lundi 7 septembre 2020

Je reviens de Timgad


Nous venons avec notre groupe de faire le point des découvertes et photos des ouvrages antiques enfouis sous les haies de Lugdunum convenarum, à un moment où le Conseil départemental de Haute-Garonne prépare de gros travaux destinés à favoriser le tourisme dans Saint-Bertrand de Comminges. Nos récentes découvertes vont-elles être identifiées ? classées ? protégées ? confortées ? Ma proposition de citerne ne convainc pas mes copains, je doute moi-même : à un certain stade de propositions, il faut fouiller et trouver des indices, et on ne peut imaginer même commencer sans autorisations des propriétaires et leurs locataires quand il s'agit de terrains agricoles ; et de l'Administration idoine de la DRAC devant s'assurer que toute initiative serait conforme. J'en reste donc aux conjectures, et poursuis mes recherches sur les exemples ayant existé dans les autres sites romains. Un peu plus tard je vous parlerai de notre mentor Quintus Candidus Benignus retrouvé en Arles. Aujourd'hui, je prends du champ, en nous rendant en Algérie, à Timgad, la Pompéi d'Afrique :

c'est comme si on trouvait cette mosaïque dans les thermes Nord de Lugdunum ? ? 

Timgad, la Pompéi d'Algérie peut-elle m'aider ?

Dans un site montagneux d'une grande beauté, au nord du massif de l'Aurès, à 480 km au sud-est d'Alger, et à 110 km au sud de Constantine, Timgad (ou bien Thamugadi) offre l'exemple achevé d'une colonie militaire romaine créée ex nihilo. La Colonia Marciana Traiana Thamugadi fut fondée en l'an 100 de notre ère par Trajan, probablement pour servir de campement à la 3ème Légion Auguste qui, par la suite, fut cantonnée à Lambèse. Le plan, d'une grande rigueur, illustre les principes de l'urbanisme romain à son apogée. La croissance rapide de la cité aboutit, dès le milieu du IIe siècle, à faire éclater le cadre étroit de la fondation primitive. Timgad s'agrandit hors des remparts et des édifices publics majeurs sont construits dans les quartiers neufs : capitole, temples, marchés, thermes. La plupart datent de l'époque des Sévères, où la ville connut son âge d'or dont témoignent aussi d'immenses résidences privées.



je vous montrerai d'autres reconstitutions 3D très explicites



La ville fascine par son plan militaire, et les rues pavées de pavés polis appellent les photos 










Au centre l'arc de triomphe de Trajan monopolise l'attention




comme le sphinx d'Egypte, il a été sorti du sable !
comme d'habitude, les statues ont été enlevées
et entassées dans le musée




la reconstitution remonte le quadrige de Neptune au sommet, devenu le symbole de la ville, et trouvé dans les thermes Est


tout comme le théâtre où a lieu le festival de musique




... la librairie ...


... et le Capitole dont on aurait envie de redresser les colonnes à terre




forcément, les visiteurs visitent les latrines (sans oser s'en servir)

extrêmement significatif la façon dont les archéologues décrivent les pièces techniques qui ne leur sont pas familières : cette "soupape en plomb" ne serait-elle pas plutôt un "clapet anti-retour" ?






Vous voyez, on commence à parler d'eau,  cela m'intéresse dans ce climat aride, : Timgad était alimentée par des puits dans la nappe phréatique ; des sources, qui dit sources dit aqueducs, puis fontaines :




fontaine publique près du Capitole

quel luxe ce complexe des eaux
Le musée montre les mosaïques

voilà les fameux noeuds de Salomon que l'on retrouve partout dans la romanité















il faut toujours un mec très appareillé dans le secteur 



... il parait qu'autrefois, le musée de Saint-Bertrand de Comminges montrait aux messieurs quelques phallus soigneusement cachés dans des boites fermées ...


Et voici comment on connaissait l'heure à Timgad


j'ai retrouvé, toute petite, la Minerve de Bath, mais celle-ci est au Louvre :

                                                                      autre temps... 

                                                                    mêmes moeurs !


PS (1) : pour approfondir, je suis stupéfait de la taille de Timgad : 15.000 habitants !

Les recherches menées par Playfair et les universitaires français ont permis aux historiens de reconstituer l'histoire de la ville. À l'origine baptisée colonie Marciana Traiana Thamugadi, en hommage à la sœur de l'empereur Trajan, Thamugadi était organisée en damier.

Au milieu du troisième siècle, la population de la ville atteint un pic de 15.000 résidents. Ils jouissent d'infrastructures publiques de qualité, notamment une somptueuse bibliothèque et un total de 14 thermes. Le confort des installations de Thamugadi et la présence de mosaïques ont souvent occasionné des comparaisons avec Pompéi, certains allant même jusqu'à qualifier la ville de : Pompéi de l'Afrique du Nord.

La localisation de la ville était stratégique pour la protection des frontières sud de l'Empire romain. L'Afrique du Nord était le centre névralgique de la production de céréales et la Legio III Augusta était stationnée à Thamugadi afin de protéger les terres et le transport des céréales jusqu'à Rome. Tous les deux ans, plusieurs centaines d'hommes quittaient la légion et s'installaient à Thamugadi en guise de retraite pour leurs services rendus. Leur présence servait également à dissuader les éventuels assaillants.

La ville incarnait la toute-puissance de Rome sur la frontière sud de l'Empire. Sa population cosmopolite a vu se côtoyer les adorateurs des dieux anciens et les chrétiens. Pendant un certain temps, Thamugadi était une place forte de la secte chrétienne hérétique des donatistes.

La situation de crise générale qui se montrait toujours plus pressante sur les frontières de l'Empire romain finit par atteindre Thamugadi. Après avoir été pillée par les Vandales au cours du 5e siècle, la ville commença à tomber en ruines. Après la chute de l'Empire romain d'Occident, Thamugadi connut une brève renaissance en tant que centre du christianisme et un fort fut construit aux abords de la ville en 539, mais elle fut abandonnée avant ou pendant les invasions arabes du 8e siècle.

À compter de cette période, le Sahara commença à recouvrir progressivement Thamugadi et la ville resta dissimulée sous le sable pendant plus d'un millénaire, jusqu'à l'arrivée de James Bruce et des autres explorateurs qui redécouvrirent sa gloire passée. Thamugadi a rejoint la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1982.

toute ressemblance avec Lugdunum convenarum 

ne serait évidemment pas ...

... si fortuite que cela !

 PS (2) trois super-video pour approfondir encore : Timgad, la Rome africaine :