C’est une histoire toute simple
dont les origines sont pourtant compliquées : dans la mythologie grecque (qui ne nous quitte jamais),
vivait en Thrace un roi sanguinaire, Diomède. Il était le fils de Mars, le dieu
de la guerre et de Cyrène, la néréide. Je ne développe pas qui est Cyrène ce
qui est dommage, car elle avait une grande réputation de beauté, et, comme une
espèce de Diane chasseresse, protégeait son troupeau de moutons des prédateurs en les abattant sans aucun état d’âme…Bref ! Il
régnait (je reviens à Diomède)
sur un immense territoire au nord de la mer Egée. Les îlots rocheux étaient si
nombreux que de nombreux navires venaient s’y fracasser. Diomède faisait
capturer les naufragés et les donnait en pâture à ses chevaux. Les juments, qui
étaient quatre, étaient devenues carnivores car le roi de Thrace ne les
nourrissait que de chair humaine. Réputées indomptables, les juments de Diomède
restaient en permanence enfermées dans les écuries, devant leurs mangeoires de
bronze, solidement attachées par des chaînes de fer. Leurs noms (par ordre alphabétique) :
Dinos, Lampon, Podargos et Xanthos.
Aucun ne commence par C, vous allez voir que ce détail a de l’importance.
Devant le danger que
représentaient ces juments, Eurysthée, roi de l'Argolide (région comprenant
Mycènes et Tirynthe), et ennemi d'Héraclès son cousin à qui il cherche à nuire,
lui commande douze travaux impossibles. Dont un numéro huit : se rendre en
Thrace, capturer les juments de Diomède et les rendre inoffensives.
Hercule embarque dans la galère
de Philos, le plus valeureux lieutenant d’Amphitryon, et se rend dans la
capitale de Thrace. Ils arrivent la nuit et repèrent aisément les juments. Ils
entrent dans les écuries où ils sont surpris par Diomède et sa garnison.
Hercule fait prisonnier le roi et le jette dans les mangeoires en bronze où les
juments se ruent sur leur maître (pour
le bouffer). Le temps de digérer, elles se calment et Hercule peut les
approcher et les faire monter à bord de la galère….où elles acceptent le foin
préparé à l’avance qui les rend à nouveau herbivores…jusqu’à ce qu’elles soient
rendues à Eurysthée.
Fin du huitième exploit.
Voilà sans doute pourquoi les
écuries que fréquentent Marine se nomment « les
cavales de Diomède », j’espère une fois domptées par Hercule et
rendues herbivores. Le cheval de Marine est une jument, Cali,
diminutif de California, ou plutôt c’est l’éleveuse de la race pure Minorquine à laquelle appartient Cali qui l’a nommée ainsi, obligée de
commencer par un C, des histoires de stud-book.
noeud vert dans la queue = Cali est débutante |
caresse terminale = bravo pour le sans-faute ! |
Comme un jeune humain, Cali
apprend à se conduire dans la vie : à ne pas bouffer sa maîtresse (elle
avait tendance au début). A ne pas taper (elle a toujours tendance ce qui
explique le prochain nœud de couleur rouge sur la queue). A marcher, trotter et galoper
du bon pied. Et mieux à sauter l’obstacle, ce qui pour un cheval représente un
effort, qui suppose un véritable entrainement.
Marine a donc du régresser par
rapport à son propre niveau, pour s’adapter à Cali qui saute moins haut que des chevaux plus expérimentés.
Et pour donner des références à la jument, il faut l’inscrire au maximum de
concours possible, faire des sans-faute, et plus il y en a, plus Cali prend
goût à être applaudie, plus elle va sauter haut, et progresser, y
compris en prix.
Cela nécessite une alimentation
équilibrée (surtout pas de viande), des soins vétérinaires permanents, des
crèmes, onguents, et potions diverses. La dentiste est venue à domicile lui
raboter les dents (qui étaient un peu trop pointues) pour mastiquer l’herbe,
vieille déformation génétique du temps passé où ses ancêtres bouffaient leur
patron.
Ca se passait dimanche à Luchon, on ne
sait qui féliciter, Si : Marine pour son opiniâtreté, Cali pour ses progrès, la
coach Mélanie Cavanac pour la qualité de ses soins, Pierre le mari de celle-ci qui produit de la si bonne viande de mouton des
Pyrénées, et tout ce monde qui aime les chevaux...
...herbivores
Gustave Moreau a représenté la scène
où Diomède est dévoré :
Antoine-Jean Gros Hercule tient fermement Diomède pendant qu'il se fait dévorer vivant |
il faut aller voir la mosaïque de Valence (Drôme à
St-Paul-les-Romans), musée de Valence
mais...pas besoin d'aller si loin :
au musée St-Raymond de Toulouse
les bas-reliefs de Chiragan :
Hercule livre Diomède à ses cavales :
et voici Cali |