Il existe un héritage culturel partagé par les
Européens, fruit d’une histoire commune. En effet, la majorité des pays
d’Europe ont partagé plusieurs expériences, celles que nous vivons toujours lors de nos
voyages : la civilisation grecque ; l’Empire romain et la mise en place d’un
droit écrit ; le christianisme comme facteur structurant de l’Europe du Moyen
Âge ; la naissance des universités à partir du XIIe siècle, avec une forte
mobilité dans toute l’Europe des enseignants et des étudiants, poursuivie par
Erasmus ; l’humanisme et le mouvement de la Renaissance ; la philosophie des
Lumières, porteuse de progrès démocratiques et d’un idéal de liberté
individuelle ; la révolution industrielle avec le développement du capitalisme
et de la protection sociale ; les deux conflits mondiaux du XXe siècle qui ont
accru l’exigence d’une paix durable, tandis que des siècles de guerres avaient
déjà fait naître l’idée d’une unification européenne ;
au-delà des guerres, l’expérience de la violence contre les populations
civiles, avec l’Inquisition, les
pogroms, les guerres de religion, le tout culminant avec l’Holocauste, ce qui a
fait dire à Stéphane Hessel, ancien résistant déporté : “L’Europe est née à
Buchenwald”.
Le livre de Jean-Marie Vernier « l’Héritage
européen » synthétise la culture européenne et ses trois sources :
Athènes, Rome, et Jérusalem avec le Judaïsme antique, puis la chrétienté. Si la population a manifesté son amour pour l'ancien Président, c'est qu'il représentait tout cela, et bien plus encore grâce à "l'héritage des autres cultures du monde".
Je viens de suivre à la télévision
la cérémonie religieuse à Saint-Sulpice, remplaçant Notre Dame : étonnante cérémonie catholique, consacrée à celui qui -pour des
raisons d’universalité des religions- n’avait pas jugé opportun en 2004 de mentionner les racines chrétiennes de l'Europe dans le préambule de la constitution européenne- ; messe avec communion, sous la conduite
de l’Archevêque de Paris Michel Aupetit, ancien médecin, ouvrant la messe en célébrant
le rite de la lumière :
Le cierge pascal est allumé au
pied du cercueil. Il symbolise la présence du Christ mort et
ressuscité, « le Christ, hier et
aujourd’hui, commencement et fin de toutes choses, Alpha et Omega » que je
vous montre dans les Chrismes sur le fronton des églises romanes.
Revient doucement en mémoire,
comme un murmure, cette promesse faite le jour du baptême :
« Vous êtes devenu lumière dans le Christ, marchez toujours comme un enfant de lumière ; demeurez fidèle à la foi de votre baptême. Alors quand le Seigneur viendra, vous pourrez aller à sa rencontre dans son Royaume, avec tous les saints ».
Nos racines sont bien chrétiennes pourtant, et la
République -en toute laïcité- a bien rendu hommage à Saint-Sulpice à l'ancien Président de la République, dans la communion de nombre de
dirigeants du monde, dont le Président Poutine, qui est Orthodoxe, et se fait
expliquer par sa collaboratrice ce qui se passe. Monseigneur Aupetit conclut son homélie par ces paroles : -"Adieu Jacques Chirac" !
J'ai une anecdote : je me trouve responsable de l’antenne
d’Arles du département des Bouches du Rhône en mars 1976. La circonscription d’Arles
englobe la commune des Baux de Provence, lieu célèbre, dont le Maire est le
célèbre créateur de l’Oustau de Baumanière,
Raymond Thuilier, assureur devenu à 51 ans Chef étoilé réputé. Début 1976, nous sommes cinq ans avant les lois de décentralisation de 1981, et le
financement des Collectivités locales dépend encore de l’Etat, et ceux
dépendant du Département se font encore sur propositions du Directeur
départemental de l’Agriculture de Marseille, Antoine Blanc qui a fortement appuyé ma candidature à Arles, petite Rome des Gaules. Le Premier Ministre Jacques Chirac est un ami personnel de Raymond Thuilier,
et atterrit périodiquement en hélicoptère, pour venir dîner d’un loup farci en
croûte, magnifique spécialité du Patron. Naturellement lors d’une de ces
rencontres, le Maire demande à son ami comment il pourrait bénéficier du
maximum de subventions possibles, pour faire refaire l'électricité de son village. Mais il ignore le détail des opérations. C’est
comme cela que le Génie Rural de l’époque reçoit un jour l’appel téléphonique du Premier Ministre, en personne : -« le
Maire des Baux de Provence me dit souhaiter l’aide maximum de l’Etat pour l’enterrement des lignes électriques des Baux, combien lui faut-il » ? L’opération était compliquée
car en refaisant l’électricité, il fallait refaire la voirie, le montant était élevé. J’ai donc rappelé Matignon, on m’a passé le Premier
Ministre, et j’ai pu lui donner le chiffre sollicité avec les commentaires nécessaires pour justifier un taux maximum.
j'ai retrouvé 37 ans après mon exemplaire dédicacé des recettes ! |
Une enveloppe spéciale a été attribuée très rapidement à la commune. Le Génie Rural était chargé de conduire le projet. Qui dit réunions de chantier (hebdomadaires) dit compte-rendu des opérations au Maire… compte-rendus suivis à midi par un repas à la cantine ...quelle cantine... l’Oustau de Baumanière…. !
J’ai pu ainsi dans les années
1976-1977 déjeuner souvent de loup farci en croûte, et y convier -à mes frais- des très proches pour des
repas exceptionnels ! J'y ai connu celui qui était le petit-fils de Raymond : Jean-André Charial, qui a trois ans de moins que moi.
L’ombre du Premier Ministre planait toujours autour de nous !
il n’aimait pas que la tête de
veau et la bonne bière ...
... il aimait aussi le fameux loup farci en croûte...
... et les vins de la
vallée des Baux
Schubert nous emmène au-delà des contingences de ce monde terrestre
un miracle : cette facture a 40 ans ! on mangeait à quatre pour 1096 Francs...156 Euros d'aujourd'hui, un repas gastronomique ! ! |
Schubert nous emmène au-delà des contingences de ce monde terrestre
la musique met de l'ordre dans nos peines