaque à la fin du Ve siècle av. J.-C. Soucieux d'affirmer leur filiation avec la déesse, les Romains baptisent cette Aphrodite "Vénus Génitrix", la mère en latin. Elle apparaît, sensuelle et humaine, dans une nudité magnifiée par le drapé.

D'une main elle tient un pan de son vêtement, qui révèle sa nudité plus qu'il ne la cache. De l'autre, elle tient la pomme de Pâris, qui a proclamé son éclatante beauté. Cet attribut est une restauration moderne, mais il s'accorde avec de nombreuses répliques antiques de petites dimensions, en terre cuite et en bronze. Comme vous l’imaginez, impossible de ne pas vous monter le Jugement de Pâris, la mosaïque du Louvre d’abord ; celle de Séville ensuite ; la sculpture de Renoir enfin.

























































Evidemment je cherche le bronze d’origine : le voici, notamment celui du British Museum, forcément les trouvailles antiques sont réparties dans les grands musées de la planète.



















L'oeuvre est un manifeste du style maniériste qui se développe dans la sculpture classique à Athènes, à la fin du Ve siècle. Callimaque donne grâce et austérité au visage qui garde le souvenir de Phidias. De Polyclète, il retient la pondération inventée au milieu du siècle, le contrapposto, basée sur l'inclinaison inversée des épaules et des hanches. Le dévoilement de l'épaule et du sein gauches magnifie la sensualité des courbes de la déesse qui affleure sous la tunique. Le drapé mouillé, par des effets de surface d'une grande virtuosité, révèle la nudité sous-jacente plus qu'il ne la cache.



















La fin du Ve siècle est marquée par les horreurs de la guerre du Péloponnèse, véritable crise de conscience de la société athénienne. Une sensibilité nouvelle apparaît cependant pour la femme : en littérature, avec les héroïnes d'Euripide ou le féminisme comique d'Aristophane ; dans les arts plastiques, avec le style fleuri de la céramique ou la sensualité des statues d'Aphrodite se dévoilant ».

Je n’aurais pu inventer myself des propos aussi bien sentis. Bravo le commentaire !

Je change de point de vue : voyons les enchères !


Pierre Bergé, lot 341 samedi 17 janvier 2009

A vendre ! une Vénus ! attendez, elle est toute petite : 69 cm ! Trop tard…elle est vendue !

Je cite textuellement la description :

« VÉNUS GÉNITRIX. Exceptionnelle statue représentant Aphrodite debout, gracieusement déhanchée, en contrapposto conçu sur l'inclinaison inversée des épaules et des hanches (ah, on retrouve le commentaire de tout à l’heure !) ; la jambe droite est en léger retrait. Elle retient de la main droite, un pan de son vêtement ; de l'autre elle tient la pomme de Pâris qui a proclamé son éclatante beauté. Le dévoilement de l'épaule et du sein gauches magnifie la sensualité des courbes de la déesse affleurant sous la tunique au drapé mouillé, révélant une nudité sous-jacente plus qu'elle ne la cache ; tous les plis convergent vers le triangle de son sexe… (ça, c’est pour séduire l’acquéreur naturellement, et faire passer la pilule des frais supplémentaires qui feront 100.000 Euros quand-même !)

La tête, gracieusement inclinée vers la gauche, présente une coiffure composée de longues mèches ondulées séparées par une raie médiane, tirées à l'arrière, et ceintes d'un ruban. Marbre de Paros. Lacunes visibles, cassures au niveau du cou, de la retombée du manteau et de la base, très belle conservation. Art Romain, Ier siècle, d'après un modèle grec du Ve siècle av. J.-C.

L'oeuvre présentée ici est une réplique fidèle de l'Aphrodite Génitrix, en bronze, due au ciseau du maître athénien Callimaque, vers 400av. J.-C. L'artiste, créateur du chapiteau corinthien, (tiens, ça c’est nouveau, il se baladait dans la campagne, et a vu une feuille d’acanthe ; Inspiré, il a décidé de l’incorporer dans un chapiteau, et a créé le fameux ordre (corinthien)),  a su donner grâce et austérité au visage de la déesse qui garde le souvenir de Phidias, et a retenu le contrapposto polyclétien, inventé au milieu du Ve siècle. La statue était tellement admirée, qu'en 48 av J.-C, Jules César, avant la bataille de Pharsale contre Pompée, fera le voeu d'éléver un temple à Vénus Génitrix, avec une statue de la déesse réinterprétée par Arcesilaus, dont il prétendait descendre par l'intermédiaire d'Énée, fils de la déesse. Ce temple est encore visible au sein du Forum romain.

l'Aphrodite du British Museum


















Quelques statues conservées témoignent de la grande renommée du chef-d'oeuvre de Callimaque ; la plus célèbre est celle du musée du Louvre, fleuron de la collection d'antiques de Louis XIV. (c’est celle présentée plus haut). Le dénuement du sein gauche et la nudité sous-jacente sous le drapé mouillé, sont dans l'art grec, un premier pas vers le dévoilement de la femme que les artistes n'oseront vraiment qu'au siècle suivant avec Praxitèle.

Provenance : collection particulière (Paris), acquis en 1999 (galerie Serres). Ancienne collection particulière (Paris), 1950-1999. Ancienne collection W. de Gruneisen, représentant à Rome de l'Institut Archéologique Impériale Nicolas II,1925. Publication : W. de Gruneisen, "Art classique", Paris, 1925, p.20, pl.XIV, XV, XVI. »

Quand on cherche une Vénus,

on finit par en trouver un certain nombre !

je vous ai donné le prix pour 69 cm

faites le calcul pour 174cm !


(quoique à mon avis, l’exemplaire du Louvre n’ait pas de prix !)