il faut venir la nuit pour voir les fils lumineux de Florence Carbonne |
"le bel été, trouver la
faille"
C’était il y a un an, pile. Je
vous sers onze épisodes sur Bonnefont, après une quête infernale pour recoller
les morceaux de l’abbaye dispersée aux quatre vents. (1) Sur place, le chantier
de la reconstruction du mur de la salle capitulaire avance, porche central
posé, et partie gauche. Je devrais dire partie Nord. Je me dis que la prochaine
étape sera la partie droite, au Sud reconstituant ainsi la façade de l’ancienne
gendarmerie de Saint-Martory ?
Je me dis, mais j’ai tort !
Nos amis toulousains veulent voir
sur place, facile de s’y rendre, il fait beau, il n’y a personne, sauf les
organisateurs de la soirée de ce samedi 9 juillet, qui va voir illuminer les
montages de Florence Carbonne. Avec le slogan : « Le
bel été…trouver la faille »
Les blés sont mûrs, les
scabieuses en fleurs, les demi-deuils volent en quantité, c’est l’été, le bel
été. Il fait chaud, indispensable de se cacher à l’ombre. Florence Carbonne a
tendu des fils partout, on ne peut entrer dans le cellier, encombré des
ingrédients destinés au pot du soir.
Tiens, l’entreprise spécialisée dans
les monuments historiques est partie ? Tiens, la façade centrale du morceau de la salle capitulaire est
décalée vers l’avant. Tiens ? "ils" ont créé un demi-cercle (en partie) poli au Nord.
Tiens, "ils" ont cimenté la partie droite, imitant ainsi les ruines à l’antique
des monuments antiques. Tiens ? "Ils" n’ont pas fini les parties supérieures…tiens ? "ils" ont laissé l’herbe par terre, sans reconstituer la moindre parcelle du dallage du cloître disparu…
…ça y est, je comprends : il
s’agit d’une évocation sans doute…de l’évocation d’une reconstitution inachevée.
La beauté est dans la suggestion : au visiteur de dupliquer (mentalement) les parties
reconstituées, de se projeter, pour
compléter les parties manquantes : œuvre d’imagination, certes, mais qu’ont-"ils" donc fait des matériaux, colonnes et chapiteaux d’origine sans doute encore cachés
dans leur réserve ?
Impossible de rester plus
longtemps pour attendre le soir : nous partons pour Saint-Martory, voir la
façade de la Mairie : tiens ? les colonnes du haut sont restées en
place, on aurait défiguré la façade si on les avait démontées. Et puis…l’imagination
fait le reste, on imagine assez bien Bonnefont reconstitué au premier étage ?
Halte devant l’église pour revoir le portail. On rêve de le démonter pour le
remettre en place, il suffirait de créer une porte toute simple, personne n’y
verrait malice. Méditation à l’intérieur devant la grand-croix, vient-elle de
Bonnefont ? Salut à Saint-Joseph, robe magnifique qui recouvre celle de l’enfant-Roi.
Tant qu’à faire, nous filons à Touille pour revoir l’église démontée puis remontée à grand coups de 88 transports par charrettes : toujours là, fermée, façade imposante, avec ses voussures en billettes régulières et en torsades périphériques, je vous ai dit en son temps ce que j’en pensais, à destination des pélerins de Compostelle censés retrouver leur chemin de Saint-Jacques en suivant la voie lactée.
J’en rêve toujours : d’une
évocation de Bonnefont en 3D : les photos des parties disséminées
rassemblées ; les colonnettes remises virtuellement en place. Les dallages
des promenades reconstitués. L’ombre et la lumière. Le murmure de la fontaine.
Le dortoir des moines. On verrait tout cela en relief dans l'obscurité protectrice du cellier...
Et les Pyrénées tout autour, avec les demi-deuils qui volent et volent tout l'été dans les champs alentour.
Et les Pyrénées tout autour, avec les demi-deuils qui volent et volent tout l'été dans les champs alentour.
Ca y est, ça fonctionne, en quelques heures,
je me suis projeté :
j’ai fait ma reconstitution perso !
(1) http://babone5go2.blogspot.fr/2015/08/les-chiens-dorion-11.html,
et voir les 10 épisodes qui précèdent, vous saurez (presque) tout sur Bonnefont, l’abbaye
aux trois cents colonnes