lundi 21 septembre 2020

Les Trois grâces de Janniot

C'est toujours Rouillac qui me sert de fil conducteur : une maison d'enchères vend tout ce qui existe, et n'a aucune difficulté à passer de Bugatti à la sculpture Art Déco !

encore moins à une quantité de sculptures de Janniot !


Élève de l'École des beaux-arts de Paris, Alfred Janniot (1889-1969) fait partie de la génération des «artistes du feu», en rapport avec la Grande Guerre. Revenu de la Première Guerre mondiale, il obtient en 1919 le premier prix de Rome de sculpture qu'il partage avec le sculpteur Raymond Delamarre. Il est professeur à l'École des beaux-arts de Paris.

Janniot est l'auteur d'un œuvre monumentale importante. Ami de Jacques-Émile Ruhlmann, du peintre Louis Bouquet il participe à l'Exposition des Arts décoratifs de 1925, réalise le grand bas-relief de pierre sur la façade du musée des colonies, construit à l'occasion de l'Exposition coloniale de 1931, et décore de deux grands bas-reliefs l'arrière du palais de Tokyo construit en 1937, près de la fontaine. 



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un clin d'oeil à Emmanuel : la Vénus des dauphins

Son œuvre est également présente à New York et à Nice, où il réalisa avec l'architecte Roger Séassal le grand monument aux morts de style Art déco sur la Corniche ainsi que la fontaine du soleil de la place Masséna. 


il est vrai qu'à Nice, où siège Apollon roi du Soleil, on ne sait où regarder soit devant, soit derrière ?

Il a également sculpté les bas-reliefs ornant le fronton de l'Hôtel de Ville et du bureau de poste principal de Puteaux en 1934, la fresque de l'escalier d'honneur étant confiée à Louis Bouquet. À Bordeaux il réalise en 1937 des reliefs sur la façade de la bourse du travail. Il est également l'auteur de la statue qui se trouve sur le palier du département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France. 

j'en reviens à Rouillac

Car il y a quelques années, il disperse la collection de Janniot réunie dans le château Ducos à la Thébaïde dans le Val d'Oise, c'était en 2012. Les trois grâces n'ont pas été créées tout d'un coup : vous le savez, il y a toujours des esquisses, des oeuvres préparatoires; Réfléchissez un peu : vous avez à vous y mettre, vous allez commencer par une femme nue, avant d'en sculpter trois. Comme vous avez épousé une jolie femme, pas besoin de modèle ! Je suis Alfred-Auguste, je demande à Cécile mon épouse, si elle peut quitter ses fourneaux et poser pour moi. Je ne vais pas m'embêter, je vais supprimer les pieds, infernaux car il faudrait sculpter les dix doigts. Pas la tête, -"Cécile tu n'as pas besoin de te maquiller ; ni te coiffer"

Cela va donner un buste genre antique :




















vous voyez : "le torse de Cécile"

Le résultat étant satisfaisant, mieux que cela d'ailleurs, grâce à Cécile, on peut passer à Trois !

























Bronze patiné signé "A. JANNIOT" et "Alexis Rudier Fondeur Paris".
Sur un SOCLE de pierre en haut-relief sculpté sur les quatre faces d'allégories de l'eau.

Dimensions totales : Haut. 252, Larg. 144, Prof. 78 cm.
Trois Grâces : Haut. 170, Larg. 123, Prof. 57 cm.
Socle : Haut. 82, Larg. 144, Prof. 78 cm.

Provenance :
- Ancienne collection Ducos à la Thébaïde (Val-d'Oise), pièce maîtresse de l'ensemble créé par Janniot et posée devant la pièce d'eau.

Bibliographie :
- Michel Giraud (dir.), "Alfred Janniot", éd. Galerie Michel Giraud, Paris, 2006, ill. p. 114.

Cette oeuvre est munie d'un certificat d'authenticité délivré par Madame Anne Demeurisse, légataire universelle de l'artiste Alfred Auguste Janniot.

Euphrosine, la sereine, Thalie, la florissante, et Aglaé, la brillante, sont les filles de Zeus, qui apportent la joie sur Terre, incarnant grâce et beauté. Leur iconographie, trois jeunes filles nues se tenant par les épaules, est fixée sous l'Antiquité. Chaque époque y voit une dimension du don ou de l'amour : Beauté, Désir et Accomplissement... Janniot s'intéresse à ce thème dès 1923, dans un bas-relief aujourd'hui disparu. Il le magnifie en 1937, plaçant Les Trois Grâces au sommet de "La Légende de la Mer" sur la façade du Palais de Tokyo.

Dans ce groupe créé pour la Thébaïde, Janniot retient la leçon de Canova, en disposant un personnage de face et les autres de profil. Le sculpteur explore tous les charmes de l'anatomie féminine, entraînant ses Grâces dans une ronde légère et sereine. Ce grand groupe, unique, fondu dans le bronze par Alexis Rudier pour le jardin de la Thébaïde, est la pièce maîtresse de la villa des Ducos. Il repose sur un socle quadrangulaire de pierre, orné d'allégories maritimes en relief sur chacune de ses quatre faces. Disposés dans l'axe de la maison, au bout du bassin, le bronze et la pierre se reflètent avec le ciel dans l'eau.



Au cours de son oeuvre, Janniot n'a sculpté que quatre groupes de jeunes femmes comparables. "L'Hommage à Jean Goujon", en pierre, commandé par Ruhlmann pour le pavillon du collectionneur à l'exposition des Arts décoratifs, en 1925, a malheureusement disparu. Tout comme "La Nymphe de Fontainebleau", autre hommage de Janniot à la Renaissance, en pierre, en 1926, qui a coulé avec le paquebot "Île de France". "Les Quatre Saisons", en bronze, fondues pour l'École normale supérieure de Cachan en 1953 existent toujours, dans le domaine public. Monumentales par leurs dimensions et par leur ambition, " les Trois Grâces " de la Thébaïde sont la plus importante oeuvre de Janniot en main privée, jamais offerte sur le marché.

Adjugé : 370 000 €

Vous avez remarqué le socle, sculpté sur les quatre faces

d'allégories de l'eau !





on a ainsi un vrai motif à tourner autour des Grâces, 

pour regarder l'eau !



PS : quelques Grâces catalanes :