mardi 14 décembre 2021

La Vierge en balade dans les Pyrénées centrales (3)




C'est Jean-Marie qui attire mon attention sur ce sujet très particulier : -"la Vierge de Picheloup, peu connue sur place, est bien connue à Lourdes : c'est la même. Tu l'avais repérée à Saint-Bernard. Mais elle s'est montrée aussi ailleurs, dans des endroits restés célèbres comme Beth Arram, qui signifie "Beau rameau", rameau tendu par la Vierge à une jeune fille pour la sauver de la noyade dans le Gave. Et dans des endroits restés très peu connus, comme Arnaud-Guilhem, encore moins Espis dont je vais vous parler bien entendu, proche de Moissac. Il faudrait rédiger un dictionnaire, car le sujet intéresse encore des fidèles, puisqu'il reste des fidèles à la religion catholique, avec une composante particulière : mariale" : et il conclut :

 ...bonne écriture" !

voici le troisième billet en réponse :





Je me dis qu'il faut vérifier si quelqu'un n'a pas déjà étudié le sujet... et je trouve ! d'abord la Dépêche : une fois encore à l'écoute locale, notre journal s'est interrogé sur "les balades de la Vierge dans les Pyrénées". Mieux encore, car plus savants, les érudits locaux ont planché à Tarbes en 2002, sur le thème européen des "montagnes sacrées", s'interrogeant sur la question : "l'élévation des montagnes entraine-t-elle une proximité divine particulière" ? J'ai re-rédigé le titre tel que je l'ai compris, c'est à peu près cela ! 

Surprenant d'autorité, moi qui suis un modeste membre de la Société d'Etudes du Comminges, voilà que je trouve des signatures célèbres : Robert Sablayrolles, et Jean-Luc Schenck !


il y a aussi Christian Desplat, qui traite le sujet des Pyrénées occidentales, alors que je voudrais faire l'état des Pyrénées centrales :

https://books.google.fr/books?id=_UUHSkbKII0C&pg=PA126&lpg=PA126&dq=apparitions+vierge+pyr%C3%A9n%C3%A9es+centrales&source=bl&ots=Cf0OImqg25&sig=ACfU3U1PoLuspvzfnYpC-1gHbfk_ADYSBQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjHmcaM2cz0AhVK1xoKHRs7C644FBDoAXoECAgQAw#v=onepage&q&f=false

En effet, depuis l'Antiquité, les Pyrénéens des montagnes, sont des pâtres gardant les moutons, comme les bergers d'Arcadie, proches de la voie lactée la nuit, proches de la Nature de la montagne le jour, ils prient des Dieux locaux, Dieux toujours présents pendant l'occupation romaine. Ils observent les sources, sont proches des fées, et croient à Diane et à l'esprit des forêts et cours d'eau.



oui, la montagne élève l'esprit, 

simplement "mieux apte que d'autres formes de paysage à fournir des sites valorisables

au plan symbolique"

eh oui, le dictionnaire existe bel et bien :



le plus amusant est que la liste qui précède est incomplète !

manquent : Saint-Bernard à Latoue ; Picheloup à Arnaud-Guilhem ; Celles ; Espis ...

... et depuis 1947, la Vierge n'apparait plus ?

Y a-t-il donc un "mimétisme", qui conduit à une réceptivité des témoins, souvent très jeunes, apparemment peu instruits des dogmes sophistiqués qu'ils entendent de la Vierge, et que cette dernière demande à ses interlocuteurs choisis, de rapporter aux plus hautes Autorités ecclésiastiques dont le Pape ?

Quelle est l'ambiance rurale en ces années 1850, cinquante ans avant les années 1900 ? Les prêtres sont encore nombreux, notables dans les villages montagnards encore très vivants, occupés par la France paysanne. Le catéchisme est encore enseigné, chacun possède encore des missels, emportés à la messe du dimanche, où chacun reconnait dans l'église les Saints, sait lire les vitraux, comprend les sermons, et entend semaine après semaine répéter les Ecritures, les Commandements, "tu ne tueras point" ... 

Le soir à la veillée, les enfants se font raconter des contes, les légendes, les histoires montagnardes. La pharmacopée montagnarde est omniprésente, on sait les plantes médicinales, et soigner animaux et humains. J'imagine les enfants à l'âge de l'imagination bouillonnante entendre parler des personnages de la Bible comme une mythologie vivante : la Nature le jour ; les nuits illuminées par la Voie lactée des pélerinages, saisissent-elles les enfants à tel point que leurs rêves reflètent l'imaginaire collectif en ces temps où le harcèlement publicitaire actuel de la télévision n'engourdit pas encore les esprits ?

Quand Bernadette Soubirous doutera d'avoir vécu les apparitions, quand l'Eglise doutera des mêmes phénomènes et triera rigoureusement la nature même des "miracles", on verra à l'oeuvre la tentative d'interprétation cartésienne des témoignages surnaturels, pour les passer à l'aube de la raison !

en même temps, ces phénomènes mystérieux, même s'ils sont oeuvre humaine

révèlent tellement d'interrogations sur la nature religieuse des hommes depuis toujours

qu'ils restent passionnants à comprendre !



franchement : apparaitre à une jeune fille locale, et développer auprès d'elle pour qu'elle en parle (en occitan) le thème de l"Immaculée Conception", la Vierge emprunte des chemins bien détournés ?


Je vais plus tard développer ces messages surprenants, abordant le principe de l'immaculée Conception ; de l'Assomption de l'âme et du corps de la Vierge ... etc ... et je reviens à Arnaud-Guilhem et Picheloup : je n'ai pas développé, c'est maintenant le moment :

dans ce simple cas si je puis dire, la Vierge expose devant des enfants de neuf ans le thème des "sept douleurs"

la plupart d'entre nous ont oublié ! 

Mater dolorosa


nous sommes en Autriche, à Pörtschach am Wörther See




on pourrait penser que les douleurs de la Vierge découlent du martyre de son fils sur la croix
certes !

mais les prophéties annonçant ces douleurs constituent elles-mêmes des souffrances :

heureusement que Wiki sait tout et nous renseigne :

La prophétie de Siméon est une prophétie dite par Syméon, personnage de la Bible, à la Vierge Marie. 

Le récit biblique décrit Siméon comme un homme juste et pieux, qui attendait la consolation d'Israël et qui avait l'Esprit-Saint sur lui. Toujours dans le récit de Saint Luc, Siméon avait été averti par Dieu qu'il ne mourrait point avant de voir le Christ. On écrit parfois Syméon pour épeler son nom. 

Siméon est venu au temple de Jérusalem pour avertir Joseph et Marie que leur fils Jésus est la lumière des nations. Sa prophétie fait d'abord une allusion au récit de la Passion. Parlant à Marie, il lui annonce que son âme sera transpercée par une épée au pied de la croix. Très précisément : « Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère : Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées. » (Lc 2:34-35)

Cette prophétie a fait pleurer la Vierge Marie. Les chrétiens prient Notre-Dame des Douleurs en méditant sur cet événement. Le chapelet des douleurs est consacré aux sept douleurs de Marie, et cet événement biblique constitue la première de ses sept douleurs. Selon Jean-Paul II, la prophétie de Siméon lui a semblé comme une seconde annonciation (cf. Redemptoris Mater). Avec Joseph, elle rencontre ensuite Anne la prophétesse.

« Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : -"Femme, voilà ton fils". Puis il dit au disciple : "Voilà ta mère". Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. »

 

Le Stabat Mater est beaucoup plus clair encore là-dessus: « Alors, son âme gémissante, toute triste et toute dolente, un glaive la transperça ». Munificentissimus Deus reprend la prophétie de Siméon en proclamant le dogme de l'Assomption de la Vierge Marie.

 Etonnant, non, quand entendant ces chants à l'âge de dix ans, je n'y entendais rien !

étonnant que cela m'émeuve maintenant, au soir de la vie ?

surprenant que ces thèmes aient été entendus par des enfants

en pleine campagne Commingeoise

il y a cent soixante ans

et qu'à l'époque, leurs visions aient été rapportées au Pape

suivies de décisions rapportées à l'Evêque de Toulouse

et qu'il n'en ait jamais tenu compte

alors qu'il se trouvait nommé Cardinal

à Rome !

http://babone5go2.blogspot.com/2021/12/la-vierge-de-picheloup-minvite-me-bouger.html


la suite de ce billet le 17 décembre prochain ...

... va se passer à Espis (4) 

pour se conclure à Seilhan


PS : je poursuis et complète l'histoire de Picheloup, que je vous ai présentée le 4 décembre. Toujours impossible d'entrer dans l'église, le premier Magistrat d'Arnaud-Guilhem ne répond pas, il a l'autorité républicaine sur la clef ! Oui, Pie IX a bien été contacté ! http://babone5go2.blogspot.com/2021/12/la-vierge-de-picheloup-minvite-me-bouger.html

Le texte source de toutes ces informations se termine en 1879. L'ensemble de ces événements tombait peu à peu dans l'oubli, à la disparition des protagonistes. Rappelons pourtant que, pour se conformer aux demandes des messages, la sœur supérieure de l'Ordre avait sollicité une entrevue avec le Pape Pie IX, qu'elle obtint. Le Saint Père lui montra des dispositions favorables et lui dit aussi qu'une enquête canonique sur des apparitions de la Très Sainte Vierge et de Notre Seigneur Jésus-Christ serait particulièrement longue, mais qu'il ne s'opposait pas à l'érection de la chapelle avant la position officielle de l'Église, sur ces faits extraordinaires qu'il définissait ainsi devant la Sœur Aloysia, Secrétaire générale du couvent de la voyante : 

"... l'affaire, elle n'a pas besoin d'une approbation. Ce sont des entretiens, des colloques de Notre Seigneur avec la jeune religieuse. Mais pour la chapelle, si vous pouvez la faire ce sera bien". 

Mère Aloysia dit alors : "Très Saint Père, vous voulez bien qu'on le fasse?" 

"Si, si a répondu le Pape; j'en serai content et je donnerai même quelque petite chose. Mais il faut vous entendre avec l'Archevêque de Toulouse. À quelle distance de la ville se trouve cette montagne?..." . 

Cependant, cette décision devait être prise par ou avec l'approbation de l'Ordinaire du lieu, ce qui ne se produisit pas, au retour de l'audience. Source : fonds du Dorat, note de la Mère Aloysia, audience du Saint Père du 20 novembre 1873 faisant suite à celle du 2 novembre. Entre-temps Pie IX, qui avait gardé les documents, fit savoir : 

"Dites à ces bonnes religieuses que je vais prendre quelques jours pour prier et que quand j'aurais mûrement examiné cette affaire devant Dieu, ce que je croirai devoir faire je le ferai". 

Même fonds même note. Voir livre de Mr Charles Bisaro en référence. 

Extrait d'une lettre de Sœur Marie Sainte Foy à Mère Coralie, Supérieure Générale du Dorat, datée du 21/10/1907 : 

"Pie IX avait approuvé les communications de Notre Seigneur à Sœur du Bon Pasteur. Il avait dit d’examiner l’œuvre et de faire bâtir la chapelle demandée par Marie pour le salut du monde". 

Même fonds que plus haut et livre de Mr Charles Bisaro en note 1. Voir le manuscrit des évènements NDAG B032-36 Prologue http://www.arnaud-guilhem.org/ndag.pdf [archive] f°3 et 46. 

Autour de 1914, le pèlerinage à Picheloup connut un regain d'activité. Des photos ont été prises sur place, disponibles auprès de l'association cogestionnaire du site de Picheloup. 

« Depuis la fin de la guerre, "Picheloup" ne connaît plus que quelques rares pèlerins isolés et fidèles quand même à l’exemple de Mlle Callibel. » 

« Déjà cinquante ans que se sont passés les premiers évènements… Et pourtant des personnes continuent à s’intéresser aux évènements… pendant la première guerre mondiale, le culte à Picheloup s’est à nouveau développé pour "s’endormir" à nouveau mais sans s’éteindre car dans le village et les alentours quelques personnes y pensent encore au point d’aller nettoyer et fleurir encore et régulièrement les lieux des apparitions ». 

Dans les années 1920, deux lettres de Marie Dulion adressées à la supérieure du monastère du Dorat nous apprennent que Blaise Dulion décédé en 1922 « était dévoué au service de la Sainte Vierge… qu’en ce moment il se fait beaucoup de prière pour hâter au plus tôt l’approbation » et que la source avait jailli à nouveau : « J’irai aujourd’hui puiser de l’eau dans deux bouteilles selon vos désirs… demain que j’irai faire l’expédition », 11 février 1924, fonds du Dorat. « Non les apparitions d’Arnaud-Guilhem n’étaient pas oubliées… c’est la supérieure du Dorat qui avait écrit à Blaise Dulion pour lui demander l’envoi de bouteilles d’eau provenant de Picheloup ». 

En 1947, dans la dernière de ses lettres envoyées au clergé en 25ans, une paroissienne de Sainte Croix Volvestre (Ariège), Mlle Calibel informa le prêtre desservant la paroisse d'Arnaud-Guilhem, M. L'abbé Bertrand Brun, au sujet des évènements et des pèlerinages qu’elle a effectués : « personne libre… j’y suis allé plusieurs fois depuis le 11 février 1915 », et en lui témoignant de sa joie pour la mission qu’il avait fait donner enfin à la paroisse, conformément aux exigences du droit canon et selon les encouragements pressants du Padre Pio qu’elle avait consulté en 1922. 

Depuis plusieurs décennies l’endroit est entretenu, visité, un petit oratoire est fleuri par des âmes pieuses, particulièrement depuis les années 1970. 

Fin 2002, le manuscrit des évènements intitulé VISIONS ET APPARITIONS TOUCHANT NOTRE DAME D'ARNAUD-GUILHEM fut retrouvé par les archivistes du diocèse d’Auch, connu de leurs prédécesseurs mais sans cote, à la suite d'une demande de M. Charles Bisaro directeur émérite des pèlerinages de l’archidiocèse de Toulouse qui effectuait des recherches, en approfondissement du sujet avec l'autorisation de son Archevêque Mgr Emile Marcus. Il compte plus de 400 pages. Aujourd'hui depuis 2003 des messes sont autorisées sur le site, dans le cadre de ces évènements, et inscrites dans secteur pastoral local. L'une d'elles fut concélébrée par le Mr. le Vicaire épiscopal de Toulouse, accompagné de trois prêtres le 25 juin 2005, anniversaire des évènements (veille de St-Jean Baptiste). Anniversaire fêté chaque année depuis 2003, le dernier samedi de juin, messe le matin vers 10H. Chapelet mensuel. Messe également mi-septembre pour la fête de Notre Dame des 7 Douleurs. Selon le manuscrit, le Christ supposé demande instamment que la Très Sainte Vierge Marie soit honorée sous le titre de Notre Dame d'Arnaud-Guilhem, en ce lieu ; le terme "Picheloup" n'intègre jamais ce titre quand il s'exprime dans le manuscrit de référence.