jeudi 16 juillet 2020

Attention au raisin de serpent !


Tout ce printemps, notre chemin du confinement était rempli de feuilles de gouet, et de curieuses fleurs, des spadices, faisaient penser à un organe sexuel ...  c’en était un ! L’Arum tacheté ou le Gouet tacheté (Arum maculatum) est une plante herbacée des régions tempérées de la famille des Araceae. L'inflorescence sapromyophile émet de la chaleur et diffuse des odeurs d'excréments pour attirer de petites mouches qui assurent la pollinisation. Il était autrefois appelé la Chandelle, le Pied-de-veau, le Manteau de la Sainte-Vierge, la Pilette ou la Vachotte….c’est une plante toxique, vous allez voir !




Arum en latin et aron en grec désignaient diverses espèces de ce genre. La forme des feuilles a suscité autrefois le surnom de pied-de-veau car elle évoque les traces de pas laissées par les sabots des bovins. Une légende religieuse prétend que cet Arum a poussé au pied de la croix et que les taches sur les feuilles correspondant aux gouttes du sang du Christ. Chez nous, les taches observées fin mars étaient blanches, ni noires encore moins rouges. L'arum tacheté fut jadis qualifié de « vit de prêtre » ou « de chien » pour la grêle et blême érection de son spadice ce que je vous racontais plus haut. Cette image grivoise fait référence à l'abstinence des prêtres qui était supposée avoir une influence sur la taille de leur pénis.




Jadis, l’Arum maculatum était considéré comme une plante magique associée à la magie blanche. Autrefois on pensait que le tubercule du pied-de-veau enveloppé dans une feuille de laurier  (d'Apollon) favorisait les entreprises juridiques

Chez l’homme, l’absorption de ces fruits (en principe limitée car le goût est terriblement âcre dès la première bouchée !) provoque des réactions fortes : vomissements, soif, hypersalivation pouvant aller à un stade comateux pour une absorption de plus de 15 fruits. Cette toxicité leur a valu plusieurs noms autour des serpents (symbole du « malin », le diable) comme viande de vipère : on prétendait que ces dernières mangeaient ces fruits pour reconstituer leur venin ! d’où le nom destiné à faire peur aux enfants pour qu’ils ne mangent pas de « raisin de serpent »

Dans la nature, ces épis de fruits sont néanmoins consommés par les rongeurs et les cervidés ; au cœur de l’été, quand il fait chaud, merles et rouges-gorges les recherchent comme source d’eau et propagent ainsi leurs graines rejetées dans leurs excréments. Si les fruits ne sont pas consommés, l’épi finit par tomber au sol en début d’automne et les graines peuvent au pire germer sur place.



le temps passe, l'été avance, et la nature évolue

déjà mi-juillet !