dimanche 20 février 2022

La Bugatti du Patron encore à vendre ?



le centre du volant est comme moi : il a pris quelques rides

Voici l'histoire extraordinaire du lot 257

"la Bugatti du Patron"

à nouveau mise en vente le 3 février dernier par Bonhams ...

... et pas vendue !

ce qui signifie qu'elle est à vous...



si vous avez... deux millions ?

je vous ai déjà raconté cette Histoire, dont je ne me lasse pas :

une des choses étonnantes, est qu'elle soit à vendre périodiquement

sa place est dans la collection Schlumpf ? 

il eût fallu que le Musée de Mulhouse l'achetât ?

mais comme son estimation a doublé en dix ans...

un oubli de koikilenkhôute ?

 je vous propose la notice de Bonhams : une page d'histoire de Bugatti

'LE PATRON' - EX-USINE BUGATTI_1938 BUGATTI TYPE 57C SPECIAL COUPÉ

CHASSIS NO. 57335  ENGINE NO. 340/ Voiture de développement d'usine/ Voiture très importante pour l'histoire de la Type 57/ Carrosserie unique/ Histoire connue jusqu'aujourd'hui 

 

On connaît de nombreuses Bugatti spéciales. Mais aucune Bugatti, pas même la Type 41 Royale qui resta à Molsheim pendant des années, n'est plus intimement liée au « Patron », Ettore Bugatti, que ce coupé spécial Type 57C. 

Cette voiture, présentée en octobre 1933, marque l'avènement de Jean Bugatti comme force créatrice de premier plan chez Bugatti. C'était le premier nouveau modèle construit sous sa direction et elle inaugurait de nombreuses caractéristiques nouvelles. Son moteur huit cylindres à double arbre à cames en tête affichait des cotes de 72x100 mm, pour une cylindrée à 3 257 cm3. Le vilebrequin comptait cinq paliers. Les arbres à cames étaient entrainés par une cascade de pignons à taille hélicoïdale à l'arrière du moteur avec un autre palier derrière. Des guides réduisaient le déport latéral des queues de soupapes.

 




La Type 57 utilisait également pour la première fois chez Bugatti une transmission accolée au bloc moteur et un embrayage à simple disque. Les trois rapports supérieurs de la boîte à quatre vitesses étaient à crabotage.

Jean avait imaginé un nouveau système de suspension avant indépendant à ressorts à lames sur les deux premiers exemplaires de la Type 57, avant que le « Patron » s'en aperçoive et ordonne de le remplacer par l'essieu rigide creux forgé, caractéristique des Bugatti. La suspension reprenait donc le schéma traditionnel Bugatti à ressorts semi-elliptiques à l'avant et quart-elliptiques inversés à l'arrière avec freins à tambour commandés par câbles. 






L'essentiel du succès commercial de la Type 57 peut être attribué aux sensuelles et gracieuses carrosseries de Jean. Les Atalante, Ventoux, Stelvio et berlines Galibier le disputent aux créations des meilleurs carrossiers de France et d'Europe et constituent la majeure partie de la production des Type 57. Cependant, la carrosserie de "57335" est dûe au talentueux dessinateur Joseph Walter qui était fortement influencé par Lucien Schlatter de Gangloff.

Malgré les difficultés financières, le développement de la Type 57 continua avec l'adoption d'un châssis renforcé et d'un moteur sur silentbloc et l'apparition de la Type 57 C à compresseur de 160 ch en 1936. En 1938, l'impensable se produisit à Molsheim, quand Bugatti finit par adopter des freins hydrauliques et remplaça les magnifiques roues en aluminium à tambour de freins intégrés, légères mais très coûteuses, par des roues fils à blocage central Rudge-Whitworth à tambour de frein séparé.

C'est dans ce contexte que cette voiture, le coupé spécial Type 57C n° 57335, a été créé.

Quelle qu'en soit la raison, cette voiture a été construite en juin 1938 pour un usage « interne ». Elle figure dans le registre de la carrosserie comme achevée le 23 juin 1938, sous la nomenclature « 57/486 23.6 57335, 2 tons de vert, cuir vert ». Ce qui signifie qu'une fois sorti de l'usine, le coupé avec le moteur n° 486 a reçu la carte grise appartenant au châssis 57335. Ce ne sera pas la seule voiture à rouler avec les papiers de 57335 et le numéro d'immatriculation 3738 NV3, mais elle conservera cette identité durant toute sa vie à l'usine de 1938 à 1959. 

Quelque temps après sa sortie d'usine, le coupé fut prêté à l'agent Bugatti de Bordeaux, M. Pierron. Elle fut exposée à la foire de Bordeaux en juin 1938. Plusieurs photos montrent la voiture équipée de pneus cirés, de roues chromées et de son toit ouvrant caractéristique. Le directeur général de l'usine, Adrien Paul, les représentants commerciaux comme Peigues, le pilote de course Wimille et probablement Ettore Bugatti lui-même ont conduit la voiture en 1938 et 1939. 

Le registre des voitures de démonstration d'occasion fait mention de la voiture le 15 août 1939. C'est la seule des dix voitures à être désignée comme « d'usine » et décrite comme suit « coach spécial vert moteur 486 usine ».


la voiture a 84 ans, si le compteur est juste elle a roulé 1000 Km/an

Elle était souvent prêtée aux pilotes et aux démonstrateurs dont le plus fameux, Jean-Pierre Wimille, est photographié au volant en 1939. Après la guerre, le coupé spécial devint la voiture personnelle du directeur général de l'usine, Pierre Marco, qui la conduisit jusqu'au milieu des années 1950. 

En 1959, le fameux collectionneur et concessionnaire Bugatti en Belgique, Jean De Dobbeleer, achète la voiture à l'usine. Elle est décrite comme suit dans une lettre datée du 30 janvier 1959 « vente de notre voiture 57 avec compresseur dans l'état que vous savez et après un essai, au prix de 1 000 000 de francs, numéro de série 57335, moteur 340, coupé Galibier, peinture verte sur noir et nous confirmons que cette voiture a appartenu à Monsieur Ettore Bugatti et a été conduite dernièrement par notre directeur général M. Pierre Marco ». Cette lettre nous informe également que le compresseur a été installé quand la Type 57 était encore la propriété de l'usine. Selon l'historien Bugatti Pierre-Yves Laugier, le moteur "340" mentionné dans la vente de 1959, était à l'origine monté sur une Ventoux de 1936, châssis '"57449". Cependant, il est probable que cette voiture ait reçu un nouveau moteur d'usine vers le mois d'août 1939, numéroté "539", noté dans les registres de l'usine comme ayant été attribué à une voiture d'usine. Ce moteur a ensuite probablement été renuméroté en '"540" à des fins fiscales. Ce qui est arrivé au moteur d'origine "486" reste inconnu, mais la boîte de vitesses "486" a trouvé son chemin dans la Bugatti Type 57G Tank qui a gagné Le Mans en 1937, et se trouve actuellement dans la collection de M. Fred Simeone à Philadelphie. L'essieu arrière d'origine est toujours présent dans la voiture. 

Dans le registre édité par H. G. C. Conway en 1962, la voiture est décrite ainsi : « 57 C châssis 57335, moteur 340, ex. 57557, coach Galibier deux portes quatre places, livrée d'origine deux tons de vert et cuir vert ». Il ajoute que « le véhicule a subi de nombreuses modifications lorsqu'il appartenait à l'usine. Il est équipé d'un moteur de Type 101 avec S/C associé à une boîte Cotal. Le carburateur est un Weber downdraught (sic) - autrement dit inversé. Les freins sont hydrauliques et spécifiques à cette voiture. Les suspensions ont été modifiées avec des amortisseurs spéciaux... » 


Quoiqu'il en soit, le « coach spécial » proposé ici est l'une des deux seule Bugatti Type 57 conservée pendant approximativement 20 ans par l'usine. Ayant bénéficié de toutes sortes d'améliorations, elle peut être considérée comme un laboratoire roulant toujours en usage au début des années 1950, lorsque la Type 101 fut présentée. 

Son aspect le plus significatif est la carrosserie coupée spécial dessinée par Joseph Walter. Elle intègre de nombreux éléments de style qui vont trouver leur expression dans la dernière série de berlines Galibier, notamment le panneau arrière incliné, les ailes en goutte d'eau et les flancs sans marchepied. Elle a reçu dès l'origine un toit ouvrant unique en deux parties, un élément de style que Jean Bugatti avait déjà utilisé sur la magnifique Type 41 Royale. La roue de secours et son pneu sont intégrés dans le panneau arrière sous un cache circulaire en métal. La calandre est le modèle Bugatti habituel, et non pas la calandre en V dessinée par Jean, qui était intégré sur la Type 57 S. 

L'intérieur est garni de cuir vert olive clair assorti à la livrée de la carrosserie, vert sur noir. Des boiseries entourent les fenêtres et le pare-brise. 

En 1940, l'usine Bugatti tombe aux mains des nazis. Pendant cette période, il est possible que la voiture ait été utilisée par Ettore Bugatti, aux côtés de son Atalante, châssis "57618" et par le pilote d'usine Jean-Pierre Wimille, entre autres. 

De retour chez Bugatti après la guerre, elle devint la monture favorite de Pierre Marco, directeur général de Bugatti, et servait souvent à tester de nouvelles idées et composants pour son développement. Cette utilisation lui valut un nombre incroyable de caractéristiques uniques et inhabituelles, notamment le volant à trois branches de Type 101 et les freins hydrauliques Lockheed – ces derniers ne pouvant bien sûr pas être un choix d'Ettore Bugatti pour une voiture qui lui aurait été destinée. 


Comme Type 57C tardive, en plus de son moteur à compresseur, - installé à l'usine avant qu'elle ne soit vendue à son premier propriétaire privé – elle est dotée de roues fil Rudge-Whitworth et d'un moteur monté sur silent blocks. Au cours de cette période à l'usine, elle fut également équipée d'une radio, d'un chauffage et de graisseurs du dernier type. 

Le moteur lui-même est inhabituel, témoignant également d'un usage expérimental de cette voiture par l'usine Bugatti dans le cadre d'essais. Elle respire grâce à deux carburateurs Weber inversés avec un collecteur d'admission au-dessus et elle possède un compresseur similaire à celui des Type 101. 

Lorsque Pierre Marco prit sa retraite, comme nous l'avons déjà mentionné, le représentant de Bugatti en Belgique, Jean de Dobbeleer put se rendre acquéreur de la Type 57 le 31 janvier. De Dobbeleer adopta la ruse déjà utilisée par l'usine, frappant le numéro 57557 dans le compartiment moteur, une voiture qu'il avait possédée auparavant, évitant ainsi une fois de plus les taxes. Plus tard en 1959, elle fut vendue au passionné de Bugatti américain Lyman Greenlee d'Anderson, dans l'Indiana. 

Greenlee dorlota cette importante et originale Bugatti Type 57, la remisant et l'entretenant avec soin, l'utilisant rarement au cours des 14 années qui suivirent, mais en 1973 il finit par la céder à William Howell d'Oklahoma City. Greenlee savait que Howell, dont le mécanicien était Alf Francis, l'ancien mécanicien de Stirling Moss, appréciait l'histoire particulière, l'originalité et les performances de la voiture et continuerait de la préserver, réitérant son importance dans une lettre qui figure dans la documentation qui accompagne la voiture. 

Le propriétaire suivant, Gary Kohs de Birmingham, dans le Michigan, subit un examen similaire lorsqu'elle changea de mains en 1982, à la grande satisfaction de Howell qui s'assura qu'il comprenait et appréciait l'importance de cette Type 57 et saurait prolonger sa préservation. Greenlee le choisit en fonction de ces critères, affirmant que « Le prix seul ne suffit pas pour acheter cette voiture... Il faut aussi justifier d'une attitude à son égard ». Ce qui s'avéra le cas, puisqu'il fallut attendre 27 années pour qu'elle change à nouveau de propriétaire pour la quatrième fois seulement depuis qu'elle avait quitté Molsheim en 1959, quand elle entra dans la collection de John M. O'Quinn en 2009, ajoutant sa carrosserie unique, ses caractéristiques particulières, sa conception et son originalité exceptionnelle, ainsi que sa provenance comme voiture de développement d'usine à l'importance grandissante de sa collection. 

Durant toutes ces années dans les collections de Greenlee, Howell, Kohs et O'Quinn la Type 57 fut rarement sortie, bien que son importance dans l'histoire Bugatti lui valut une invitation de la part des organisateurs du concours d'élégance de Pebble Beach en 1985 pour l'associer à la réunion historique des six Bugatti Royale Type 41. 

57335 a été examinée par des experts, dont Hugh Conway, qui s'est émerveillé de son incroyable état, entièrement d'origine. Conway avait remarqué son boîtier de direction Durand qui se démarquait des habitudes de Bugatti et avait contacté Noël Domboy qui lui confirma qu'il avait conseillé à Pierre Marco de remplacer le boîtier Bugatti de série pour éviter un éventuel incident. 

Elle est aussi particulièrement rapide, conséquence d'un développement sans interruption à Molsheim, notamment sur son moteur spécial, avec son système d'admission et son compresseur. N'ayant jamais été démontée, elle est délicieuse à conduire, témoignant de la sensation qu'on éprouvait à piloter une Type 57C tout juste sortie de l'usine Bugatti. Rien d'étonnant à ce que Pierre Marco en ait fait sa Bugatti favorite. 

elle est équipée des accessoires d'origine



Son état est époustouflant, entièrement d'origine et complète, jusqu'à son faisceau et ses composants électriques. Toutes les finitions son telles que Bugatti les a demandées il y a trois quarts de siècle. En plus de sa documentation abondante, elle est accompagnée d'un jeu complet d'outils siglés EB dans une trousse en cuir. Le plancher, et le capot ont leur numéro original estampé. Le toit ouvrant en deux parties d'origine a été démonté avant qu'elle ne soit vendue par l'usine, mais a depuis été reconstitué par le vendeur – l'un des plus éminents collectionneurs privés d'Europe et passionné de Bugatti de longue date – qui a acheté 57335 en 2013. 

La carrosserie unique de cette voiture, influencée par les dessins de Jean Bugatti, son fabuleux moteur à compresseur, son indéniable originalité, ses 20 ans d'histoire comme véhicule d'essai de l'usine, et – plus important encore – son association personnelle et son utilisation par Ettore Bugatti, en font la plus significative et la plus importante des Bugatti proposées à la vente depuis des années. 

C'est un témoin intime et personnel de l'histoire de la marque Bugatti et de son « Patron », Ettore Bugatti, vierge de toute restauration, embellie par son association avec l'Usine, Ettore et Jean Bugatti, Jean-Pierre Wimille, Pierre Marco et la courte liste des propriétaires qui l'ont choyée et préservée pour les future générations. 

Nous adressons (c'est la notice de Bonhams qui parle) nos plus vifs remerciements à M. Pierre-Yves Laugier pour toutes les informations qu'il nous a fournies concernant les origines et la vie de 57335.



 PS : dix ans auparavant : la même ...!

 http://babone5go2.blogspot.com/2013/01/grand-palais-sale.html

http://babone5go.blogspot.com/2012/03/le-coupe-vert-bugatti.html


le site internet de fine art models existe toujours, 




mais le chef d'oeuvre au 1/8è de Jean Paul Fontenelle 

est depuis 24 ans épuisé !

sauf  le fameux volant en bois à trois branches avec son énorme centre : il est dans mon second torpédo