samedi 27 avril 2013

Gariguette,


ton goût me fait tourner la tête

Par Valérie Péan. Mission Agrobiosciences

Cette petite a tout d’une grande... Variété précoce, la Gariguette est une des fraises les plus vendue sur notre sol. Je viens de me faire prendre, au marché (pluvieux) de ce samedi : mon ami maraicher du Gers bradait sa production, inquiet de voir ses clients rester au lit, dissuadés par la pluie : 25 Euros une caissette entière de dix barquettes :  moitié prix ! De quoi se faire mouiller utilement !


Souvent citée en exemple comme un fruit qui, enfin, a du goût, elle doit son succès à une femme - Georgette Risser- qui a dirigé pendant des années des travaux de recherches au Centre Inra d’Avignon pour créer cette nouvelle variété à la fin des années 70, variété qui fut d’abord cultivée dans le Lot-et-Garonne. Et elle devrait son nom à l’adresse d’un des chercheurs : le chemin des Gariguettes, à Châteauneuf-de-Gadagne. Depuis, avec l’aide de l’Inra et du Centre Interrégional de recherches et d’études de la fraise, la Gariguette a vu apparaître plusieurs petites sœurs, comme la Mara des Bois, très cultivée dans différents départements de Midi-Pyrénées.

Celles que l’on croirait tout droit sorties du jardin n’existait donc pas il y a quarante, trente ou dix ans... D’ailleurs, sans une sélection féroce, il n’y aurait peut-être plus de culture fraisière en France. Car au lendemain de la seconde guerre mondiale, les variétés françaises traditionnelles sont en piteux état. Affectées par la virose, cultivées pendant des années sur les mêmes sols, elles sont d’une faible productivité. Dès la fin des années cinquante, les chercheurs sont chargés de sélectionner de nouvelles variétés plus résistantes aux maladies, plus productives, mais qui conservent néanmoins une qualité gustative. Pas simple, car rien n’est plus fragile que le goût dans lequel interviennent de nombreux arômes. Et plus le fruit est parfumé, plus la frontière est fragile entre maturité et surmaturité. Sans oublier une foule de facteurs qui jouent sur la saveur, selon l’époque de production, les conditions climatiques, l’évolution du fruit après cueillette, ou l’insuffisance de l’apport d’eau. Autant de points qui furent analysés.

Arrivent les années 80. A l’époque, en France, les premières fraises de la saison ne peuvent guère rivaliser avec les variétés précoces d’Italie et d’Espagne. Leur prix s’effondre. Seule la qualité gustative pouvait faire la différence. C’est tout l’enjeu de Gariguette, précoce elle aussi, et savoureuse dès le début de la récolte. Seul problème : de taille plus petite que les autres, elle est difficile à ramasser et à rentabiliser, d’autant que ses rendements sont moyens. Résultat : autour d’Avignon, les premiers cultivateurs auxquels elle sera proposée feront la moue. Peu importe, d’autres vont raisonner différemment : les fraiséristes du Lot-et-Garonne, qui estimèrent que le consommateur était prêt à payer un peu plus cher un produit de qualité.


une autre dame du marché me fait de la confiture de coing


C’est effectivement ce qui se passera, campagne publicitaire à l’appui, menée par le groupement « Fraise de France ». Dès lors, la Gariguette devient la variété précoce la plus cultivée dans l’hexagone.

(Chronique Histoire de... plantes. Mission Agrobiosciences. 13 Octobre 2006)

Week-end pluvieux ?

On s’en fiche : on va se régaler de gariguettes !