mercredi 22 mai 2024

Le mystère de Tamara en Bugatti verte ! (5)

 

Après toutes ces Histoires de Bugatti, vous êtes j'espère prêts à "digérer" ce dernier billet, qui clôt les aventures de Marc Antonietti et ses maquettes extraordinaires : vous connaissez ce tableau de Tamara de Lempika, mais connaissez-vous tous ses détails ?

Dans ce qui est probablement son tableau le plus célèbre, Tamara se représente assise au volant d'une voiture de sport Bugatti verte, portant des gants de conduite marron à la mode, un chapeau bien ajusté qui ressemble à un casque, et une écharpe qui se gonfle en plis dramatiques et pointus. Les plis du tissu, les détails chromés si directement exemplaires de l'Art Déco. Les détails de style et l'éclairage saisissant donnent une impression de vitesse comme si le tableau capturait un instant fugace. 

Dans son numéro du 3 octobre 1928, que j'ai retrouvé naturellement, le très lu hebdomadaire VU publie une photo de couverture d'André Kertèsz, mettant en scène une jeune femme au volant d'une voiture de sport. La légende de la photo précisait que la tenue de sport du mannequin, ses gants et sa casquette en cuir étaient tous de chez Hermès. Tamara porte exactement les mêmes accessoires dans son autoportrait, visiblement inspiré de la photo de Kertèsz.

Kertész : Attention au virage (‘Watch the bend’). Actress Blanche Montel. Vu. Numéro spécial du Salon de l’automobile (n. 029), 3 octobre 1928. | src Musée Nicéphore-Niépce

L’œuvre offre une nouvelle image d’une femme moderne – d’une autodétermination et d’une sexualité sans vergogne. L'expression de l'artiste est contrôlée et impartiale alors qu'elle regarde directement le spectateur, s'appropriant le regard masculin traditionnel et contredisant les représentations traditionnelles de femmes censées être considérées exclusivement par les spectateurs masculins comme des objets sexuels. On a heureusement évolué depuis !

 

Le tableau a été commandé pour la couverture de Die Dame, un magazine allemand consacré à la promotion du concept de la femme moderne. Cette œuvre illustre comment le travail de Lempicka occupait une sorte de niche liminale entre les beaux-arts, le portrait pour être plus précis, et l'art graphique. J'ai beau fouiller et re-chercher, je n'ai pas trouvé la fameuse couverture datée de 1929, sachant qu'il y a eu 52 numéros puisqu'il s'agissait d'un hebdomadaire. J'ai trouvé celle-ci :

on lit bien 1er avril 1929

 

Tamara en Bugatti verte – ou Autoportrait – est le fameux tableau réalisé par Tamara de Lempicka en 1929 à Paris. Cette huile sur panneau est l'autoportrait de l'artiste polonaise au volant d'une automobile de couleur verte et de marque Bugatti, pour les puristes, une T43, normalement volant à droite, ici à gauche, les artistes ont tous les droits ! De la même façon, si la Bugatti de base est bleue, couleur de France, Tamara l'a représentée verte, couleur affectée en théorie aux Britanniques ! Peu importe me direz-vous ? Commande du magazine de mode allemand Die Dame pour sa couverture, ce chef-d'œuvre de l'Art déco est conservé au sein d'une collection privée en Suisse. Il n'est pas très grand : 35 x 26,6 cm.

https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=EqC2ueXRgFI

Quand les commentateurs évoquent la voiture, ils parlent de T43, la voici dans Wiki, toujours très documenté :


eh bien moi, je n'en suis pas si sûr, je vois une T50 ! 

je reviens là-dessus après.

La voiture, bien que l'on n'en voie pas grans chose, est déterminante dans la peinture, puisqu'elle signe la notoriété de la conductrice, n'importe qui ne roule pas dans un tel bolide !


On ne voit en vérité, en bas, que la clenche de la portière, une femme qui la peint n'a évidemment aucune idée de la réalité, elle a mis l'axe au milieu, au lieu de le mettre complètement décalé, on lui pardonne volontiers de n'y rien connaitre ... en clenches !  Ensuite, on distingue le montant gauche d'un pare-brise d'une voiture décapotée. Je vous mets exprès une T50 à la place de la présumée T43, la voici par Marc Antonietti, mais bleue : je suis confus de manier encore avec difficulté l'Intelligence Artificielle, mais vous verrez que je me rattrape à la fin. Oui pour conclure, la conduite a été translatée à gauche, pas grave non plus ! Le pare-brise de Tamara est coupé en deux horizontalement, et se relève pour laisser passer l'air....

portière de T43 : les charnières sont devant ! 


encore une T43 rouge, vue de la droite, la portière s'ouvre dans le bon sens

... et puis, une anomalie me saute aux yeux : s'il y a clenche, c'est que la charnière est à l'opposé, vers l'arrière : ce n'est pas une portière de T43, qui s'ouvre dans le sens d'aujourd'hui, les charnières à l'avant ! On dirait une T50, comme celle-ci, on appelle ces portes "suicide", car elles s'ouvrent face au vent, et vont se déchirer si par malheur elles s'ouvraient en marche ?



Mais je ne puis avoir raison, car la T43 a été produite en 160 exemplaires de 1927 à 1932. Cette période colle avec la date "présumée" de la peinture, 1929. Quant à la T50, plus tardive, elle bénéficie du double arbre à cames en tête, expérimenté en course avec la T51, héritée des deux Miller achetées par Ettore sur le conseil du pilote Duray en 1930. Il en a été produit 65 exemplaires, de 1931 à 1933.... sauf si Jean, dont le rôle avait été déterminant dans la création de cette voiture, en avait sorti une première dès 1930 ? 

Alors, à quelle date Tamara a-t-elle peint sa toile verte ? 1929 ? ou un an plus tard, en 1930 ?

aucun expert ne s'est penché sur ce mystère, je serais le premier ?

(cela ne m'étonnerait pas !)

qu'en dites-vous,  vous ?

Je vous ai promis de faire appel à l'intelligence artificielle

(on ne va bientôt plus pouvoir s'y retrouver) !

voilà le dernier autoportrait 

de Tamara, après celui-ci :


je préfère celui-là :


ce n'est pas vrai, le visage a complètement perdu le caractère de Tamara pour en faire une Bimbo ! 

l'IA va fiche en l'air tout l'Art classique tel qu'il nous a été légué par nos Anciens ! 

pas (si) mal, non ... ?

(je ne suis pas d'accord avec moi-même)


la musique fait oublier nos peines



PS (1) : à la même époque, Helle Nice faisait chavirer les coeurs des pilotes :