Europe…mieux qu’Abbal ? (suite)
J’ai bien trouvé Europe interprétée par les espagnols, je me dis que les Anglais ont du s’approprier Europe ! Sceptiques comme ils sont, mais fiers de leur hégémonie planétaire, j’ai hâte de la découvrir !
L'Albert Memorial est un monument à la mémoire d'Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819-1861), époux de la reine Victoria. Il est situé à Kensington Gardens, à Londres. Conçu par George Gilbert Scott dans le style néogothique, il mesure 47,5 mètres de haut. La structure a été terminée en 1872 et la statue d'Albert posée en 1875.
L'élévation de ce monument est considérée comme emblématique de la puissance britannique à l’'époque victorienne (1850-1870). Le mémorial est constitué d'une statue dorée d'Albert placé sous un baldaquin, lui même surmonté d'une flèche à l'extrémité de laquelle se trouve une croix. Albert tient dans sa main un catalogue de l'exposition universelle de 1851, exposition organisée sous la houlette du prince consort, et qui démontre la prépondérance britannique de l'époque en matière industrielle et scientifique. Au pied du baldaquin se trouvent quatre ensembles statuaires incarnant la puissance industrielle et commerciale britannique (commerce, génie, industrie, agriculture). Plus loin, aux quatre coins du vaste socle sur lequel est installé le baldaquin, quatre autres groupes incarnent les quatre continents.
Et c’est là que cela devient amusant !
G.G.Scott fait appel à Patrick MacDowell, sculpteur britannique d'origine nord-irlandaise né en 1799 et mort en 1870. Il a de l’ambition, et aucun complexe : il se met à la place de Zeus, dont il connaît la légende-officielle, suivant laquelle il séduit Europe en se faisant passer pour un doux taureau. Jusque là, nous Français latinisés par la conquête de Jules César, et rompus à la démocratie d’Athènes, nous suivons.
Voici Europe, la nôtre, représentée selon nos propres références : Europe est une espèce de Charlemagne féminine, juchée sur le bœuf placide, qui tient le globe terrestre contenant les saintes huiles dans la main gauche. La main droite s’appuie sur un bâton, un bâton de Maréchal, faisant office de sceptre. Elle est entourée de quatre allégories, la Guerre avec le glaive de Zeus. Les Arts avec la lyre d’Apollon (mais il y a aussi la palette du peintre). La maîtrise des mers avec le trident de Neptune. Il faut bien qu’il y ait quelque part la Muse de l’écriture et de la poésie qui lit Shakespeare et en dispense les bienfaits urbi et orbi. (Si vous trouvez mieux, faites moi signe) !
Mais l’imagination de nos fans d’Albert foisonne : contrairement à Albert, Zeus ignorait les autres continents ! Il croyait la terre plate, et n’était pas Galilée. Le monde s’arrêtait à Gibraltar.
Poursuivons la réflexion de notre architecte sur la représentation du monde. Se mettant une fois de plus à la place de Zeus, un Zeus parlant cette fois anglais et relooké par rapport aux anciens Grecs. On peut très bien imaginer que, souhaitant conquérir Europe devenue symbole des Amériques, il se transforme en Bison ! Of course, c’est un bovidé lui aussi. Conséquence : Zeus devient bison, dompté par une Europe-devenue-indienne-Sioux, fort jolie avec sa coiffure de plumes et ses flèches !
Vous avez compris le principe ? Je vous dis : je vais représenter l’Afrique, vous réagissez en maugréant dans votre tête : –« l’équivalent du bœuf, qui serait emblématique en Afrique n’est pas le bœuf ! c’est le dromadaire » !. Et donc Zeus (devenu mondialiste) va séduire Europe (moi je l’aurais imaginée noire, éthiopienne, et descendante de Lucy), en se transformant en doux dromadaire, un dromadaire blanc, (jamais il ne se serait transformé en chameau, trop équivoque pour séduire une femme) ! J’ai un peu exagéré comme d’habitude : Europe n’est pas noire : c’est Cléopâtre, Reine d’Egypte, elle est entourée du conducteur du dromadaire, et de Sages en turban.
Le quatrième continent est l’Asie. Certes il y a des bovidés, même que ce sont des vaches sacrées. Mais Zeus ne va pas se transformer en vache. En zébu il aurait une bosse. Trop moche.
Non, l’animal adéquat en Asie, c’est l’éléphant au demeurant sacré. Mieux, l’éléphant blanc ! Et notre sculpteur juche une Europe hindoue (vêtue d’un sari en voiles de soie sauvage) sur Zeus-devenu-éléphant. Amusant : l’Inde, sous étroite domination britannique…s’éveille (au progrès) !
Nos amis anglais sont forts !
fini Europe ringarde, méditerranéenne, chevauchant un bête taureau
pire un bœuf
(son seul intérêt étant la côte…la-côte-de-bœuf)
Zeus (Albert) est devenu planétaire
il se transforme (lui) en tous les animaux