samedi 25 avril 2015

Aurélia Lassaque

le retour des troubadours

poésie à la médiathèque

Cela tombe bien : je vous parlais des troubadours (ce qui signifie poète en occitan). J’ignorais qu’il existât un féminin : Aurélia Lassaque est poétesse, en occitan : « troubaïrits ». Fille d’un professeur de lettres du Lot, son père a décidé de tester (pendant ses vacances de Lycée … ah, ces enfants de prof’s !) un nouvel enseignement de l’occitan. Voilà comment elle a appris cette langue d’Oc. En réalité la même que le Provençal de Mistral…. (N’oublions pas qu’il a été prix Nobel) !  Cette langue qui, disparue, resurgit sans qu’ils s’en rendent compte chez les gens du midi, avé l’assent qui est la dernière musique de la langue originelle. 

« C’est la langue des indiens, nous raconte Aurélia, avant que les colons n’imposent le Français, ce qu’a fait François 1er en imposant en 1539 «  le francilien » dans les actes administratifs, faisant du coup disparaître l’occitan »

Le plus drôle, c’est qu’il s’agit d’une langue-soeur du catalan, et cousine des autres langues latines. Ce qui explique qu’Aurélia se fasse comprendre partout où la culture a conservé ses attraits : dans les pays latins bien entendu. Mais aussi les anglo-saxons. Et même Israël, où elle est traduite en hébreu.


Par contre, si vous voulez évoquer Isabelle, qui est forcément belle, syllabe contenue dans le prénom, mal barré de jouer avec pretty woman, en langue anglaise : nos amis d’outre-Manche préfèrent évoquer Bella, comme quoi traduire la poésie suppose beaucoup d’intelligence !

Bien que toute jeune (elle a trente et un ans et demie précise-t-elle) elle est déjà traduite en plusieurs langues (je parle de la traduction française), ce qui n’arrive d’habitude (pour les hommes) qu’après cinquante ans ! S’agissant des poétesses, je me demande si la fameuse parité ne fonctionne pas à l’envers de l’habitude ! Le charme d’Aurélia opère sur la planète entière, dirait-on !

Pour elle qui pratique plusieurs langues (être fille de prof’ a ses avantages), il lui a été plus facile de commencer à écrire sa poésie en occitan car il s’agissait d’une langue vierge.



Nous sommes dans la médiathèque. Pierre Maubé rejoint notre poétesse, et un dialogue s’engage. Aurélia nous lit des extraits. En Occitan. Traduction française. Elle n’interprète pas : je dis bien : elle lit…

…et le charme opère

D’habitude, on lit les poèmes avec les yeux, sans rien entendre ni rien dire. Ici, on ferme les yeux, on entend les mots, on entend les phrases. On entend l’accent tonique, la musique des mots, on devine de loin quelques significations, une mémoire ancienne cachée dans notre ADN est éveillée… mais il faut attendre le Français pour vraiment comprendre.
























Une magie sonore ...… poétique !


... « l’homme aimait le corps de sa femme ». Que c’est joliment dit ! On comprend qu’Eros reste prégnant, ouf, il passe avant Thanatos, la mort !

« les bouches de ceux qui savent ne s’ouvrent pas, le secret est gardé ».



De retour, je rédige ce billet

et ferme les yeux

J’ai encore dans les oreilles


le chant des salamandres