lundi 20 juillet 2020

Stéréotomie (4/4)

Quel programme ! !  un vrai programme éducatif de vulgarisation ! 

introduction du livre de Gaspard Monge

La stéréotomie (du grec : στερεός : « solide » et τομή « coupe ») est l'art de la découpe et de l'assemblage des pièces en taille de pierre et aussi en menuiserie (terme moins souvent utilisé pour ce métier), dans le but de construire des éléments architectoniques comme des voûtes, des encorbellements, des trompes, des volées d'escalier.

L'étude théorique de la stéréotomie s'appuie sur des traités où sont développées les techniques de dessin permettant de représenter les ouvrages à réaliser. Ces techniques de géométrie, développant l'art du trait ont été codifiées par Gaspard Monge dans la géométrie descriptive et s'appuient sur les projections.


La stéréotomie est surtout l'art de découper des volumes en volumes plus petits, formant un ensemble qui « tient debout ». Par exemple, la division d'un arc en plusieurs pierres. Les tracés peuvent en être très complexes. Par exemple, la division d'un arc en anse de panier à 11 points, rampant, de biais dans une trompe conique. Lors de la taille des pierres de ce type de tracé, aucune face ne sera d'équerre avec une autre, et le tailleur de pierre aura besoin de panneaux en vraies grandeurs (surface exacte projetée perpendiculairement) pour toutes les faces de son « caillou », le calepineur préparera les projections de toutes ses faces à une certaine échelle, puis l'appareilleur préparera à l'échelle 1 les panneaux servant à la taille.

Le spécialiste en stéréotomie est avant tout un excellent projeteur. La complexité et la réalisation de certains calepins étant difficilement concevable par d'autres dessinateurs, telle la réalisation de panneaux de têtes et de calibres rallongés servant à la taille de limons d'escalier (projection parallèle de segments d'hélicoïdes sur une surface plane servant à l'édification des panneaux formant la courbe du limon) ou le calepin pour l'appareil d'un escalier en vis de Saint-Gilles.


En général, le trait se pratique avec une règle, une équerre et surtout un compas. Un spécialiste ne se servait principalement que du compas et de la règle, et était capable de diviser un cercle en 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, etc. parties égales en appliquant des règles de géométries descriptives simples, basées sur des rapports reconnus. De même, pour diviser un angle en 2, 3 ou 4 angles égaux, et le raccordement de segments d'arc différents, trouver une perpendiculaire à une droite passant par un point donné, etc.

comme je passe beaucoup de temps dans la Cité des Convènes, (devenant convène moi-même), je suis heureux de vous montrer ce compas romain antique, qui prouve que nos ancêtres faisaient (sans le savoir) de la stéréotomie !
L'apparition de la CAO et de la DAO bouleverse un peu les habitudes, mais n'empêche pas de gagner du temps en connaissant ces règles.


Tout à fait à l'origine, le carnet de Villard de Honnecourt présente des exemples de trait pour un voussoir. Il faut bien que le tailleur de pierre coupe les pierres une à une, avant de les assembler selon un demi-cercle, posé provisoirement sur un échafaudage en bois, lui-même découpé et assemblé par un menuisier, afin de construire un arc roman. Ce carnet n'est pas un traité mais un recueil de recettes. Cependant il montre qu'une science du trait existait au XIIIè siècle.






Vous savez l'anecdote de la NASA, racontant que l'on ne saurait plus envoyer d'homme sur la lune aujourd'hui, car les logiciels utilisés pile il y a 51 ans (le 20 juillet 1969), (c'est tellement loin), ne fonctionnent plus ! Il en est de même avec les ingénieurs EdF qui ont perdu leurs connaissances en ne construisant plus de centrales atomiques, et qui "galèrent grave" avec l'EPR de Flamanville, en ne maîtrisant plus ni la technique, ni le temps, ni l'argent ...!

La majorité d'entre nous ignore désormais ce qu'est la géométrie descriptive

décrite par Monge en 1795

(cela fait 225 ans) !

... encore moins la stéréotomie,

... et les sciences des architectes connues par Villard de Honnecourt

ainsi se termine ce quatrième billet 

demain, je vous fais visiter 

la si jolie église XVIIIè d'Encausse-les-thermes !