tournant : les races locales sont réhabilitées avec Fine, race pie-noire bretonne |
Qui sait inventer l’agriculture de demain ?
et qui sait en parler ?
René Dumont, né le 13 mars 1904 à
Cambrai, et mort le 18 juin 2001 à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) était Ingénieur
agronome, connu pour son combat pour le développement rural des pays pauvres et
son engagement écologiste. Il est le premier candidat à s'être présenté sous
l'étiquette écologiste à une élection présidentielle française, en 1974. C'est
un auteur prolifique avec près de 70 ouvrages dont L'Afrique noire est mal partie en 1962 et L'Utopie ou la mort ! en 1973.
le programme Fillon |
Je me souviens avec Antoine Blanc
le Directeur de l’Agriculture à Montauban, c’était donc en 1974, être aller
écouter le tribun de l’agriculture française, et d’une alimentation naturelle
pour une planète qui voit se développer l’humanité à grande vitesse :
comment nourrir tout ce monde ? comment mobiliser assez d’eau potable et d’eau
d’irrigation pour les terres émergées ? réduire les famines, tout en
développant une utilisation durable d’une planète forcée de toutes part à
produire davantage qu’elle le peut naturellement ? (c’est pareil ou pire
pour absorber les excès de pollution, qu’ils envahissent les mers, ou les eaux
sous forme de particules de plastique ; de molécules de pesticides, antibiotiques ou métaux lourds.
Le salon de l’agriculture se
termine, en pleine campagne des Présidentielles. Qui porte le projet d’avenir
pour les agricultures française ; européenne et mondiale ?
pas facile de se faire une religion
J’achète comme tous les ans « le bilan du Monde édition 2017 » :
217 pages format A3 ! Autrefois, il y avait un mot sur l’agriculture,
facteur clé pour expliquer comment nourrir la planète ! Cette fois-ci, rien !
Le pétrole fossile ne voit pas ses ressources augmenter extraordinairement, or,
je trouve davantage encore dans mon supermarché des fraises hors-saison qui
viennent d’autres pays à grand coups de transports aériens. Les produits
importés paraissent toujours augmenter dans les rayons. L’accord avec le Canada
va renforcer (si notre Nation l’adopte) de nouvelles denrées fabriquées
industriellement, au grand dam d’une préférence communautaire jetée aux
oubliettes depuis des lustres.
le programme Macron quand on pense qu'il existait "la préférence communautaire" ! |
Nous voulions autrefois une
agriculture paysanne, nombreuse, et productive à la fois : cela a été
longtemps la politique agricole bretonne, fondée sur la coopération unissant
les fermes familiales dans des ensembles capables de lutter contre les
concurrents industriels au niveau mondial. Cette politique est grignotée en
permanence, nous ne comptons plus aujourd’hui que 300.000 exploitations, qui
disparaissent toujours davantage, dans un ensemble rural désertifié par les
vétérinaires ; les médecins ruraux ; les commerces et services. Qu’est
donc devenue la politique du monde rural dans des campagnes désertées, maintenant que les urbains regroupent
80% de la population ?
Comme le font Allemagne et
Hollande, on sent bien venir la multiplication des fermes industrielles aux
mille vaches, dont les salariés sont des travailleurs détachés, qui constituent
également la main d’œuvre des abattoirs compétitifs. Produire plus de produits
industriels, vendre à bas coût. Le lait, qui apportait aux éleveurs le chèque
mensuel rassurant, alors que la récolte annuelle des agriculteurs polyvalents peut être si précaire (un agriculteur ne touche que 40 revenus dans sa vie, avec le risque que 4 ou 5 reflètent des calamités
climatiques). Et en sus, à chaque installation, on rachète l’outil de travail à crédit ! Le lait (et le porc) se vendent en-dessous du prix de revient…paradoxe, la fin des quotas
laitiers crée plus d’offre que de demande : la PAC ne contrôle plus rien : le prix s’effondre, l’agriculteur
fait faillite !
Au même moment, nous vivons dans
la nostalgie de l’exploitation familiale produisant le foie gras et le porc noir de nos grand-mères,
de haut standing, mais comment être rentable quand la part consacrée à l’alimentation a baissé devant la priorité
que constitue l’automobile ; puis la téléphonie ; enfin le logement
des urbains ?
J’ai regardé les programmes des
uns et des autres. Les Anglais sont en train (en assumant le BREXIT) de refuser
les aides de la PAC, qui permettaient de compenser pour leurs agriculteurs des prix
mondiaux très faibles, destinés à ce que le consommateur bénéficie lui-même de prix bas.
Comment vont faire les Anglais, sauf à demander une fois encore une
exception ? Chez nous le total de la PAC s'élève à dix milliards, même pas suffisants
pour éviter le suicide de nombre de ceux qui tombent en faillite, puisqu'elle va toujours majoritairement aux grandes cultures céréalières.
Je lis dans les programmes les
mêmes mots-clé qu’il y a 43 ans quand René Dumont proposait une alternative
durable aux agricultures françaises.
Vous allez me dire que je vieillis, et deviens grognon
Qui après José Bové et Dédé Pochon porte aujourd’hui le discours de
circonstance ?
Où sont les "Agro-sans-frontières" ?
Que dit le Chargé de l’Agriculture de l’Union européenne, dont personne ne connait plus le nom ?
Nous, la France, lui demandons-nous quelque chose ?
J’ai du mal à suivre
Je crains de ne pas être seul dans cette situation !
l'agriculture et la révolution numérique : un thème transversal |