Je vous ai suffisamment abreuvé de (jolies) voitures...! Vous restez cependant confiné, et préfèreriez contempler des (jolies) ... femmes ! Et si le peintre Boucher, François de son prénom, les déshabillait, en les étalant sur un lit (défait) en exhibant leurs fesses, cela nous changerait agréablement, non ?
peu importe si les musées restent fermés... regardez !
A ce propos, je n'en reviens pas : notre Boucher d'aujourd'hui est né en 1703, mort en 1770, et a peint ses chefs d'oeuvre dans les années 1750. Les modèles de l'époque ont maintenant ...270 ans ! Eh bien, malgré les variants de tout poil que l'on découvre tous les jours, prouvant l'évolution rapide des virus, les femmes, nos femmes, n'ont quasiment pas évolué : leurs fesses restent éternelles !
Nous nous rendons au Louvre : un privilège, puisque le Louvre, (dangereux cluster potentiel infectieux), est encore fermé !
personne pour contempler l'odalisque, vos êtes privilégiés ! |
J'avais raison non ? Car si dans les cheveux, notre "odalisque", qui est "brune" selon la légende officielle, (ce qui tient à la couleur de ses cheveux, elle porte pour les tenir un ruban caractéristique de l'époque) (elle l'a gardé par pudeur j'imagine), elle se tient de manière tout à fait provocante, posée sur le ventre, sur des draps défaits, et exhibe un postérieur ostentatoire, tout à fait choquant (pour nos yeux résignés à la pudeur officielle et à la langue de bois de rigueur).
Il se trouve que, empêché donc de me rendre sur place, j'ai trouvé un amateur éclairé qui a pris en photo des détails (pas ceux que vous croyez), détails qui montrent la précision de François dans sa peinture, sans doute faite avec l'aide d'une loupe, tellement c'est minutieux :
la pose de cette jeune femme est caractéristique des peintures favorites de Boucher
un exemple ?
Cette Dame n'est pas n'importe qui dans la vie : le tableau trône en évidence, mieux que notre Joconde, à la Pinakothek von Munich, et aurait été inspiré en 1752 par Marie-Louise O'Murphy : en Allemand; le titre est "Rhüendes Mädchen", traduction : jeune fille au repos !
Nous Français l'appelons : "l'odalisque blonde", toujours les cheveux !
elle n'est pas du tout au repos... elle bosse !
Pour moi qui ai l'esprit un peu malicieux je le confesse, la jeune fille n'est pas du tout au repos : elle le serait couchée sur le dos, en train de lire Proust par exemple, à la recherche du temps perdu ! Là elle ne lit rien, encore moins l'évangile de Saint-Jean, et semble attendre le client, dans une pose qui s'appelle techniquement "cambrée".
l'Odalisque cambrée !
D'ailleurs, François s'exerçait souvent à représenter cette pose, prétextant la mythologie pour peindre de nombreuses Vénus, forcément nues, donc galantes, destinées aux amateurs (de galanteries) !
Je ne suis qu'un modeste concepteur de modèles-réduits de voitures,
et suis totalement béotien en "chutes de reins"
Je vous livre bien volontiers quelques extraits de Connaissance des Arts, pour exposer précisément tous les avantages des Odalisques, qu'elles soient brune, ou blonde... existe-t-il une rousse ?
La naissance de Vénus est beaucoup plus conventionnelle |
...Marie-Louise est née le 21 octobre
1737 … demandez où ? à Rouen ! La famille de Marie-Louise O’Murphy est
d’origine irlandaise, installée en Normandie depuis peu….
Sa mère Marguerite, épouse de
Daniel Morfi, a également laissé des traces dans les annales judiciaires.
Arrêtée le 10 mai 1729, en compagnie d'Anne Galtier, elle est conduite à la
prison de For-l'Évêque, puis enfermée à la Salpêtrière. Surnommée « l’Anglaise
», elle est âgée de 29 ans, est dite originaire de Saint Germain en Laye et
l’inspecteur qui les arrête déclare que « ces deux femmes prostituées vivaient
en débauche avec un jeune homme de famille » « et que c’est à la sollicitation
de ces deux femmes débauchées que ce jeune homme avait fait à sa tante
consanguine un vol considérable ».
…les sœurs de Marie-Louise
O’Murphy sont également connues pour s’être adonnées à la prostitution.
…c’est sans doute à partir d’informations similaires que le marquis d’Argenson notait, dès le 1er avril 1753, dans son journal à propos de Marie-Louise O’Murphy :
« le Roi a une
maîtresse en règle… elle est de l’ordre des putains par famille et par état. »
On s'accorde à reconnaitre Louise O'Murphy dans le très jeune modèle qui posa pour « la Jeune Fille allongée » de François Boucher, un tableau célèbre pour son érotisme non dissimulé, datable de 1752. Deux versions de ce tableau nous sont parvenues, toutes deux conservées en Allemagne, l'une dans les collections de l'Alte Pinakothek de Munich, l'autre dans les collections du Wallraf-Richartz Museum de Cologne.
Boucher, alors au sommet de
sa gloire, s'était fait une spécialité de ces nus délibérément licencieux,
représentés dans des poses lascives en dehors de tout contexte mythologique. La
Jeune Fille allongée, dite aussi l'Odalisque blonde, fait écho à l'impudique
Odalisque brune, peinte vers 1745, dont plusieurs exemplaires sont conservés,
au musée du Louvre ou au musée des beaux-arts de Reims.
le tableau de Cologne est un peu plus clair, mais je n'ai pas trouvé de différence sensible, à part les deux camélias sous le lit le titre en Anglais est : "Reclining girl" |
Boucher est inépuisable
je vous promets une suite
demain !