L'histoire de Jonas est un vrai petit roman comme je les aime : Dieu lui demande d’aller à Ninive annoncer à ses habitants que sa colère va s’abattre sur eux à cause de leur méchanceté. Je mets Dieu en italique, pour vous faire réfléchir à l’entité Dieu comme quelque chose d’indéfinissable et d’innommable, même Wikipédia a du mal à le décrire). Ninive est alors une importante ville de Mésopotamie, aujourd’hui proche de Mossoul en Irak. Jonas qui a peur de la réaction des habitants (réputés méchants, sans doute à bon escient) s’enfuit sur un bateau en direction de Tarsis. Pas toujours évident de jouer au Prophète ! Vous devinez la réaction de Dieu ! Pas content ! Une fois en mer, la tempête se déchaîne et les matelots après avoir chacun invoqué leur Dieu, (il y en avait plusieurs en ces époques reculées) demandent à Jonas de le faire lui aussi, mais ça ne fonctionne pas on comprend pourquoi. Mal barré pour Jonas !
Furieux et désespérés, ils s'emparent de lui, et le jettent à la mer. La théorie habituelle du bouc-émissaire. C’est comme dans les histoires où l’on raconte que des baleiniers ont jeté à la mer des tonneaux remplis d’huile : la tempête s’apaise instantanément ! Dieu, que dans la Génèse on nomme Yahvé, télécommande alors un « grand poisson » (nous savons, nous qui avons fait des études, qu’il s’agit d’un cétacé) pour engloutir Jonas. Jonas (avalé tout cru) demeure dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits. Ca ne devait pas sentir bon ! Mais il est apparemment intact ! Des entrailles du poisson, il prie Yahvé. Il dit : "De la détresse où j'étais, j'ai crié vers Yahvé, et il m'a répondu ». Yahvé commande alors au poisson de revenir sur la plage, où il « vomit » Jonas. Je mets « vomit » entre guillemets car dans ces histoires colportées depuis des milliers d’années, on n’est jamais certain de la traduction. On en déduit toutefois, nous qui sommes rationalistes, que le poisson n’a pas de dents, qu’il avale (ou gobe) sans mâcher, et qu’il a un gros estomac. Pour nous donc, c’est forcément une baleine. Je raconte des sornettes, et risque de passer à côté de l’essentiel : Dieu pratique le pardon, et vient de le faire sentir à Jonas.
Jonas (une fois séché sur la plage, et on espère douché) se rend donc à Ninive et annonce que « dans 40 jours la ville sera détruite ». C’est alors (le plus surprenant de l’histoire qui du coup s’avère probablement vraie) que les habitants font pénitence, Roi en tête qui décide de jeûner, de revêtir un sac, et de se couvrir la tête de cendre. Voyant ce repentir (nous dirions aujourd’hui cette austérité voire ce début de récession, mêlé d’humilité, bref une attitude pas croyable), Dieu décide de ne pas détruire la ville. On verra que s’agissant de Sodome et Gomorrhe (aujourd’hui en Israël) (il y régnait des mœurs pas catholiques à tel point que (paraît-il) on y pratiquait et ce de manière systématique le mariage pour tous), Dieu ne fera pas le détail et détruira Ville et ses habitants par le soufre et le feu.
toute cette histoire pour montrer cette photo à Emmanuel : un mec rentre facile ! |
Et bien figurez-vous que Jonas n’est pas content : il n’apprécie pas du tout que Dieu après lui avoir pardonné à lui, ait pardonné aux habitants de Ninive : il aurait préféré une bonne punition céleste ! La loi classique du talion, quoi ! Un bon Dieu vengeur, comme avant ! On brûle tout au napalm !
Dans toutes les fables, il y a une signification : Jonas jeté à la mer et mangé par le « poisson » est l’image de la mort. Jonas rejeté par le poisson sur le rivage est l’image de la résurrection. Jonas précède ainsi le Christ, qui lui aussi professera le pardon : il ne nie pas la faute, et ne dispense pas de l'établir ou de la juger, mais il réconcilie les deux parties, et les réintroduit dans le cours de l'humanité
« Ceux qui servent des vanités trompeuses,
c'est leur grâce qu'ils abandonnent ».
je croyais que les baleines mangeaient uniquement du krill : apparemment, celle-ci testerait bien une mouette même plumée ? |