jeudi 14 octobre 2021

Francis Duranthon à la S.E.C : le Comminges, champion du miocène !



Josiane Villeroy représentante de la Presse locale photographie le conférencier et le secrétaire général de la SEC




Bonne nouvelle : les conférences de la Société d'Etudes du Comminges nous manquaient depuis un an ! Mais la pandémie assommée par la vaccination, elles reprennent : la salle pleine de fans, dûment QRcodés, triple-Pfizer-vaccinés, masqués, en  attente de la 4ème injection du nouveau vaccin surdosé Efluelda-Sanofi, qui booste les anticorps vieillis, cette fois du variant 2021 de la grippe saisonnière, et ce dès le 26 octobre prochain ... est bien présente, et je vous l'assure, très informée, et même concernée ! (2)

Sujet éternel qui fait notre identité locale : qui sommes-nous ici en Comminges ? Quelle est l'assiette de notre renommée n'hésitons pas à dire, mondiale : le Jazz en Comminges ? Fibre-Excellence qui valorise la forêt durable pyrénéenne ? La capitale des Pyrénées centrales ? Les Aurignaciens à Aurignac ? Les romains à Lugdunum ? Saint-Bertrand à Saint-Bertrand et Saint-Just à Valcabrère ...? 

 ...pas du tout !

la bonne réponse ?

elle se passe au miocène, moins 23 à -7 millions d'années :

le Comminges des paléontologues 

personne mieux que Francis Duranthon pour nous en parler !

difficile de se projeter aussi tard en arrière !

La meilleure façon d'imaginer, est cette carte étonnante : 



Première remarque : on passe de l'Afrique à l'Europe en contournant la Méditerranée par l'Est : nos rhinocéros européens filent ainsi au Sud, pour coloniser l'Afrique. Les prototypes des éléphants (proscibiens) filent à l'inverse au Nord et viennent chez nous ! Seconde remarque : Angleterre et Europe sont collées, j'imagine les Anglais-brexiteurs furieux de cette appartenance au continent ! Troisième remarque, le climat de l'époque change pendant les 16 millions d'années du fameux miocène, sachant qu'il était en moyenne plus chaud (20°) que de nos jours (14°) : j'ai noté successivement subtropical / humide avec mousson / sec / humide / très sec, la Méditerranée s'évapore totalement, laissant visible une couche de sel de 800m d'épaisseur ! Ce n'est qu'après que l'Atlantique se vide dedans par le détroit de Gibraltar pour la remplir à nouveau ! 

notre réchauffement climatique parait relatif comparé à ces variations passées !

Seconde remarque : la paléontologie est basée sur la découverte, et l'identification des fossiles. Or la fossilisation des corps mous est un phénomène complexe qui suppose des conditions rares d'anaérobie, et un sol d'accueil particulier. Les mollasses du miocène, faites de sable grossier et d'argile sont un substrat parfait, et le Comminges se trouve être, sur la planète entière, une zone particulièrement favorable. 

Troisième remarque, nous avons eu (nous en avons toujours) des scientifiques de Haut niveau, comme Edouard Lartet :


J'ai presque envie de dire que je l'ai bien connu dans le Gers, puisque débutant comme avocat (on sait aujourd'hui que cette profession peut tout entreprendre dont en politique) et se faisant parfois, comme cela est encore le cas dans nos campagnes reculées, rémunérer en nature : de canards gras (qui sont toujours les descendants des dinosaures) ou mieux ... des premiers os de fossiles ! Il est ainsi grâce à un don le premier à avoir découvert le premier singe fossile, Pliopithécus. C'était une révolution à l'époque (je parle de 1850) Darwin n'avait pas encore décrit l'évolution, et nos anciens croyaient qu'Adam (et Eve forcément) étaient issus tout blancs-tout finis de la Génèse, avec une intelligence de l'esprit d'une part, et avec la conscience d'une âme d'autre part, générés par le Dieu qu'on ignorait précéder le big-bang ! Homo sapiens n'est pas sorti tout parfait comme on le rencontre aujourd'hui, il est lui aussi le résultat (certes magnifique) de l'évolution :

Lartet est le premier à nous apprendre, à notre immense étonnement, (celui des Parisiens compris), qu'avant nous, a existé un homme fossile tertiaire !


je sais, peut-être ne devrais-je pas photographier les écrans, ce qui donne des photos floues !

sur cette photo on lit pourtant St Gaudens ! 

c'est une dent... j'y reviendrai ! 

Nous avons un petit problème de localisation, car ici tout revient à la Capitale Saint-Gaudens, alors que le lieu de découverte peut être voisin, mais différent, d'où la première révélation de Francis Duranthon


Valentine est la bourgade d'en bas, en bas c'est la vallée de la Garonne, quand St Gaudens fortifiée s'est positionnée en haut, en haut c'est la côte qu'a creusée la Garonne dans la mollasse argileuse. La denivelée est 50m. La côte de Valentine est la descente qui descend de St Gaudens en bas, et recoupe donc les alluvions mollassiques provenant de l'érosion des Pyrénées. On peut donc descendre cette côte qui constitue une coupe géologique verticale pour peu que l'on fouille de bas en haut et réciproquement

il n'y a que Eugène Trutat pour prendre des photos aussi parfaites

C'est là qu'Alfred Fontan, (dont le conférencier a retrouvé les traces, et qui s'avère être contrôleur de l'enregistrement à Mazamet, on se demande le lien ? ...mais est marié à une St-Gaudinoise, symbole de goût de sa part, et qui nous rapproche du lieu de la découverte), trouve cette mandibule. Comme le font tous les inventeurs et les chasseurs de cèpes, il s'est bien gardé de dire précisément où, et on ne le saura qu'aujourd'hui... tout près de là où j'habite, reconnaissez que pour moi c'est un comble !




Vous réagissez comme moi : on dirait bien un singe... et pas un St-Gaudinois ! 

sauf que les dryopithèques se placent tout près de nous dans le classement des hominidés




 ;;;et vous observez un détail d'importance : Francis, conscient que la femme est bien plus aboutie que l' homme en terme d'évolution, représente homo sapiens sous forme de femina sapiens ! J'en parle à Jean-Luc L. avec qui nous cherchons l'aqueduc de Lugdunum et il me parle de lady sapiens : certes nous sommes loin loin avant le paléolithique, mais on les découvre, (nos femmes aimées) chasseresses, artistes, et même cheffes de clan ...il est temps de les réhabiliter dans leur rôle de premier plan !

par contre nous sommes bien entre le Gorille et le Chimpanzé

la révélation de Valentine est donc la suivante : avec le dryopithèque, St Gaudens figure bien, auprès des paléontologues du monde entier, comme le maillon déterminant du miocène, annonçant, préfigurant mieux encore ... l'arrivée de l'homme actuel sur Terre, et cela bien avant que l'homme (et la femme) d'Aurignac, le confirment eux aussi ... !  

cette carte est fabuleuse, car elle place le dryopithèque de st Gaudens de l'autre côté de son cousin hispanique, mais elle montre, au Tibet, ce qui il y a à peine 7000 ans était peut-être l'ancêtre du yéti



l'évolution, en quelque sorte, c'est nous !

une conclusion

Comme le dryopithèque n'est connu que par la fameuse mandibule, et quelques rares os, et puisque désormais on sait où il a été trouvé, les recherches ont repris pour retrouver d'autres vestiges qui permettraient, en sus des techniques de l'anatomie comparée inventée par Cuvier, de mieux cerner la personnalité complète de ce premier saint-gaudinois :



l'endroit où tout a commencé... et tout va se poursuivre !

last but not least !

Là où le Comminges est en première place mondiale, est la quantité de sites, où on a trouvé d'autres mammifères fossiles : une espèce de grand paresseux qui est un Chalicotherium :


et puis des rhinocéros


simorrense c'est Simorre, tout près dans le Gers

notre Fontan était un suractif, avec ses hélicidés :



mais la grande récente découverte, c'est cela


on savait que les proscibiens étaient remontés d'Afrique


deux défenses à la mâchoire inférieure, "des socs de charrue pour labourer les sols humides"

on les connaissait par leurs grosses-dents (masto-dontes)

la fameuse étiquette St Gaudens sur les dents de mastodonte

la fiche wiki du gomphotherium est remarquablement actualisée :

voilà le mystère de Saint-Frajou

non pas de simples grosses-dents

un crâne entier intact !








le Gomphotherium pyrenaicum grâce à Lartet est antérieur à son homologue Allemand de Senckenberg découvert après

la variante pyrénéenne commingeoise prime sur l'Allemande

une expo internationale est envisagée à Toulouse

première mondiale à venir !



Francis connait son sujet

il a le talent de conter nos ancêtres

et de raconter des anecdotes

merci Monsieur le Docteur en Paléontologie :

Sacrée Leçon d'Histoire !




PS 1 : l'assistance aura été ravie des anecdotes : Francis a voyagé avec Jean-Loup Welcomme, pour découvrir le plus grand mammifère ayant existé, et il nous raconte sa version. Il se trouve que je connais Jean-Loup, malheureusement décédé il y a quelques mois, pour avoir entendu des tas d'aventures, par son frère Jean-Jacques, et leur père Pierre, grand artiste peintre au demeurant, en sus de l'industriel de la laine belge qu'il avait été avant de vivre au château de Courmangoux. J'ai participé à son déménagement avant sa vente...découvrant dedans... un squelette entier de baleine... dont j'ai pu ramener une vertèbre...squelette stocké bien entendu par Jean-Loup, qui n'avait pas trouvé la place pour le ranger chez lui !




Version Jean-Loup, rapportée par son éditeur :

Avril 1999 : une équipe française reconstitue au Pakistan le squelette du plus grand mammifère de tous les temps, un géant de vingt tonnes et neuf mètres de long, le balouchithère. La découverte exceptionnelle d'un animal mythique gros comme trois mammouths ! L'aventure commence avec un homme hors du commun, Jean-Loup Welcomme. En 1993, il parvient à entrer au Balouchistan, une région du Pakistan interdite depuis presque un siècle, hostile, désertique, peuplée de guerriers légendaires, les " tigres Balouch ". Pendant presque dix ans, il parcourt l'un des déserts les plus inhumains du globe, apprenant la langue des guerriers, adoptant leur costume et leurs coutumes. La détermination est sans faille et les aventures folles : guerres tribales et sanglantes dont nos chercheurs risquent à chaque instant de devenir les otages et les victimes. Jusqu'au jour où, là où toutes les expéditions s'étaient cassé le nez depuis un siècle, Welcomme réussit enfin à reconstituer l'ossature complète de la bête mystérieuse. Mais l'histoire extraordinaire continue, les surprises sont nombreuses et quelques traces de nos lointains ancêtres se profilent à l'horizon... Pour la première fois, un paléontologue ouvre ses carnets de terrain et raconte : " J'ai envie d'emmener les gens là où ils n'iront jamais. " Une incroyable aventure scientifique, ethnologique et humaine.

Francis improvise avant la conférence, en réponse à la présentation par G Monfort :

... il confirme ! oui, les "tigres Balouch", il fallait les approcher, pour avoir l'autorisation d'entrer sur leur territoire ! Leur Prince était fier de son armée : 40.000 hommes-tigres ! Encore fallait-il le rencontrer ! Ce premier exploit réussi Francis encore jeune, qui avait pratiqué le judo niveau ceinture noire, avec des prix nationaux à l'âge de cadet, se retrouve face au Prince. Ce dernier demande : -"je veux bien participer à l'expédition, mais pour cela, il faut un Chef ! -"Un Chef ? Mais comment le désigner" ? répond Francis ! Réponse : -"ce sera le plus fort d'entre nous" ! 

 -"eh bien, nous allons nous battre" ! 

Et les deux chefs (présumés) s'empoignent une première fois. Grâce à sa maitrise du judo, c'est Francis qui coince le Chef des tigres à terre d'une clé au cou. Le Chef des Balouch perd son souffle, il a perdu, vexé, Francis comprend qu'il lui faut une revanche, sinon c'est fichu pour la suite !

C'est à l'occasion de cette revanche, un peu plus brutale que la précédente, que les deux protagonistes casseront le lit de la chambre où se déroulait le combat, avec la nouvelle victoire de Francis : son protagoniste s'incline !

Le récit de l'éditeur de Jean-Loup Welcomme ne précise pas ces détails, pourtant décisifs pour la découverte commune du balouchithère, dont on comprend mieux maintenant l'humour du nom !

PS (2) : il arrive que quelques billets de ce blog (devenant pléthorique) tombent dans des mains initiées : c'est ainsi que la dent d'Odile, qui appartient bien à un proscibien du genre de notre Deinotherium giganteum, (à moins que ce soit un gompho...) a été lue par Viven Riout : dans la mesure où son nom a été  cité par Francis Duranthon, et qu'il parait avoir participé de près à la découverte du crâne entier qui précède, (et dont le dessous reste à extraire de sa gangue), je lui demande la permission de publier cette photo (masquée) d'hier soir, confirmant qu'il y avait "du beau monde dans la salle", notamment Madame Isaure Gratacos, (qui perpétue par son prénom en Comminges celui de Clémence à Toulouse) qui m'a un jour expliqué l'herzolite de Moncaup, notre mont chauve  :



ce billet confirmant s'il en est besoin l'existence de mastodontes à Saman, proche de Charlas le lieu du fameux barrage réalimentant la Garonne à l'étiage, jamais construit ...
Lespugue est tout près, Montmaurin est tout prêt, butte intacte entourée des mollasses qui nous intéressent, et où les fouilles ont elles aussi repris, mais là, nous sommes plus proches dans l'histoire du lion... et de l'homme actuel ...


PS (3) : il n'y a pas si longtemps, Francis Duranthon soufflait dans la conque de Marsoulas 


PS (4) : Francis Duranthon m'avait reçu avec Jean-Marc Sor, fier à juste titre d'avoir réalisé le film FR3 sur sa découverte de l'ornithoptère de Wallace le 22 aout 2016. Sa "route de origines" avait inspiré "la ruta de las mariposas" commune elle aussi avec nos amis espagnols, présentée à la SEC le 9 novembre suivant.



nous attendons avec bonheur 

le prochain mardi de la SEC