Moïse ……et Séphora
résumé (embrouillé) : trop cool !
On croyait voir Moïse. Donc Ramsès.
On les voit bien en effet, mais on découvre leurs épouses, celle du Pharaon,
première Dame comme on dit aujourd’hui (on oublie que la première dame a la mission
historique de fabriquer un descendant au Roi). Justement, elle est la mère de
son fils (il va lui arriver des histoires au fils en question). Et Séphora ou
Tsippora (hébreu : צִפוֹרָה
Sippôra(h) : petit oiseau), en arabe Safûra, qui est l'épouse de Moïse.
C’est une superbe femme, non pas
uniquement par ce qu’elle est la fille de Jethro, le prêtre des Madianites.
Mais parce qu’elle est incarnée par Maria Valverde. Le film quand on y va à la
séance de 16H15 est projeté en relief (on chausse pour ça sur ses propres
lunettes une seconde lourde-paire louée 1 Euros 50, qui vibre à la
fréquence des images numériques), donc on visionne Maria (enfin Sephora) en
relief. C’est une joie pour les yeux, vu qu’elle est particulièrement belle).
Une belle scène : celle du
puits. On se rappelle Rebecca au puits :
le puits est l’équivalent dans ces lieux de la machine à café de nos jours :
on est dans le désert : que du sable, et de mauvais buissons piquants.
Sauf à un moment un puits. Vous imaginez
la troupe autour : des dromadaires qui blatèrent (le cri du dromadaire). Ils font des crottes partout
(avec l’eau ça fait de la boue c’est un peu dégoûtant). Des moutons et des
chèvres (qui bêlent). Re-crottes partout. Et des mecs assoiffés, qui poussent
les animaux pour s’approcher de la flotte et boire (il n’existe pas de bière c’est
avant le Progrès). Heureusement, il y a des filles aussi, qui font office de barmaids pour les garçons. Elles sont
couvertes de voiles (en laine de mouton), qui leur recouvrent la tête et le
corps. On devine à cent mètres que ce sont toutes des stars de cinéma, elles
ont une allure folle (de mannequins). On ne voit que les yeux, cernés de Khôl
(qui les marque en noir, et leur donne un regard magnétique, d'où des œillades d’autant plus fulgurantes que seule cette partie du corps est visible.
Le khôl, kohol ou kohl (en arabe:
كحل, kuḥl), je vous le
rappelle, est une poudre minérale composée d'un mélange de plomb
sous forme de galène (ou de malachite), de soufre et de gras animal, voire de charbon de bois ou de bitume, utilisée pour maquiller et/ou soigner les yeux.. Les
égyptiens (et les Madiatines, très forts en cosmétique), se mettaient du khôl
couramment. Faut voir Sephora (enfin Marie) quand Moïse
débarque (très sale, besoin d’une douche, difficile de se baigner dans le
puits devant tout le monde, pas de douche, bonjour l’odeur corporelle, on transcende-c’est-Moïse) et
Sephora fringuée comme une Princesse (c’en est une). Ils ne s’approchent pas
trop l’un de l’autre (on comprend Sephora), mais les regards échangés c’est
trop (grave). On kiffe forcé !
La cérémonie du mariage est
sublime. On est dans le désert. Pas une boutique à l’horizon. Où se
fournit-elle en fringues ? (Sephora). En bijoux ? Eh bien Maria (Sephora) parait magnifiquement
habillée, avec sa robe de mariée que même Lagerfeld n’a pas inventée, on
comprend que Moïse soit (grave) amoureux !
derrière au milieu, c'est Jethro |
Je vous signale que dans le Livre
de l'Exode (nous y sommes, Exodus c’est de l’Anglais-américanisé), Moïse quitte
l'Égypte en fugitif, après avoir tué un contremaître égyptien. Général
d’Armée d’Egypte, il vient de comprendre son hébraïcité, quitte Ramsès (considéré comme son demi-frère), et se
casse rejoindre sa famille originelle. Premier exode (regardez la carte, c’est
pas à côté !). Arrivant à un puits près de Madian, (nous y sommes justement, les mecs du coin sont les Madianites) il prête main-forte à un
groupe de bergères menant leur troupeau, face à des bergers hostiles. (c’est un
militaire il a une sacrée épée !). Elles l'invitent, en guise de remerciement, à conduire les
troupeaux de leur père, Jéthro, prêtre d'El Elyon (Dieu Suprême) de Midian. Il acquiesce,
et kiffe la plus belle (les autres ne
sont pourtant pas mal non plus), Séphora, qu'il épouse (Exode 2) et qui lui
donne (après un certain temps quand-même, je vais au plus court) deux
garçons, Guershom, et Éliézer. Dans le film, on zappe le second, on n’a pas le
temps (ce n’est pas le sujet).
Dans la vraie histoire, Il se
passe alors un épisode curieux, ardemment débattu (Exode 4, 24-26) : alors que
Moïse et Séphora arrivent à un abri, Dieu essaie de tuer Moïse, jusqu'à ce que
Séphora, inspirée, pratique la circoncision sur ses enfants, à l'aide d'une
pierre plate (pas de commentaires). Dans Exode 18, on apprend que Séphora retrouve Moïse après tout ça. La scène de la circoncision (en 3D) est zappée elle aussi. Heureusement !
j'ai retrouvé dans les archives l'épouse en question ! |
Dans Nombres 12:1, apparaît l'allusion à une (autre) épouse (non nommée) de Moïse : la sœur
de Moïse, Miryam, est rendue lépreuse
par colère divine pour avoir douté que Moïse soit plus inspiré qu'elle par
Dieu, car "il avait épousé (aussi) une Koushite" (terme habituellement compris
comme signifiant Éthiopienne). En réalité, le pays Koush, c'est le Soudan. Dans ce passage, il n'est pas donné de prénom,
mais il est juste mentionné "une épouse Koushite",
Or, Séphora étant Madianite,
des sources anciennes, comme Flavius Josèphe (Antiquités Juives 2.10-11), et le
Targoum Pseudo-Jonathan, et modernes (critique biblique) estiment qu'il
s'agissait d'une autre épouse, la bigamie n'étant ni illégale, ni réprouvée à
l'époque, d'autant plus qu'un précédent majeur avait été trouvé en la personne
de Jacob, qui avait pour épouses Rachel et Léa. Cela jette un autre regard sur
Moïse, mais on n’en parle pas dans le film. (Il a fallu toute ma bibliographie personnelle pour vous présenter cette photographie) !
Je passe sur les détails de l’Exode,
à nouveau ce n’est pas le sujet (du film). Ce qui est marrant, est que Séphora
n'est pas nommée dans le Coran, mais y apparaît comme bergère madianite, timide et pieuse (Voir sourate 28, nommée
"Al qasas"). Vous savez que Marie (pas Valverde, Marie tout court, celle des chrétiens) est nommée, et saluée, dans le Coran également ? Une sourate lui est consacrée : la 19 : "Maryam" (ce n'est pas le sujet).
Dans le roman Un amour de Swann, Charles Swann
idolâtre Odette de Crécy en voyant en elle la Séphora de Botticelli dans la
fresque « Les épreuves de Moïse » de
la Chapelle Sixtine.
Vous comprenez que je plaisante,
et camoufle mon émotion devant la belle Maria en costume de Madianite. En
réalité, le film (qui ne dure que deux heures et demie et coupe court devant la
suite de l’Exode, l’histoire du veau d’or une fois franchie la Mer Rouge, et esquisse à peine l’histoire des tables de la Loi (que j’aurais bien aimé voir
développé). C'est plein d’effets spéciaux, qui sont la base de la production :
créer du spectaculaire (en 3D) pour susciter l’émotion.
C’est très spectaculaire en effet :
un tsunami géant déferle sur l’armée de Ramsès en épargnant les copains de
Moïse, on s’y croirait (on n’y survivrait pas).
L’impression de déjà vu :
on a déjà vu des tsunami
le réchauffement climatique nous en prépare d’autres ?
L’histoire est un éternel recommencement !