...société fracturée...
Ca y est : une fois de plus, la glace de la Société
française se fracture en larges plaques : il y avait déjà la plaque des
jeunes, terminant leur parcours scolaire à l’Université : l’Université est
en grève, et déjà les meilleurs (es) s’interrogent : comment passer les
examens dans quelques semaines ?
Il y a les retraités : ils
deviennent contributeurs des salariés, participent à diminuer les charges qui pèsent sur leurs salaires : après tout ils ont bénéficié des trente
glorieuses, mais cette contribution passe mal, chez ceux qui ayant cotisé toute
leur vie, s’inquiètent de finir leurs jours dépendants en EHPAD de salariés... mal payés, et ... en trop faible nombre !
Il y a les chômeurs, en trop immense nombre, sommés d'accepter des postes, de statut privé, trop loin de leur domicile, trop peu payés, aux horaires décalés, bref... ceux que ne veulent pas les autres...!
Et puis il y a les
travailleurs. Je ne compte pas la catégorie somme toute peu nombreuse des
actionnaires. Pourtant ils représentent un marché, celui du tourisme de luxe,
des bateaux de luxe, des hôtels de luxe, de l’immobilier de luxe dans les
capitales. Ceux-là tirent les ficelles, prélèvent leur pourcentage en premier, avant d'accorder des miettes aux salariés, aujourd’hui bénis par l’onction du
Président les désignant comme « premiers
de cordée ». Ils ne se plaignent pas. Ils ne font pas grève. Je ne m’intéresse
pas trop à leur sort : j’en reviens aux travailleurs.
La SNCF nous aide à différencier
les différentes catégories de salariés, car ils sont comme des castes en Inde : il y a les actuels, bénéficiant
du statut : emploi à vie. retraite anticipée, transports gratuits. C’est le
statut qui veut cela, ça s’appelle un avantage acquis, et on nous fait observer
que celui des pilotes d’avion, du moins chez Air-France, est beaucoup plus
avantageux encore …enfin, il le serait avec 6% de plus de salaires, s’ils les
obtenaient, rien n’est parfait, ils font grève pour cela, il y a bien une raison ?
Et puis, il va y avoir le statut
des futurs salariés (de la SNCF), du moins si la Loi passe, toute la question est là !
Un statut affreux puisque c’est celui du privé, celui des employés de Carrefour
par exemple, eux on ne les ménage pas, c’est le licenciement ou rien d’autre, dégagement à la case chômeur, les actionnaires repus, il ne reste rien pour eux dans la caisse !
marrante la pub de la Lufthansa en pleine grève des pilotes d'Air-France ! |
J’observe avec vous que les Employeurs jouent de cette multiplicité, car il est des quantités de chômeurs qui préfèreraient le statut privé plutôt que rien : la SNCF, tiens, les recrute en masse en ce moment : ce sont les gilets rouges, qui guident les voyageurs égarés, pendant que les salariés-du-statut font grève… en ménageant leur temps pour limiter leurs pertes de salaire ! D’ici à ce que les gilets rouges conduisent les trains…ce serait la fin de la grève ? la fin du statut ? Vous me direz qu’il faut savoir conduire un train ? Question de statut ! retour à la case départ (apparemment les cadres de la SNCF ont le droit de conduire un train, puisqu’ils bénéficient alors d’une prime de 150€, y compris s’ils sont en grève de leur boulot de cadre, mais ont la gentillesse de conduire un train…ce seraient des briseurs de grève...ils refusent...on s’y perd !)
C’est compliqué, n’est-ce pas,
ces différences dans la Société, qui nous offre tant de statuts différents,
tant d’avantages statutaires différents, dans ce contexte théorique d'Egalité affichée !
Ainsi, c’est la SNCF qui nous
vante tous ces jours prochains les avantages de l’avion ; du bus ; du
covoiturage ; bref de tout ce qui n’est pas le train !
Paradoxal, non ?
La France est paradoxale, et nos
voisins allemands nous regardent ahuris : demain, fin 2019, ils vont
devenir nos transporteurs, sur nos propres voies ferrées, et ce sont eux qui
nous mèneront sur nos lignes régionales ! Parlerons-nous Allemand pour
nous rendre à Toulouse ?
Non ! on parle déjà Anglais !
Oui, go !
Liberté, égalité,
fraternité !