Il m’arrive de regarder la télé,
et même des séries : « Boulevard
du Palais » nous entraine dans le monde de la Justice, et de ceux et
celles qui la représentent : Juges, magistrats, procureurs. Substitutes, et
greffières jouent tous et toutes leur rôle précis à leur place précise. Personne
n’omet de conjuguer les titres au féminin ! La police collabore, ou plutôt
est aux ordres, et l’épisode est réussi quand la (belle) Juge (du sexe féminin),
tombe amoureuse du beau Commandant de police (qui la protège de ses démons). Sauf
dans notre cas Rovère, (qui avoue son prénom Gabriel, à la belle Laurence, Directrice
du centre fermé), mais il est poète à ses heures, et d’une sensibilité telle qu’il
comprend ce que les autres ne perçoivent pas. Ils sont en général tous beaux et
belles ce qui facilite les choses naturellement, quand je dis « choses » je parle de la vie
privée en dehors des heures de bureau. Vie privée foisonnante !
Nous sommes dans l’épisode « Mauvaise graine », il y a
des histoires dans l’Histoire, comme dans tout bon scénario. Une histoire de
montre ancienne gravée aux noms de ses successifs propriétaires, pour suivre, il
faut regarder en replay.
Les dialogues sont très réussis,
précis eux aussi, et je note cette observation du Procureur, forcément plus
instruit (encore) que ses semblables, (sinon il n’aurait pas gravi les échelons) à
sa Substitute-redhead-ollé-ollé (le
possessif « sa » prend tout
son sens) ; (l’alcool leur a fait oublier la soirée chaude passée
ensemble, dans le bar du coin)
-« savez-vous Madame la Substitute, la différence entre le tact et
la politesse » ?
…Il est poli : il la vouvoie…
Un énoncé de philo au Bac !
La politesse, du latin politus qui signifie « uni, lisse,
brillant, jaune » regroupe un ensemble de comportements sociaux entre
individus visant à exprimer la reconnaissance d'autrui et à être traité en tant
que personne ayant des sentiments. Chaque culture a ses différentes règles de
politesse.
La politesse se concrétise par
des manifestations verbales (formules consacrées) ou comportementales (gestes
et attitudes). Elle peut apparaître comme une suite de prescriptions et
proscriptions un peu disparates. Quelques exemples issus de différents traités
relatif à la culture européenne, où l'on utilise des formules de politesse :
-dans les transports en commun,
on se doit de proposer sa place assise à une personne âgée, (sauf quand on est soi-même
une personne âgée naturellement, sauf à demander son âge à la dame aux cheveux
blancs pour vérifier qui est le plus vieux)
-dans les lieux publics, notamment dans la rue, on ne crache pas. (on
n’urine pas quand on est un mec).
-le vouvoiement marque la politesse d'un interlocuteur envers un
inconnu, un supérieur et une personne âgée. On retrouve la personne âgée comme
étant la cible à peu près systématique des formules de politesse
-on doit retenir une porte battante à la personne qui passe
juste derrière soi. (surtout si elle est âgée).
-on ne parle pas la bouche pleine.
-on n'interrompt pas une conversation entre deux personnes sans
respect de l'autre (on peut "couper la parole" tout en étant poli) ;
Sauf quand on débat à la télé naturellement !
-dans une discussion on doit attendre d'avoir la réponse à la
question avant de remercier la personne. (sauf quand on est présentateur à la
télé naturellement) !
-lors d'un repas, on place le curé à la droite de la maîtresse de
maison, et on appelle l’évêque « Monseigneur ». Il faut dire que
personne n’invite plus le prêtre à la maison, on l’invite au Mac Do, et il s’habille
en civil !
-lorsque l'on désigne un groupe de personnes où l'on est inclus, on
se cite en dernier : « Pierre, Paul, Jacques et moi ».
J’arrête, vous avez compris, vous
appliquez ces règles tous les jours, et les messieurs présentent toujours leurs
hommages (respectueux) aux dames, sauf à celles de mauvaise vie bien entendu, (mais
j’ai cessé de tenter de les distinguer les unes des autres, surtout à la télé).
Quant à tact, figurez vous que le
mot vient du latin tactus (« sens du toucher »), lui-même participe passé du
verbe latin tangere (« toucher »). Et il y a non pas une, mais trois
significations :
1-Toucher, sens par lequel on connaît ce qui est chaud ou
froid, dur ou mou, uni ou raboteux, etc.
2-(Figuré) Sentiment délicat des convenances, des nuances,
de la mesure.
« Avec beaucoup
de tact, ce vieillard, qui savait n'être ni autoritaire ni égoïste, s'efforçait
de gagner l'affection de Nazira et de se faire pardonner d'être vieux ».
— (Out-el-Kouloub, Nazira, dans "Trois contes de l'Amour et de la
Mort", Édition Corrêa, 1940). Je trouve ça sur wiki !
3-Faculté de se conduire ou de
parler en prenant garde à ne pas blesser la sensibilité, l'amour-propre ou plus
simplement les convenances. C’est à cette signification que l’on pense d’habitude,
dans les relations avec autrui : on aura
le tact de ne pas relever une erreur. Sur les plateaux télé, il est rare
que quiconque soit poli, encore moins fasse montre de tact. Il y a comme cela
aujourd’hui des mots, des sentiments, des sensibilités, tous oubliés !
J’en reviens à mon
épisode, et à la question posée par le Procureur à sa Substitute.
-« Vous voyez, mademoiselle, précise-t-il, un Monsieur rentre dans
une salle de bains, et y découvre une femme absolument nue. La politesse consiste à
intervenir pour dire par exemple : « Pardon Madame, veuillez m’excuser »,
et il file ».
En réalité, vous pensez
bien que le Monsieur aura maté la dame à toute vitesse, aura résisté à la
tentation de lui demander l’autorisation de la rejoindre. La politesse consiste
justement à réprimer ce genre d’impulsions, et à rester impassible…
le Procureur poursuit :
-« Le tact, c’est
autre chose : le Monsieur refermera la porte, et dira : « Pardon Monsieur, et veuillez
m’excuser ! Et il file...
...comme s'il n'avait rien vu !
En pratique, je crains que cette
délicatesse soit contreproductive : vous connaissez, vous, une dame nue
sous sa douche, qui ne sera pas vexée qu’on l’appelle Monsieur ?
Dans ce cas précis, la politesse va primer sur le tact !
tout ça est une question d'éducation !