mardi 11 mars 2025

El botafumeiro de Santiago de Compostela






Avez vous accompli une partie... ou tout le trajet du pélerinage de Saint-Jacques ?

nous avons fait Arles-Toulouse-5GO
ainsi que Rouen-Bordeaux
et la route du Finistère
en Galice Bilbao-Santander, c'était formidable...!

et nous avons vu la Voie lactée sur Roncevaux

Voilà la prière du pélerin. C'est pour moi la prière essentielle d'une vie

-" J’aurais beau avoir parcouru tous les chemins, traversant monts et vallées, de l’Orient à l’Occident, 

si je n’ai pas découvert la liberté d’être moi-même, 

je ne suis arrivé nulle part" !


En 1897, Ernest Rupin proposait une étymologie astucieuse et simple pour définir Compostelle  : une contraction de Giacomo apostolo (Jacques apôtre), dont il faisait giaCOMo a POSTOLO. À noter que, dans le langage courant, le mot « Compostelle » est peu employé jusqu'au XVIIIe siècle, on parle plus volontiers de Saint-Jacques en Galice. L'hypothèse selon laquelle « Campus stellarum », signifiant le « champ des étoiles », aurait été l'origine du nom « Compostelle » est abandonnée.

Le pèlerinage au tombeau de Jacques fils de Zébédée est l'un des plus importants de la chrétienté au Moyen Âge, avec ceux de Jérusalem, de Rome et de Tours. Pratiquement disparu au XIXe siècle, il connaît un regain de ferveur depuis la fin du XXe siècle, promu notamment par les institutions européennes. Ainsi, en 1985, Saint-Jacques-de-Compostelle a été lauréate du Prix de l'Europe. On dit désormais, avec le retour de l'écologie et de la marche à pied, qu'il faut absolument "faire le pélerinage" : un peu comme le GR20 en Corse, c'est l'occasion unique dans sa vie, consacrée pour les Parisiens à travailler ; consommer ; fréquenter les repas mondains, et tâcher de profiter un max pendant les vacances les plus longues possibles hors-Paris....à méditer en marchant et en dormant dans des dortoirs collectifs, et à chercher ainsi à trouver le sens de sa vie. Au cours de notre vie, parcourant les chemins noirs de Sylvain Tesson, nous aurons eu l'occasion de voyager, de découvrir des lieux inconnus, de vivre des aventures humaines parfois terribles, sans compter les moments sur le billard des chirurgiens et sous les radiations radioactives des appareils émetteurs dûment  blindés . La marche était inclue dans nos activités, et j'ai fait à pied le tour du cap Corse, en parcourant un morceau supplémentaire chaque dimanche.

El Botafumeiro. Un nom rigolo, exotique, qui évoque en nous des images d’un passé lointain, des mémoires d’une histoire ancienne, racontée au carrefour de nombreuses routes, par d’innombrables hommes qui parlent des langues différente, mais qui disent, en fin de compte, les même choses depuis des centaines d’années. Mais de quoi s’agit-il ? 

C’est l’encensoir le plus grand au monde, gardé dans un des lieux de culte qui caractérise l’histoire de l’Occident chrétien depuis le Moyen Âge : le Sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle. Nous souhaitons en découvrir davantage sur cet objet, sur son histoire et, bien évidemment, sur le lieu incroyable dans lequel il est conservé et où, encore aujourd’hui, beaucoup de pèlerins peuvent l’admirer osciller vertigineusement au-dessus de leurs têtes.




Le Sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle est un des lieux de pèlerinage les plus célèbres au monde. Il se trouve dans la ville homonyme, chef-lieu de la communauté autonome de la Galice, en Espagne, une localité qui, depuis le Moyen Âge, était considérée comme un des centres les plus importants de la chrétienté. Des anciennes légendes l’identifie comme le lieu où les âmes des défunts se réunissaient pour entreprendre le chemin qui les auraient amenées à traverser la mer, en suivant le parcours du soleil au coucher. Mais, au-delà de ces suggestions purement fascinantes, Saint-Jacques-de-Compostelle doit son renom à sa cathédrale, église-mère de l’archidiocèse de Saint-Jacques-de-Compostelle et un des sanctuaires les plus importants au monde. Les raisons de cette excellence ? La Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle abrite dans sa crypte la dépouille mortelle de l’apôtre Jacques de Zébédée, également appelé Jacques le Majeur, Saint Patron d’Espagne, vénéré dans ce pays sous le nom de Santiago (de Sancti Jacobi, en espagnol Sant-Yago). En effet, la Légende d’Or raconte que Saint Jacques le Majeur, après la mort de Jésus, s’avança dans son œuvre d’évangélisation à travers la France et l’Espagne, jusqu’en Galice. 

C'est el Matamoro, qui bouta dehors les Maures, venus envahir la Galice en 711

Dix ans avant la victoire de Charles le Martel à Poitiers, une grande bataille a lieu en l’an 722 à Covadonga, dans les Picos de Europa ; la victoire des seigneurs chrétiens est totale. Ce triomphe est considéré comme le début de la « Reconquista ». Les musulmans ne s’attaqueront plus à ce territoire qui devient le petit royaume indépendant des Asturies qui cherchera à continuer son expansion pendant les siècles suivants. Dans cette période initiale de la reconquête, l’un des plus importants rois du royaume Astur est Alphonse II, nommé « Le Chaste ». Son règne va durer près d’un demi siècle entre le 791 et 842 et il consolide la résistance au pouvoir de Al-Andalus. Il établit sa capitale à Oviedo où il bâtit des nombreuses églises et palais. C’est pendant son règne que va se produire la découverte du tombeau de l’apôtre Jacques le Majeur.

Le tombeau du Saint fut découvert à la fin du IX siècle et les travaux pour la construction de la grandiose Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle débutèrent en 1075. La Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle se développa dans le temps, elle fut enrichie de nombreuses reliques et devint l’étape finale d’un des pèlerinages de foi les plus célèbres et les plus répandus dès le Moyen Âge : le Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Il s’agit d’un trajet de 800 km à parcourir en un mois. Le Pèlerinage traverse la France et l’Espagne, même s’il existe un Pèlerinage alternatif, appelé le Pèlerinage portugais, qui va de Lisbonne à Compostelle. Il y avait différentes possibilités pour les pèlerins qui voulaient arriver à Saint-Jacques-de-Compostelle. Ces chemins étaient reportés dans le Codex calixtinus (le Liber Sancti Jacobi) et sont utilisés encore aujourd’hui.

La via Francigena était celle choisie par les pèlerins venant d’Italie. À un moment donnée, une fois traversé le col du Montcenis ou du Mongénèvre, elle se rejoignait à la via Tolosana, qui unissait Arles à Toulouse et qui était empruntée également par les pèlerins de l’Allemagne du Sud. Il y avait ensuite la via Podiensis, de Lyon et Le Puy-en-Velay, qui traversait les Pyrénées en correspondance de Ronceveaux ; la via Lemovicensis, depuis Vézelay ; la via Turonensis, à hauteur de Tours, où se réunissaient les pèlerins provenant d’Angleterre, des Pays-Bas et de l’Allemagne du Nord.

au Puy en Velay, des mystères existent toujours pour soutenir les pélerins

https://www.facebook.com/reel/1280005816424040

à Valcabrère nous avons le témoignage du passage d'un pélerin, avec son bâton et la coquille

et à Saint-Betrand je puis vous montrer la pierre de marbre noir des exorcismes.

Les pèlerins qui provenaient des ports atlantiques de l’Europe du Nord pouvaient choisir l’ancien chemin de la Ruta de la Costa, le premier à avoir été parcouru, qui partait des ports de la côte nord de l’Espagne où les navires accostaient.

de Saint-Jean-Pied-de-Port à Roncevaux, au fil des Pyrénées

La traversée des Pyrénées advenait et advient toujours à Ronceveaux (Camino francés, les plus utilisé encore aujourd’hui), ou bien à Somport (Camino aragonés). Le Camino aragonés passe par Jaca, Sangüesa, Enériz ; le Camino francés par Pampelune, Burgos et León. Les deux chemins si rejoignent à Puente la Reina, où s’érige le Monument au Pèlerin, sur lequel est gravée cette phrase : « Y desde aquí todos los Caminos a Santiago se hacen uno solo », De ce point tous les chemins pour Saint-Jacques deviennent un seul et unique chemin.


le pont romain sur le rio Arga


Un autre des points significatif du Chemin est La Cruz de Fierro (croix de fer), qui se trouve sur les Montes de Léon, près de Foncebadón, à 250 km de Saint-Jacques-de-Compostelle. Dans l’antiquité, il y surgissait un temple païen dédié à Mercure, protecteur des voyages. C’est un lieu envahi d’une grande force symbolique et où on y consomme un rituel ancien et suggestif : chaque pèlerin, au moment du départ pour le Pèlerinage, choisit une pierre des dimensions adéquates par rapport aux péchés pour lesquels il veut demander la grâce et il l’amène jusqu’à la Cruz de Fierro, afin de l’ajouter au tas de pierres aux pieds de la croix. Certains pèlerins y laissent également des objets personnels.

Nombreuses sont les prières des pèlerins écrites au cours des siècles et devenues partie de la tradition du Pèlerinage de Compostelle. Il y en a pour chaque étape du voyage, du départ à l’arrivée, devant le tombeau de Saint Jacques. Certaines ont été laissées par des pèlerins illustres, comme celle récitée par Jean-Paul II devant la tombe du Saint en août 1989, lors de la visite pastorale à Saint-Jacques-de-Compostelle pour la Journée mondiale de la jeunesse. En particulier, nous souhaitons citer la prière affichée devant l’église romane de Sainte-Marie-du-Mont-Cebreiro : la prière du pèlerin. Nous rapportons ici uniquement la première strophe : je la lis et la relis, je vous l'ai citée dès le début :

 "J’aurais beau avoir parcouru tous les chemins, traversant monts et vallées, de l’Orient à l’Occident,

si je n’ai pas découvert la liberté d’être moi-même, je ne suis arrivé nulle part."

les prières plus classiques n'ont pas le même sens, elles consistent à solliciter l'assistance des Dieux et des Saints, pas à se connaitre soi-même, et à se donner les moyens de qui nous voulons devenir :

« Seigneur, notre Dieu et notre Père,écoute les prières que t’adressent ces pèlerins en partance pour Compostelle. Que l’Esprit Saint fasse grandir la foi dans leur cœur, qu’il donne force à leur espérance et renouvelle sans cesse leur amour du prochain rencontré en route.

Qu’ils arrivent sains et saufs au but de leur voyage, vivant en espérance et dans la prière la promesse de la Jérusalem céleste où tu nous rassembleras avec ton Fils dans ta gloire et dans la communion de l’Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Que Notre-Dame vous accorde sa protection maternelle, qu’elle vous défende dans les périls du voyage et que, par son intercession, vous arriviez sains et saufs à la fin de votre voyage.

Que saint Jacques vous aide à faire de ce voyage un temps de joie et d’amicales rencontres sur les chemins et à retrouver ensuite votre foyer pour y partager votre foi réconfortée dans le silence des longues marches.

Et que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Allez au nom du Seigneur.»


Venons-en (enfin ! !)  au Botafumeiro, ou turibulum magnum, le véritable protagoniste de notre billet de ce jour. C’est un des symboles les plus célèbres et les plus importants de la Cathédrale, connu dans le monde entier. Il est utilisé à l’occasion des messes solennelles et de célébrations particulières au cours de l’Année Sainte.

Il s’agit d’un encensoir à usage liturgique, composé d’un grand récipient (vraiment très grand dans ce cas-ci !) dans lequel on brûle l’encens en grains. L’encensoir est un élément commun à beaucoup de religions, anciennes et modernes. « Les dieux aiment les parfums », disaient les anciens Égyptiens. Pendant des millénaires, on a cru que la fumée libérée par l’encens était particulièrement appréciée par les dieux au cours des célébrations religieuses. Mais pas seulement : l’encens servait également pour purifier l’air, pour le libérer de la négativité spirituelle. Les encensoirs ont été utilisés de manière variée lors des cérémonies religieuses de chaque époque et culture, pour parfumer, assainir, purifier et protéger. Dans la liturgie chrétienne catholique, l’encens est brûlé pour symboliser la prière et la vénération envers Dieu. En outre, il s’agit aussi d’un don, d’un honneur rendue à Lui, une sorte de sacrifice réservé à Quelqu’un de vraiment important et unique.

lors de l'inhumation, le prêtre encense le cercueil contenant le corps vide du défunt, aidant ainsi son âme à "partir" pour rejoindre ...l'au-delà.

Aujourd’hui, l’habitude de brûler des encens s’est également répandue dans nos maisons. Encore une fois, si d’une part nous devons considérer l’agrément du parfum de l’encens, ce geste cache d’autre part un désir de purification ambiante, non seulement des mauvaises odeurs, mais aussi des présences malignes, des énergies négatives. Le phénomène des brûle-encens domestiques est très répandu et n’est pas toujours pratiqué par quelqu’un avec une croyance religieuse consolidée.

Construit en laiton et en argent, le Botafumeiro possède une hauteur de 1,60 m et pèse environ 50 kg, même si, une fois rempli d’encens et de charbon, il atteint les 100 kg. Quand il est en service, il est suspendu à une hauteur de 20 mètres. Pour le manœuvrer, il faut huit hommes, les « tiraboleiros », qui, en utilisant un système complexe de cordes et de poulies, le font balancer (columpiar), le poussant quasi jusqu’au plafond de la cathédrale, à une vitesse d’environ 70 km/h. Un spectacle magnifique, hypnotique, qui depuis toujours rend les cérémonies dans la Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle encore plus suggestives.

seule la vidéo permet de voir le rite cérémoniel vraiment impressionnant :

https://www.youtube.com/watch?v=Xb_uJMvwgxE

oui, il est survenu des accidents, la corde qui casse... bonjour les dégâts !

Au XVI siècle, le Roi Louis XI de France, surnommé l’universelle aragne, « l’araignée universelle », fit une donation à la cathédrale, qui permit la construction de l’encensoir en 1554. À l’époque, il s’agissait d’une grosse marmite en argent. Une autre tradition veut que le Roi en personne donna la marmite à la Cathédrale. En tout cas, elle fut ensuite volée par les troupes napoléoniennes.

Le Botafumeiro actuel remonte à 1851 et a été réalisé en laiton et ensuite recouvert d’argent.

Jusqu’au 1er janvier 2017, il était utilisé régulièrement durant la Messe dédiée aux pèlerins, le vendredi soir à 19h30. Actuellement, cette concession a été révoquée jusqu’à nouvel ordre. En réalité, en envoyant un e-mail avec une offre importante (minimum 300 euros) au Bureau du Pèlerin, on peut demander l’activation du Butafumeiro à l’occasion de sa propre visite à Saint-Jacques-de-Compostelle.


Pour voir le Botafumeiro en action, il faut se rendre à la Cathédrale dans les jours dédiés aux célébrations plus officielles :

je vous engage à vous y rendre

au bout d'un bout du camino :

la Fête des Rois Mages (6 janvier) ;

la Pentecôte ;

le jour de l’Ascension de Jésus au ciel (12 mai) ;

le jour de l’Anniversaire de la Bataille de Clavijo (23 mai) ;

pendant la fête de Saint Jacques (25 juillet) ;

le jour de l’Assomption de Marie au Ciel (15 août) ;

la fête de la Toussaint (1er novembre);

pour la récurrence de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge Marie (8 décembre) ;

à l’occasion du Saint Noël ;

pour la commémoration de la translation du Saint Apôtre (30 décembre).


je termine par cette réflexion d'une parisienne sur son blog :

-"Pourquoi ce besoin d’aller chercher au loin ce que nous pouvons trouver dans notre salon" ?

"Lorsque nous enjambons cette route conduisant à Jacques, nous ne sommes plus M./ Mme untel, exerçant telle profession, mais devenons un homme/ femme, marchant vers un but encore lointain, ne laissant pour choix d’autres conditions que celle de pèlerin. Cette soif inexplicable d’entreprendre le long chemin menant à Santiago, chacun a certes ses raisons de marcher et suivre cet appel vers l’apôtre. Isolé de toutes distractions de la vie quotidienne, Compostelle nous permet de renouer avec soi et de faire le vide du tourbillon de la vie en permettant de se remplir du silence qu’offre le Chemin"

je ne doute pas que vous avez renoué avec vous-même...

...trouvant ainsi la Paix !

si ce n'est pas le cas, il suffit de marcher, faire le vide dans votre tête-si-trop-remplie

et de vous trouver vous-même

en plus ça ne coûte quasiment rien.

pas d'alcool, pas de stupéfiants, vous brûlez vos graisses superflues, vous rencontrez des gens animés par la même intention, vous croisez fleurs et papillons, et arrivés, vous prenez quelques cerbessas bien fraiches avec du jamon iberico, 
le bonheur tout simple mais vrai... et c'est la Paix intérieure en prime.




La Cruz de Santiago
C’est l’emblème des chevaliers de l’Ordre de Santiago. Ce groupement militaire et religieux catholique a été créé au 12e siècle pour défendre les terres catholique de la domination musulmane. Cet Ordre a peu à peu été dissout et n’existe plus sous cette forme. Après avoir été lentement incorporé à la couronne d’Espagne, l’ordre est devenu un moyen de distinguer ses fidèles. C’est aujourd’hui un ordre honorifique.

La croix elle-même est rouge, formée d’un épée surmontée d’un coeur. La garde est ornée quant à elle de deux fleurs de lys. L’ensemble rappelle la fonction militaire et religieuse de l’ordre et honore le souvenir de son patron, Saint Jacques le Majeur.