Encore une aubaine due aux journées du Patrimoine : j’ai
l’habitude de me rendre à Labarthe-Inard, mais c’est pour rencontrer Saïd, qui
me peint mon autobus, bien utile pour découvrir les merveilles cachées des
Pyrénées. Jamais je ne serais allé au château de la Maguère, derrière la ligne
SNCF, si je n’avais eu accès aux visites des journées du patrimoine !
Je reprends le commentaire de Jean-Jacques
DARD, dans la Dépêche du Midi : « C'est un coup de coeur, une photo
derrière la vitrine d'un agent immobilier. Pierre et Eliane Monnereau,
garagistes dans la Nièvre préparaient leur retraite.
« Ils sont descendus plus au
Sud. C'est ainsi qu'ils ont découvert « La Maguère », un château niché au pied
de Labarthe- Inard, une ruine qui pleurait de toute part mais qui ne demandait
qu'à exister, une vieille bâtisse avec ses seaux, ses rats autour et ses
tapisseries en haillons. Pierre et Eliane se sont pris d'affection. Ils se sont
installés en 1997 et ont redonné vie au château.
« Jour après jour, « La
Maguère » retrouve son âme. Les pièces du bas ont ressuscité et retrouvé leur
splendeur. Alors, Pierre et Eliane se sont attaqués aux chambres du haut. C'est
en ôtant le papier avec la machine habituelle à vapeur qu'Eliane a découvert le
secret de « La Maguère » : une inscription en lettres jaunes cachée sous
deux couches de papier peint. Le texte va du plafond au sol. Il est signé
d'Auguste Péres, sous-officier du 95ème escadron, daté du 17 novembre 1892 et
reprend le message du général Lapasset lu à ses hommes le 28 octobre 1870 au
lendemain de la capitulation de l'armée française lors de la guerre avec la
Prusse.
« La surprise passée, j'ai pris une feuille et j'ai tenté de décrypter le texte. Plus on descendait vers le
sol, plus cela devenait difficile », explique Eliane. Puis elle a alerté le
ministère de la Défense et les archives nationales. « Gérard Cassan, commissaire du gouvernement est venu ces derniers jours. Il a reconstitué le
texte et fait des recherches sur le général Lapasset. » Nous sommes en
2001.
« Sur le mur de « La Maguère
» il est écrit: « Général Lapasset à sa
brigade. Officiers, sous-officiers et soldats. Ne pouvant manquer à la
discipline, un brave ne peut le faire sans commettre une grande faute, la
Patrie meurtrie réclame de ses enfants un acte d'héroïsme. Que nos coeurs
soient unis pour la même volonté. Nous ne voulons pas trahir nos drapeaux. Ne
nous faisons pas complice de leur trahison. Le drapeau national a parcouru les
5 parties du monde. N'oublions jamais la journée... (manque un mot) Le 28
octobre 1870. »
« Pierre et Eliane
Monnereau, comme Gérard Cassan poursuivent leurs recherches. « J'ai joint, hier, Bernard Lapasset, le
président de la fédération de rugby. Il semble que ce général soit un de ses
aïeux. Mais on s'interroge de savoir qui était cet Auguste Péres? Pourquoi il a
repris ce texte quelques mois après qu'un hommage ait été rendu au général?
Pourquoi l'avoir caché? ». Si « La Maguère » a dévoilé son secret, l'énigme
demeure.
Le général Lapasset
héros de la guerre de 1870
Fils d'un officier d'ordonnance
du gouverneur de l'île de Ré, le général Ordonneau, Ferdinand- Auguste Lapasset
est né à Saint-Martin de Ré le 29 juillet 1817. Après un cursus militaire très
classique qui l'amène du prytannée de La Flèche à l'Ecole de l'Etat-major en
passant par Saint-Cyr, il effectue une grande partie de sa carrière en Algérie.
En 1868, il revient en France avec le grade de général.
C'est lors de la guerre de 1870
qu'il forge sa grande popularité par son action courageuse et combative. En
effet, après la défaite, l'attitude de nombreux généraux et maréchaux fut
vivement critiquée, notamment Bazaine, condamné à l'exil, ce qui provoqua, en
réaction, une immense vénération pour ceux qui, comme Lapasset, se battirent
jusqu'au bout. Ainsi au moment de se rendre, le général Lapasset fit brûler les
drapeaux des régiments de sa brigade pour ne pas les laisser en trophée à
l'ennemi. Il explique son geste à son supérieur le Général Frossard :
« La
brigade mixte ne rend ses drapeaux à personne et ne se repose sur personne de
la triste mission de les brûler. Elle l’a fait elle-même ce matin et j’ai entre
les mains le procès-verbal de cette lugubre opération ».
tableau d'Etienne Dujardin-Beaumetz |
Ce fait d'arme fera sa gloire et
sera rappelé, notamment, lors des cérémonies du 29 juillet 1892 où une plaque
fut posée sur sa maison natale et la rue dans laquelle elle se trouve baptisée
de son nom. Il est mort le 16 septembre 1875 à Toulouse.
Alors, sommes-nous chez Auguste
Pérès, un fan du général ? Le château aujourd’hui est meublé prêt à être
habité. On y vend des pommes, qu’il suffit de venir cueillir soi-même. Sur les
tables trainent les livres de Jean Suberville. On parle de Romain Rolland
séjournant ici en 1920.
Combien de mystères se cachent dans ce Comminges apparemment si lisse…
…pleins de mystères à découvrir…?