lundi 20 février 2017

Xavier Beulin est mort…

…comme auparavant son prédécesseur Michel Lemetayer

l’agriculture française en danger... !

C’est bien le moins de consacrer quelques minutes à saluer la disparition du Président de la  FNSEA…à quelques jours de l’ouverture du salon de l’agriculture 2017 samedi prochain ! Ai-je entendu un candidat parler d’agriculture dans son programme des présidentielles ? Pourtant, nourrir la planète est bien l’un des défis de notre XXIè siècle, non ? Comme ancien de ce monde à part ; comme élu ; comme consommateur ; comme sénior attaché à une alimentation saine et des paradis préservés de la Nature originelle, j’ai bien un avis non ?

La presse avait salué il y a un mois la sortie du livre plaidoyer « Notre agriculture est en danger. Ce qu’il faut faire », écrit avec Yannick Le Bourdonnec, publié chez Tallandier.

On en parle peu, mais Yannick Le Bourdonnec est un journaliste économique et écrivain, né le 20 septembre 1953. Il est originaire de Carhaix, diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris et titulaire d'une maîtrise de droit public. Journaliste, grand reporter et chef de différents services, notamment à Agra Presse, (souvenir de ces feuillets verts, longuement lus tous les matins à Rennes pendant toutes ces années...) ; Les Échos, L'Expansion de 1979 à 1993, et Enjeux Les Échos à partir de 1994, il a également été directeur de la rédaction du Nouvel Économiste entre 2001 et juillet 2002. Spécialiste des questions agricoles et de développement régional, il a collaboré en tant qu'éditorialiste au quotidien régional Le Télégramme. Écrivain, essayiste, il a également réalisé des documentaires pour la télévision, comme "Au nom du père", une saga sur Édouard et Michel-Édouard Leclerc. Cofondateur et associé de l'agence de presse Tapas Presse en 2002, directeur de collection aux Éditions des Syrtes et fondateur de Poleco, une société de conseil en communication et image, il quitte le journalisme pour intégrer le Groupe Publicis, comme associé puis vice-président de Publicis Consultants. Il dirige la société Verbe à partir de mai 2007. En 2009, il fonde Yannick Le Bourdonnec Conseil, «agence de conseil stratégique en communication corporate», dont il est le président. http://www.ylbconseil.fr/


Une pointure en bretonitude et agriculture !

Dans leur livre, le président de la FNSEA et lui rappellent que l’agriculture et l’agroalimentaire recèlent un formidable potentiel. Un plaidoyer résolument économique qui n’épargne pas Jacques Chirac accusé d’avoir manqué de vision. « Ces succès d’un soir de marathon bruxellois nous ont privés d’une politique à long terme. » 

Ce livre vise les candidats à l’élection présidentielle. Il s’adresse aussi aux militants de la FNSEA parfois déboussolés par un discours qualifié parfois de techno. –« Oui, rappelle-t-il, je suis un paysan comme vous ». Un itinéraire qui démarre comme une ligne brisée avec la disparition de son père lorsqu’il est encore au lycée. La ferme va primer sur les études et la traite des vaches désormais rythmer son quotidien. « Nous formions une famille comme il en existe des centaines de milliers. Mes deux parents venaient d’un milieu agricole, mon père de l’Orléanais, ma mère du Val de Loire. L’un comme l’autre étaient issus d’une famille nombreuse; ma mère était l’aînée de dix enfants, mon père d’une fratrie de huit. » 

Comme Michel Debatisse, Luc Guyau ou Jean-Michel Lemétayer avant lui, c’est le syndicalisme agricole, les Jeunes Agriculteurs, puis la FNSEA qui ont fait de Xavier Beulin ce qu’il était : le paysan le plus puissant de France. Dans ce parcours, un homme a joué un rôle clé : Jean-Claude Sabin, l’initiateur du groupe Sofiprotéol aujourd’hui devenu Avril. Financé par des cotisations des agriculteurs de la filière des oléoprotéagineux, le groupe qui contrôle aujourd’hui les marques Lesieur et Puget, est présent dans les biocarburants avec la marque Diester, l’alimentation animale (Sanders). Il a réalisé 6,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et emploie 7200 salariés. Xavier Beulin en tire trois enseignements. Le premier souligne l’importance du collectif, qui a depuis toujours constitué le fondement du mouvement agricole : on ne réussit pas seul en agriculture. Le second rappelle la nécessité pour les paysans de s’impliquer dans les questions économiques : il ne suffit plus seulement de produire, mais de vendre, donc d'exporter. Enfin, l’agriculture joue un rôle clé dans les territoires. Je ne vous dirai pas le contraire !

Pour le président de la FNSEA, la France « n’a plus de stratégie agricole ». Plusieurs de nos voisins ont des objectifs économiques ambitieux dans ce secteur. Et les résultats suivent. « Les Allemands ont exporté en 2016 quatre fois plus qu’il y a quinze ans, les Néerlandais trois fois plus. » La France ne cesse de perdre des places dans le classement des grands pays exportateurs. « Elle n’est plus le premier mais le troisième pays exportateur d’Europe. Depuis 2000, nos exportations ont été devancées en valeur par celles des Pays-Bas et de l’Allemagne. Même chose sur la scène internationale. Notre pays a glissé de la deuxième à la cinquième place comme exportateur agroalimentaire, derrière les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et depuis 2010 le Brésil. »

Xavier Beulin défend "une politique d’innovation sous toutes ses formes: technologique, sociale, environnementale ». Il propose aussi de décloisonner l’agriculture en l’ouvrant à de nouveaux champs de croissance. Dans sa démonstration, il s’appuie sur la démarche suivie par le groupe Avril présent aujourd’hui dans la chimie du végétal, les agrocarburants… Un défi qui implique aussi pour les agriculteurs de se structurer.

Xavier Beulin réaffirme son soutien « aux biotechnologies dès lors qu’elles apportent de réels avantages ». Il mesure aussi les résistances et invite à ouvrir le dialogue. « Rien ne se fera sans partage avec la société, voire sans négociation. C’est bien ce qui rend l’exercice de plus en plus difficile pour un agriculteur, qui a le sentiment que la terre ne lui appartient plus. » Robotique et numérique, génétique, biotechnologies font partie de l’arsenal indispensable pour retrouver le chemin de la croissance. L’agriculture dans son ensemble peut en bénéficier, y compris le bio estime-t-il.

Pour Xavier Beulin, le ministère de l’Agriculture (porte-parole du Gouvernement) ne répond pas aux défis posés. Il propose « un grand ministère qui engloberait l’agroalimentaire et les territoires ruraux. » Ce nouveau ministère jouerait aussi un rôle pivot avec les régions qui gèrent désormais les fonds européens du développement rural (FEADER): 11,5 milliards d’euros sur la période 2014-2020. « Cette nouvelle donne entre l’État, les régions et les filières nécessite des stratégies partagées et des mises en œuvre concertées. Un État stratège doit s’en donner les moyens, y compris dans son organisation, sous peine de disparaître pour ne devenir qu’un ministère des aides de la PAC », estime Xavier Beulin. Où sont aujourd’hui les anciennes Directions départementales de l’Agriculture ? Qui s’est jamais ému de leur disparition ?

"Notre pays est aujourd'hui le troisième producteur en Europe derrière l'Espagne et l'Italie et devant l'Allemagne, selon le bilan établi pour 2015 par l'agence Bio... Toujours selon les chiffres de l'agence BIo, la filière biologique représente en France plus de 100 000 emplois directs. … cette forme d'agriculture a conquis toute sa place dans le paysage actuel et que les mentalités ont largement intégré cette idée d'une agriculture multiple et diversifiée... Le cheminement n'a pas été aisé, il faut en convenir : la remise en cause des pratiques culturales ou d'élevage était souvent dogmatique et parfois sectaire. Les interpellations d'un monde bio, qui se vivait comme marginal et marginalisé, répondaient à la volonté de certain d'ériger un cordon sanitaire contre ceux qui contestaient le modèle dominant de l'agriculture... J'ai milité pour qu'il trouve sa juste place dans les stations expérimentales, ces structures qui testent et mettent au point les nouvelles pratiques ou techniques agricoles. Et cette initiative a porté ses fruits puisque le bio a pu contribuer à faire progresser les outils, les techniques alternatives  comme le non labour ou la rotation des cultures."

L’agriculture française traverse une crise majeure et de nombreux experts la jugent à bout de souffle : des revenus mensuels qui parfois ne dépassent pas 500 euros, des exploitants qui se suicident, des cours qui ne se relèvent pas, des intempéries qui ravagent les cultures… Sans vision, programme ou projection dans le futur, le monde agricole est aujourd’hui à l’heure des choix.

Grand pays agricole par tradition, la France doit s’inscrire dans un projet global qui intègre les nouveaux défis planétaires : prévenir le changement climatique, assurer l’alimentation d’une population mondiale en croissance, s’adapter aux nouvelles énergies et répondre aux attentes d’une société de plus en plus urbaine. Aussi est-il urgent d’inventer un nouveau modèle dans lequel les agriculteurs continueront à produire mais autrement, maintiendront leur compétitivité et s’adapteront aux apports de la révolution numérique. 

j'avais inventé le terme : "agriculture virtuelle"...!

Quel programme agricole français demain ?

Je regarde les Personnalités qui entouraient Xavier Beulin hier encore : qui va recevoir les candidats à la Présidentielle la semaine prochaine ? Il y a des hommes et une femme : Christiane Lambert, une personnalité exceptionnelle...!

on a besoin d’un Président pour la France


on a besoin aussi de patrons pour l’agriculture française.