retour aux sources
qui m’a ouvert les yeux
(je ne plaisante plus,
je suis sérieux !)
Je suis comme l’aveugle dans le
noir, je patauge et me cogne partout, défonçant même les portes ouvertes….jusqu’à
ce mon sort (d’amateur) apitoie Germain Monfort, « mon Président », érudit membre (voire davantage
puisqu’il est également auteur) de la Société d’Etudes du Comminges, honorable
Société locale dirigée par René Souriac, et qui fête ses 131 ans (puisque son premier Président Julien
Sacaze a débuté son magistère en 1884). Surprise de lire les noms des past-présidents : nombre de de Lassus … Georges Fouet (1969-1993) ;
Gérard Rivère (1993-1998), lui qui Préside l’Amicale de la Collégiale !
C’est lui le spécialiste des chapiteaux
romans !
Premier réflexe quand on entame une
recherche : dresser la bibliographie de ceux qui avant vous ont trouvé, ne
pas recommencer, et si on continue, le faire avec une plus-value. Je promets !
Ce billet est donc un
remerciement sincère au cadeau que me fait la SEDC : l’édition 2010, bel
ouvrage cartonné, 291 pages, des textes et des photos, synthèse des
publications sur l’Abbaye Cistercienne de Bonnefont en Comminges. Puisque j’ai
pris de bonnes résolutions, la référence : tome CXXVI-2010/1.ISSN
0035-1059.
Vous allez avoir du lourd, du
condensé, des sources sûres, l’histoire qui nous est racontée étant plus
étonnante que tout ce je pouvais imaginer !
Comme j’adore les histoires
vraies, qui ressemblent à des contes de fées, je considère que des Français,
animés par la passion, ont récemment engagé trois chantiers d’exception :
la reconstruction de l’Hermione, l’affaire
est faite. La reconstruction du château
fort médiéval de Guédelon, (D955 89520 TREIGNY) date de 1995, il y a 20 ans.
Elle constitue un engagement exceptionnel pour la réinsertion :
reconstruire un château fort avec les techniques de l’époque, et avec des
salariés de l’équipe Emeraude.
Le troisième est la
reconstruction de Bonus fons, engagé
à la même époque : le défi, reconstruire une Abbaye cistercienne, à une
époque lézardée par le doute moral ; les crises financières ; l’embarras
pour les Etats que constitue la nécessaire insertion des populations sans
emploi, sans compter l’accueil nécessaire des migrants du monde entier qui
frappent aux grilles, avant qu’on les entasse dans des camps pour mieux les
refouler.
Pour vous donner le ton, je vais
commencer par le milieu, mauvaise habitude je le concède, je trouve l'article page
99 d’Edmond Duméril et Pierre Lespinasse, nous sommes à la veille de la guerre
de 14, mais l’article ne sera publié qu’en 1926. Le ton est désabusé !
« Souvenir par souvenir, pierre par pierre, Bonnefont (la bonne
fontaine) s’enfonce chaque jour davantage dans les ténèbres du passé. Epargnée
par la Révolution qui se borna à quelques grattages et quelques mutilations de
sculptures, elle a vu peu à peu ses trésors dispersés par la négligence unie à
l’appât du lucre. Elle a servi de carrière de pierre à bâtir, puis de mine à
sculptures pour toute la région, en attendant que celle-ci, oublieuse de son
passé, le renie et le vende à des étrangers. Ce fut un de ces pitoyables
marchés, conclu par un propriétaire déjà riche, qui fit germer en nous l’idée
de réunir les fragments épars, qui témoignent encore de la splendeur architecturale
de Bonnefont, de l’abbaye aux trois cents colonnes… »
Je découvre dans la publication, le jeu de piste surprenant auquel l’amateur (celui qui aime) est convié : des bouts parfois, des morceaux entiers souvent, existent un peu partout : étonnant comme des maçons ont démonté, transporté, et remonté, des pans entiers, des chapiteaux, qu’on transporte dans une brouette, on comprend. Des façades entières, démontées et remontées avec la même facilité, « c’est avec un étonnement toujours nouveau que nous avons constaté la rapidité avec laquelle s’accomplit l’œuvre de destruction matérielle, et s’effacent les souvenirs dans l’esprit des hommes. En soixante ans, Bonnefont qui existait depuis près de sept siècles a disparu presque entièrement ».
Page 88 ces vers d’Autran
Sur tes flancs, vénérable
pierre,
Des caractères effacés,
A travers un réseau de lierre,
Fixent et troublent ma paupière…
Que disent-ils ? Ah !
Je le sais…
|
Ils disent qu’ici bas succombe
Tout ce qui fut puissant un
jour ;
Qu’au cercueil l’homme en
poudre tombe,
Et que le marbre de la tombe
Disparait lui-même à son tour !
|
Je vous ai montré des images de
la rénovation en cours. Comme un jeu de piste, je découvre certains des
morceaux entiers dispersés.
que ferait-on sans les cartes postales Delcampe ! |
Je vous ai parlé du cloitre. En
réalité, quand il a été démonté, c’était pour re-construire, au rez de
chaussée, la maison Déaddé. Celle du maire, mandat : 1860-65. Une
construction sur piliers en quelque sorte, des piliers parfois renforcés,
soutenant les étages supérieurs. Comme le cloitre rectangulaire incluait une
couverture du lavabo central, deux des piliers étaient spéciaux : pour
soutenir de chaque côté la voute en ogives du cloitre, mais sur un troisième côté
perpendiculaire, l’appendice central permettant d’accéder à l’abri du lavabo.
Un de ces piliers a effectivement été repéré quand la maison Déaddé a été à son
tour démontée, devenue entre temps l’ancien hôtel des Postes, remplacé par la
Poste Art Déco d’aujourd’hui.
C’est après cette démolition que l’essentiel des
colonnes et chapiteaux récupérés ont été remontés dans l’ancien jardin d’hiver
où ils sont aujourd’hui ; Ne pas s’étonner donc qu’il manque des piliers,
et que le rectangle d’origine ne soit pas respecté. Lors du retour à la case
départ, il faudra recréer des piliers ; rajouter des colonnes, poser
dessus des chapiteaux, dans la catégorie de ceux qui ont été disséminés.
Après les ultimes
repérages, la chasse va devoir commencer !
Donc à Saint-Gaudens a existé la
maison Déaddé. Mais pas que ! Les entrepreneurs de matériaux ont été
efficients décidément, et a existé une époque où, plutôt que se faire
construire une maison Phénix préfabriquée, il était chic de se faire
reconstituer un bout de Bonnefont.
Comme la maison
Defos, dont par hasard je vous avais parlé
Naturellement, j’y
suis retourné !
Page 98, la description
officielle dit : « une porte
cintrée à plusieurs tores, retombant sur des faisceaux de colonnettes, et
au-dessus, une croisée à meneaux du XVè siècle, ont aussi été apportées de
Bonnefont et rétablies intactes »
il y a deux portails en calcaire jaune de Nankin c'est celui de gauche |
je vous présente Bonus fons !
Il m’est arrivé de rencontrer
dans une vie antérieure Jean-Claude Danis, nous faisant visiter Toulouse,
capitale mystique : devant l’arc de la cathédrale Saint-Etienne, il nous
montrait la voie lactée, symbolisée par les sculptures, entourant l'arc de la porte, aboutissant dans l’image
de canis la constellation du chien, canis représentant Sirius, donnant son nom
à la canicule des chaudes journées d’été. Vous savez naturellement que la voie lactée était dans le ciel l'image du chemin vers Saint-Jacques de Compostelle sur terre.
le canis donnant canicula a malheureusement été érodé par l'Entreprise pourtant choisie par la DRAC, nous ici on nettoie à l'éponge et l'huile de coude |
Je n’ai pas trouvé cette interprétation dans la revue :
Je demande de l’aide : je vous promets de détailler les autres
portes
disséminées ça et là
Prochaine visite : à Touille (avec un T)
Surtout, ne riez pas !