lundi 25 janvier 2021

J'aime l'eau que peint Marquet

Vue de Venise (détail), 1936, huile sur toile, 50 x 61 cm

Albert Marquet, peintre de l’eau

Des quais de Seine, aux ports européens, des bords de Marne à ceux de la Méditerranée, Albert Marquet (1875-1947) fut toute sa vie un peintre de l’eau. Dormante ou agitée, verte, grise ou bleue, elle est indéniablement son modèle préféré et le sujet central de son œuvre. 

« -Marquet se sentait chez lui partout où il y avait de l’eau et des bateaux », se rappelait son épouse Marcelle. Impossible d’évoquer l’artiste, et de chercher à comprendre son art, sans faire le détour par les fleuves et les rivières, la mer et les ports, autant de motifs à travers lesquels se dévoile sa poétique songeuse, loin du tumulte urbain, loin de la violence de l’histoire. Comme le notait Jacqueline Lafargue dans le catalogue « Marquet – Vues de Paris et de l’Île-de-France », « l’eau joue un rôle déterminant dans l’œuvre de Marquet – élément tantôt lourd et opaque, tantôt fluide et scintillant, miroir de l’âme et du ciel –, tout autant que son corollaire, l’effet atmosphérique ». Un rôle qui dépasse, on le verra, la simple dimension esthétique. 

La Seine à Paris, entre 1914 et 1915, huile sur toile, 63 x 80 cm, musée de l'Annonciade


Très tôt, l’artiste s’éloigne de Paris pour flâner au long de la Seine. En près de cinquante ans de carrière, aimanté par le cours majestueux du fleuve, il aura erré sur les traces de Monet, Sisley, Pissarro ou Cézanne, posant son chevalet à Poissy, à Villennes-sur-Seine, à la Varenne-Saint-Hilaire, à Conflans-Sainte-Honorine, à Samois, Herblay, Triel, Méricourt. 

Samois, la barque rouge, 1917, huile sur toile, 60 x 73 cm


le remorqueur Herblay automne 1919

L’eau est une invitation à la méditation

Ces sites constituent autant d’étapes d’un chemin de solitude, où la quiétude environnante invite à la méditation : la Seine de Marquet est un lieu de paix, de loin en loin égayé par une vague présence humaine ou par quelques embarcations éparses, où les reflets de la végétation, des maisons et des nuages sur les flots semblent souvent constituer la seule animation visible. Sa palette bien tempérée, faite de quelques coloris subtils délicatement modulés, se met au diapason de cette atmosphère contemplative. L’artiste aime approfondir sa vision d’un site, il y revient à l’occasion d’un nouveau séjour et remet le motif sur le métier. Plus que des instantanés auxquels aspiraient les impressionnistes, Marquet offre « un condensé d’expériences successives et de sensations qui se renforcent », suggérait le critique Claude Roger-Marx. Les points de vue plongeants, qu’il affectionne, fournissent la solide armature de ses compositions entre la diagonale du cours d’eau filant vers l’horizon et la verticalité des mâts ou des arbres, soulignées par un tracé sommaire. 

La Plage de Fécamp, 1906, huile sur toile, 50 x 60,8 cm, Musée national d'Art moderne

Audierne

Hambourg

Loin d’être exclusive, cette perspective dynamique laisse parfois la place à des vues horizontales au ras de l’eau. Face à l’étendue aquatique traitée en aplat, ridée de minces touches figurant les reflets, il ressort une impression d’immobilité, de suspens, en même temps que la suggestion d’une expansion infinie. « Savoir capter cette fine lumière, cette étendue frémissante de presque rien, ce vide pourtant contenu, c’est tout le dessein de Marquet devant les anses calmes qu’il découvre au fil de ses pérégrinations », note Véronique Alémany, dans le catalogue de l’exposition « Albert Marquet, itinéraires maritimes ».

L'Île aux cygnes, 1919, huile sur toile, 75 x 81 cm, Musée national d'Art moderne

De la Seine au grand large

C’est à Herblay qu’il peint sans doute l’un de ses plus beaux tableaux, L’Île aux cygnes (1919). L’ombre de Monet flotte sur cette variation sur le thème du miroir d’eau, dans lequel la silhouette des arbres se meut dans la délicate ondulation des flots. L’eau s’y révèle « ce merveilleux agent de métamorphose et de liaison, qui est en même temps, et bien plus que la terre, un agent de calme », notait Claude Roger-Marx vingt ans plus tard. Au début de 1939, Marquet s’installe à La Frette-sur-Seine, petite commune du Val-d’Oise sur la rive droite. « C’est peut-être dans cette modeste maison de la Frette qu’Albert se sentait le plus chez lui", écrira plus tard son épouse Marcelle. "Son atelier bien isolé dans le grenier dominait une boucle de la Seine, son fleuve […] Albert s’y sentait à l’aise et comme à l’abri. » 

La Seine à La Frette, 1939, huile sur toile, 21,5 x 27 cm

L’air du grand large ne le fascine pas moins. En Normandie d’abord, où en 1905 il peint à côté du Havre. Si la Passerelle de Sainte-Adresse met en scène la vie d’une station balnéaire comme avait pu le faire Monet, les puissants effets de contre-jour et la touche vigoureuse réduisent les estivants à de synthétiques figures se découpant en ombres chinoises sur un fond de soleil couchant. En 1933, Marquet peindra encore la joyeuse animation la plage des Sables d’Olonne en été, mais il préfère manifestement les délices d’une plage déserte, face à une mer calme, délicatement ourlée par l’écume des vagues. 

Plage des Sables d'Olonne, 1936, huile sur toile, 50 x 60 cm, Fonds municipale d'art contemporain de la Ville de Paris


Détour par l’art nippon

Pourquoi cette fascination de l’eau, pourquoi ce retour incessant, presque obsessionnel, à ce motif polymorphe ? On ne peut bien sûr exclure l’hypothèse commerciale. Nul doute que la clientèle du peintre se portait plus volontiers vers ses vues fluviales, portuaires ou maritimes, celles-là mêmes où Marquet exprimait avec le plus d’évidence son génie. Plus profondément, dans l’omniprésence de l’eau, les prédilections esthétiques prennent une résonance philosophique.

 

Le Port d'Alger après l'orage, entre 1932 et 1934, huile sur toile, 50,1 x 61,1 cm, National Gallery of Victoria, Melbourne

Pour comprendre la vision du monde qui s’exprime ainsi dans l’œuvre de Marquet, un détour par le Japon s’impose. Le peintre français partage avec les artistes nippons, comme Hokusai et Hiroshige, un certain nombre de conventions de représentation, de procédés. Affinités qui ne sont pas pour surprendre, quand l’on sait que les œuvres de ces derniers se sont nourries de la découverte de l’art du paysage en Occident. Hélène Bayou, conservatrice du département japonais au musée Guimet, voit « un jeu d’interférences qui dépasse la simple question de l’influence et semble se jouer, de manière plus complexe, de réminiscences plus ou moins limpides, de convergences de vues ou de sensibilités, d’échos tant graphiques qu’atmosphériques », validant ainsi le terme de « similitudes », employé par Matisse. Nulle part ces similitudes n’affleurent avec plus de clarté que dans les paysages fluviaux ou maritimes.

 

La Baie de Naples, 1908, huile sur toile, 64,8 x 77,5 cm, Tate

et le Vésuve

Marquet, comme le rapportait son épouse, avait « en horreur, comme d’un mensonge, ce qui prenait l’apparence du définitif ».Toute sa vie, il s’est efforcé de fixer sur sa toile ces « images du monde flottant », chères aux Japonais, un monde placé sous le signe de l’impermanence et de la fluidité. Marquet montre aussi une sensibilité au passage des saisons, qui n’est pas sans évoquer l’art nippon du haiku.

vous avez lu jusqu'à la fin ? Bravo !

vous avez trouvé que c'était mieux écrit que d'habitude ?

vous avez en effet trouvé : ce n'est pas moi !

j'ai repris cet article de

Connaissance des arts


je le reçois, par miracle, sur ma page facebook

et puis l'article disparait comme par magie ...

... mais je recopie un peu avant 

et j'ajoute d'autres tableaux que j'aime .... de Rouen !

la Bouille

Canteleu, vue de Rouen

Rouen, quai de Paris

bonjour à ceux de Rouen

préparez-vous au prochain confinement

nous on s'est échappés

(en toute légalité)

mais on s'attend, 

à très cher le payer ? on s'explique dès que le Président 

a parlé ...pour de nouveau nous imposer

le 3ème confin'ment !