mardi 27 août 2019

Mais que fait donc "le Repos" à Los Angeles ?



Continuant à fouiller dans les immenses ressources de Jan ‘s & Co, fine french antiques, je tombe sur un "biscuit", un gros biscuit qui mesure 85cm. L’original est de Boucher, prénommé Alfred, 1850-1934, le repos est une jeune femme qui sommeille, nue, telle que le Seigneur l’a conçue (sans péché). Je tire une fois encore le fil d’Ariane, vous allez être surpris de là où je vais arriver, alors que le commentaire de l’antiquaire est, pour le moment,  muet sur le principal. Je vous donne le texte original :

« A Very Fine French Sevres Biscuit (Bisc) Porcelain Figure of a Recumbent Nude Lady Titled "Le Repos" After a Model by Alfred Boucher (French, 1850-1934) Sensually depicting a young woman sleeping on her back on a Louis XVI style daybed, her arms above her head supported on a bolster, her knees bent and pelvis twisted to form a S-curve, the bed raised on fluted feet. Impressed with a triangular potting mark with the letter "S" and "1911" next to an ovoid impressed "Sevres" stamp and the letter "T". Circa: Paris, 1911.

Height: 11 1/2 inches (29.2 cm)
Width: 33 1/8 inches (84.1 cm)
Depth: 13 inches (33 cm)
Ref.: A1881

il s'agit donc d'un biscuit de Sèvres, grand, 85cm, un peu moins que l'échelle 1/2


on reconnait le Sèvres à sa couleur blanche, et la jeune femme a tous ses doigts (3)

Je laisse Jan’s poursuivre, pour voir si comme ils le montrent souvent, ils sont aussi forts que cela : (oui, il faut poursuivre en Anglais, mais j’imagine que ça ne vous pose pas de problème majeur ?)

« Alfred Boucher often had an erotic edge to his work, as exemplified by the present nude sculpture. He was employed as a sculptor at Sèvres from 1892-1906 executing accurate portraits and academic monuments in porcelain, bronze and marble. His lifesize nude of this subject, completed in 1892, was acquired by the Luxembourg Gardens and is currently in the Musée des Beaux Arts, Pau. A reduction in marble was sold Sotheby's London, 29 September 1999, lot 369. The model was edited in biscuit porcelain in two sizes. The present example is one of at least thirty-six made between 1900 and 1929. The model first came into production at the Sevres factory in 1896. (See Émile Bourgeois and Geo. Lechavallier-Chevignard, Le Biscuit de Sèvres, Recueil des Modèles Modernes de La Manufacture de Sèvres , Tome II, plache 28, no. 1313).

Vous avez vu ? Ils sont très forts !

Car le vrai Repos de Boucher, en marbre,  est à Pau

coup de pot

Je le savais !

Il suffit donc de faire une centaine de kilomètres pour le voir de visu, ce Repos, grandeur naturelle, il suffirait de se laisser enfermer de nuit dans le Musée de Pau pour … s’allonger le long de la belle endormie, et de son corps lové en S comme le fait opportunément remarquer le commentaire  !


la mise en scène la met devant Madame Maurice Pascal, de Léon Bonnat né à Bayonne. A droite un Sorolla lumineux
et au premier plan Henri IV ado


pour vous donner une idée, le lit mesure 182,8cm, il est en vraie grandeur
hauteur 59,6cm ; largeur 83cm ce n'est pas du tout évident de se glisser derrière la nana sans la réveiller !




il faut lire : A Boucher 1892



pas besoin de voler jusqu'à Los Angeles !

faites plutôt un tour au musée de Pau !


cette disposition ancienne montre le Repos devant la Bacchante de l'espagnol François Etcheto né à Madrid, mort à Paris, réalisée en 1889


 il y a plein d'autres merveilles, sculpture, peinture...

ces photos sont celles du Musée avant la restauration récente
voici la disposition actuelle en août 2019, en plein ménage à 10h00 à l'ouverture !




PS 1 : le musée d'Orsay note "le Repos" sur son propre catalogue comme "affecté au musée d'Orsay 1986", mais il est bien "déposé au musée de Pau", arrêté du 11/01/1978 

PS 2 : au musée Camille Claudel de Nogent sur Seine, existe cette version en bronze doré :



Alfred Boucher a d'ailleurs bien d'autres statues au musée Claudel :

toujours au musée Camille Claudel, ces baigneuses
à côté c'est Diane au bain

et la troisième, c'est la Pensée
 et puis l'hirondelle blessée
























et puis,

l'Histoire ! 



























PS (3) : la vérité m'oblige à vous révéler un détail fâcheux : trois doigts manquent à la jeune femme, ce qui trouble mon propre repos bien entendu : pourquoi la Conservatrice ne les fait-elle pas reposer, d'autant que la cassure de l'annulaire de la main gauche est toute récente ?


ce n'est pas fini

le musée de Pau

est rempli d'oeuvres merveilleuses...

... bientôt : "je repars à Pau" !