Nous sommes dans la maison d'un capitaine de Terre-neuvas : en réalisant les travaux, les nouveaux propriétaires ont trouvé un rouleau qui déplié s'est révélé être une carte de Terre-neuve. La carte a été décorée de dessins aquarellés de trois-mâts, qui me font penser au célèbre "Côte d'Emeraude", que je réalisais autrefois, un modèle réduit classique de l'activité des pêcheurs en doris.
le Côte d'Emeraude de Roger Chapelet devant Saint-Malo, avec un pilote au fond |
le tout est patronné par Neptune et son trident, accompagné d'une baleine franche
La bibliothèque est remplie de livre de marins-pêcheurs
Mais le plus émouvant, c'est le rôle d'équipage : petit format ; carreaux 5x5 ; timbres d'enregistrement, et toutes les professions défilent, sous l'autorité du seul maitre à bord : le capitaine Victor Horel : un officier, le second, le cuisinier, des patrons de doris, des mousses....A plusieurs reprises est fait mention de la charte-partie. Parfois d'un baril de lard.
il reste sur place des traces vivantes de l'enseignement maritime :
PS (1) : Morue ou morlue vient du breton mor (mer) et du vieux français luz (brochet) ; cabillaud est une altération de bacalao, qui en espagnol signifie morue. Cabillaud et morue, c’est donc la même chose. L’usage cependant les distingue : le premier est un produit frais ou congelé, tandis que la morue est salée et séchée. "Morue fraîche" relève de l’amphigouri de cuisine. Une "morue" en langage vulgaire est une dame qui s'adonne à la prostitution, tandis qu'une greluche est une femme facile, vous voyez que cela n’a aucun rapport !
je vous emmène demain
au Musée !
PS (2) vous pensez bien qu'après la lecture du livre de rôle du Madiana, j'avais envie de le voir ce beau trois-mâts blanc : voici une gouache qui le représente, j'avoue découvrir Roger Chapelet et ses magnifiques peintures, persuadé qu'il est l'auteur des croquis surchargeant la carte de Terre Neuve :
Première représentation : "Les Terre-neuviers « Madiana »
et « Armoricain » à quai dans le bassin Duguay-Trouin à Saint-Malo".
Gouache de Roger Chapelet (1903-1995). Date : environ 1935, dimensions 65,5 x 80 cm
Chapelet est l'égal des plus grands comme Marin Marie, et Brette (ami des Erny nos cousins d'Avranches)... il fut nommé peintre
officiel de la marine en 1936. L’Armoricain fut construit en 1921 par l’armement
Louis Girard et coulé à Halifax par abordage en 1942. Le Madiana fut quant à
lui construit en 1926 par l’armement Chappedelaine de Cancale. Il fut pris le 5
juin 1941 et vendu à Montréal. J'ai écrit le Madiana, comme dans le rôle d'équipage, mais d'autres titres de gouaches évoquent la Madiana
source (que l'on remercie très fort) : http://allanicmarietherese.centerblog.net/rub-Saint-Malo.html
litho variante montrant le tableau arrière, avec un seul doris |
Roger Chapelet a été un peintre prolixe, et n'a pas oublié les bisquines !
Je souhaite bon vent aux propriétaires de la maison
du Capitaine Horel
en souhaitant que Madiana rejoigne la carte de ses expéditions de Terre-Neuve !
l'histoire se poursuit sur facebook :
https://www.facebook.com/194030920954936/posts/249926102032084/
l'histoire se poursuit sur facebook :
https://www.facebook.com/194030920954936/posts/249926102032084/
PS : j'ai trouvé dans Ouest-France cette photo, mais impossible d'en trouver la date
Victor Horel est le troisième à partir de la gauche |
Ouest-France, 18 juillet 2019. Lundi, L’association Mémoire et
patrimoine des Terre-neuvas présente le film documentaire, Mémoires de brume 2,
d’Alain-Michel Blanc, au cinéma Duguesclin.
Il sera présent aux deux
projections, avec les cinq marins Terre-neuvas cancalais, Victor Horel, Lionel
Martin, Alphonse Convenant, Alain Garrel et Emmanuel Lebrise qui ont apporté
leurs témoignages, avec une vingtaine d’autres marins, sur ce métier aujourd’hui
disparu.
Ce deuxième opus intervient
trente ans après Mémoires de Brumes, qui racontait la vie des marins
Terre-neuvas, surnommés alors les bagnards de la mer, sur des bateaux à voile
de 1922 à 1945.
Dans ce deuxième volet,
Alain-Michel Blanc couvre la pêche à Terre-neuve sur les chalutiers à moteur de
1945 à 1992. C’est un témoignage bouleversant des derniers survivants de ce
métier dur et impitoyable.
Parfois drôles, parfois au bord
des larmes, ils racontent leurs expériences avec sincérité. « Chez eux les mots
ont un sens », souligne le réalisateur. Sans musique et sans commentaires. Ce
film est sans musique, sans commentaires mais pas sans bruits. Entre les
témoignages, on entend le vent qui souffle, les vagues qui déferlent, les
poulies qui grincent, les filets qui remontent avec des tonnes de poissons, les
hommes qui reçoivent les paquets de mer, trébuchent, et tranchent le poisson.
Un monde sonore envoûtant.
Capitaine, second, radio, matelot
ou mousse, ils sont tous dans le même bateau. Qu’ils soient trieur, piqueur ou
trancheur, à laver le poisson, à le saler en cale ou à diriger le bateau, ils
vivent tous les mêmes galères mais aussi les moments heureux d’une bonne pêche.
Le film, qui dure 3 h 30, aborde
tous les thèmes : les raisons d’embarquer (souvent pour l’argent), les
conditions de travail, les tempêtes, les hommes à la mer, les abordages, la
concurrence entre navires pour le poisson.
« Tous les coups sont permis,
fausses infos, mensonges. Il fallait remplir les cales. Mêmes bagarres, mêmes
enjeux que les chercheurs d’or californiens. » Alain-Michel Blanc a embarqué à
16 ans, le temps d’une saison pour Terre-neuve. « Ce film est pour eux, ils
m’ont apporté tant d’humanité. »