jeudi 30 janvier 2014

Cathédrale



Salomé

Il faut que je tienne ma promesse, vous montrer Salomé : vous avez de la chance : la façade si bien peinte par Monet est enveloppée de plastiques, pour cause de ravalement. Mais le portail de gauche est libre, et dévoile la fameuse scène, qui a inspiré notre ami Flaubert dans sa nouvelle : Hérodias : à gauche, le roi Hérode, sa femme Hérodiade, et leurs convives assis à table admirent la danse de la belle Salomé. Drôle de danse car la belle marche sur les mains, frustrant les spectateurs qui ne pouvaient cependant s’attendre à ce que sa robe lui retombe sur la tête, puisqu’elle est la fille du roi ! Plus tard Strauss dans son opéra invente la danse des sept voiles, dont il ne faut pas attendre non plus un septuple strip-tease car il s’agit d’une danse familiale ! Hérode a promis à sa fille de lui faire le cadeau qu’elle voudra pourvu qu’elle les distraie : enfant gâtée, elle demande la tête de Jean-Baptiste. « Pas de souci » comme on dit à la télé ! Juste à droite, satisfaite, elle remet la tête à sa mère, normalement sur un plateau, mais ici elle est cachée dans un panier, il ne faut pas trop offusquer les fidèles !
 

 

Il faut dire que la maman en question est loin d’être une Sainte : elle va se marier avec le frère d’Hérode (vexé on serait à moins) et Jean-Baptiste, qui est prophète et un peu puritain, a condamné ce divorce et fustige l’épouse volage. La maman « se fait donc » le prophète, en manipulant sa fille pour qu’elle le fasse trucider par son ex ! J’imagine qu’elle jette ensuite la tête aux cochons, mais ceci est une autre histoire ! En réalité, les disciples ont récupéré le corps et l'ont brûlé, cérémonie perpétuée depuis dans les feux de la saint-Jean :  à Saint-Jean de Luz, on récupère les brandons en guise de reliques. La tête du Saint a été dispersée qui à St Jean d'Angély ; ou à Amiens, à moins que ce soit à St Jean d'Acre ! On avait de drôles de mœurs à la cour d’Hérode, il faut bien le reconnaître ! De vrais sauvages !

Comme dans une bande dessinée, on assiste à la décapitation du Saint dans son cachot, à droite de la scène. La sculpture ne suit donc pas tout à fait l'ordre chronologique : la décapitation qui aurait du être au centre est  à droite, pour servir de cadre à la scène en trois actes. Le sculpteur a  fait au mieux avec la pierre !
 


Selon un texte apocryphe, la Lettre d'Hérode à Pilate, Salomé est finalement punie : il faut bien que la morale soit sauve ! On dit qu’elle meurt en traversant un lac gelé en hiver : la glace se brise et elle tombe jusqu'au cou dans l'eau. La glace se reforme autour de son cou, laissant apparaître sa tête comme posée sur un plateau d'argent. Flute alors, Jean-Baptiste s’est vengé ! On situe généralement cette légende au lac de Barbazan (Haute-Garonne), près de Saint-Bertrand de Comminges, encore connu pour ses eaux thermales. Selon Flavius Josèphe, Hérode aurait été exilé à Lugdunum près de l'Espagne, ce qui correspond à l'ancienne Lugdunum Convenarum. Hérodiade elle-même apparaît dans diverses légendes pyrénéennes comme un personnage maléfique. Vous comprenez maintenant pourquoi, même à 900 Km de là-bas, il me fallait revoir la Cathédrale de Rouen (puisque aussi bien j’y suis) !




Tant qu’à faire (d’être ici) je vous montre quelques vitraux sublimes, qui remplissent les vides des dentelles de pierre. Encore une fois, j’ai la chance que l’orgue fonctionne, instants magiques plein des sonorités de l’instrument. Quelle veine j’ai !

Nous sommes dans un Haut Lieu d’Histoire :
je viens de frotter le tombeau de Guillaume le Conquérant

son drakkar n’est pas loin

Je repense à Micheline nous parlant des Vikings ...!
...mes racines… !


en peinture, Salomé ressemble à celà !
à l'Opéra, cela peut-être...sanglant !

en pierre...la version de Rouen est finalement très...expurgée !