l’agriculture française en danger... !
C’est bien le moins de consacrer
quelques minutes à saluer la disparition du Président de la FNSEA…à quelques jours de l’ouverture du
salon de l’agriculture 2017 samedi prochain ! Ai-je entendu un candidat
parler d’agriculture dans son programme des présidentielles ? Pourtant,
nourrir la planète est bien l’un des défis de notre XXIè siècle, non ?
Comme ancien de ce monde à part ; comme élu ; comme consommateur ; comme sénior
attaché à une alimentation saine et des paradis préservés de la Nature
originelle, j’ai bien un avis non ?
La presse avait salué il y a un
mois la sortie du livre plaidoyer « Notre
agriculture est en danger. Ce qu’il faut faire », écrit avec Yannick Le
Bourdonnec, publié chez Tallandier.
On en parle peu, mais Yannick Le
Bourdonnec est un journaliste économique et écrivain, né le 20 septembre 1953. Il
est originaire de Carhaix, diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris
et titulaire d'une maîtrise de droit public. Journaliste, grand reporter et
chef de différents services, notamment à Agra Presse, (souvenir de ces
feuillets verts, longuement lus tous les matins à Rennes pendant toutes ces années...) ; Les Échos, L'Expansion
de 1979 à 1993, et Enjeux Les Échos à partir de 1994, il a également été
directeur de la rédaction du Nouvel Économiste entre 2001 et juillet 2002. Spécialiste
des questions agricoles et de développement régional, il a collaboré en tant
qu'éditorialiste au quotidien régional Le Télégramme. Écrivain, essayiste, il a
également réalisé des documentaires pour la télévision, comme "Au nom du
père", une saga sur Édouard et Michel-Édouard Leclerc. Cofondateur et
associé de l'agence de presse Tapas Presse en 2002, directeur de collection aux
Éditions des Syrtes et fondateur de Poleco, une société de conseil en
communication et image, il quitte le journalisme pour intégrer le Groupe
Publicis, comme associé puis vice-président de Publicis Consultants. Il dirige
la société Verbe à partir de mai 2007. En 2009, il fonde Yannick Le Bourdonnec
Conseil, «agence de conseil stratégique en communication corporate», dont il
est le président. http://www.ylbconseil.fr/
Une pointure en bretonitude et agriculture !
Dans leur livre, le président de
la FNSEA et lui rappellent que l’agriculture et
l’agroalimentaire recèlent un formidable potentiel. Un plaidoyer résolument
économique qui n’épargne pas Jacques Chirac accusé d’avoir manqué de vision. « Ces succès d’un soir de marathon
bruxellois nous ont privés d’une politique à long terme. »
Ce livre vise
les candidats à l’élection présidentielle. Il s’adresse aussi aux militants de
la FNSEA parfois déboussolés par un discours qualifié parfois de techno. –« Oui, rappelle-t-il, je suis un
paysan comme vous ». Un itinéraire qui démarre comme une ligne brisée
avec la disparition de son père lorsqu’il est encore au lycée. La ferme va
primer sur les études et la traite des vaches désormais rythmer son quotidien. « Nous formions une famille comme il en
existe des centaines de milliers. Mes deux parents venaient d’un milieu
agricole, mon père de l’Orléanais, ma mère du Val de Loire. L’un comme l’autre
étaient issus d’une famille nombreuse; ma mère était l’aînée de dix enfants,
mon père d’une fratrie de huit. »
Comme Michel Debatisse, Luc Guyau ou
Jean-Michel Lemétayer avant lui, c’est le syndicalisme agricole, les Jeunes Agriculteurs,
puis la FNSEA qui ont fait de Xavier Beulin ce qu’il était : le paysan le
plus puissant de France. Dans ce parcours, un homme a joué un rôle clé :
Jean-Claude Sabin, l’initiateur du groupe Sofiprotéol aujourd’hui devenu Avril.
Financé par des cotisations des agriculteurs de la filière des
oléoprotéagineux, le groupe qui contrôle aujourd’hui les marques Lesieur et
Puget, est présent dans les biocarburants avec la marque Diester, l’alimentation
animale (Sanders). Il a réalisé 6,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en
2015 et emploie 7200 salariés. Xavier Beulin en tire trois enseignements. Le
premier souligne l’importance du collectif, qui a depuis toujours constitué le
fondement du mouvement agricole : on ne réussit pas seul en agriculture. Le
second rappelle la nécessité pour les paysans de s’impliquer dans les questions
économiques : il ne suffit plus seulement de produire, mais de vendre, donc d'exporter. Enfin,
l’agriculture joue un rôle clé dans les territoires. Je ne vous dirai pas le
contraire !
Pour le président de la FNSEA, la
France « n’a plus de stratégie agricole
». Plusieurs de nos voisins ont des objectifs économiques ambitieux dans ce
secteur. Et les résultats suivent. « Les
Allemands ont exporté en 2016 quatre fois plus qu’il y a quinze ans, les
Néerlandais trois fois plus. » La France ne cesse de perdre des places dans
le classement des grands pays exportateurs. «
Elle n’est plus le premier mais le troisième pays exportateur d’Europe. Depuis
2000, nos exportations ont été devancées en valeur par celles des Pays-Bas et
de l’Allemagne. Même chose sur la scène internationale. Notre pays a glissé de
la deuxième à la cinquième place comme exportateur agroalimentaire, derrière
les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et depuis 2010 le Brésil. »
Xavier Beulin défend "une
politique d’innovation sous toutes ses
formes: technologique, sociale, environnementale ». Il propose aussi de
décloisonner l’agriculture en l’ouvrant à de nouveaux champs de croissance.
Dans sa démonstration, il s’appuie sur la démarche suivie par le groupe Avril
présent aujourd’hui dans la chimie du végétal, les agrocarburants… Un défi qui
implique aussi pour les agriculteurs de se structurer.
Xavier Beulin réaffirme son
soutien « aux biotechnologies dès lors
qu’elles apportent de réels avantages ». Il mesure aussi les résistances et
invite à ouvrir le dialogue. « Rien ne se
fera sans partage avec la société, voire sans négociation. C’est bien ce qui
rend l’exercice de plus en plus difficile pour un agriculteur, qui a le
sentiment que la terre ne lui appartient plus. » Robotique et numérique,
génétique, biotechnologies font partie de l’arsenal indispensable pour
retrouver le chemin de la croissance. L’agriculture dans son ensemble peut en
bénéficier, y compris le bio estime-t-il.
Pour Xavier Beulin, le ministère
de l’Agriculture (porte-parole du Gouvernement) ne répond pas aux défis posés.
Il propose « un grand ministère qui
engloberait l’agroalimentaire et les territoires ruraux. » Ce nouveau
ministère jouerait aussi un rôle pivot avec les régions qui gèrent désormais
les fonds européens du développement rural (FEADER): 11,5 milliards d’euros sur
la période 2014-2020. « Cette nouvelle
donne entre l’État, les régions et les filières nécessite des stratégies
partagées et des mises en œuvre concertées. Un État stratège doit s’en donner
les moyens, y compris dans son organisation, sous peine de disparaître pour ne
devenir qu’un ministère des aides de la PAC », estime Xavier Beulin. Où
sont aujourd’hui les anciennes Directions départementales de l’Agriculture ?
Qui s’est jamais ému de leur disparition ?
"Notre pays est aujourd'hui le troisième producteur en Europe
derrière l'Espagne et l'Italie et devant l'Allemagne, selon le bilan établi
pour 2015 par l'agence Bio... Toujours selon les chiffres de l'agence BIo, la
filière biologique représente en France plus de 100 000 emplois directs. … cette forme d'agriculture a conquis toute sa
place dans le paysage actuel et que les mentalités ont largement intégré cette
idée d'une agriculture multiple et diversifiée... Le cheminement n'a pas été
aisé, il faut en convenir : la remise en cause des pratiques culturales ou
d'élevage était souvent dogmatique et parfois sectaire. Les interpellations
d'un monde bio, qui se vivait comme marginal et marginalisé, répondaient à la
volonté de certain d'ériger un cordon sanitaire contre ceux qui contestaient le
modèle dominant de l'agriculture... J'ai milité pour qu'il trouve sa juste
place dans les stations expérimentales, ces structures qui testent et mettent
au point les nouvelles pratiques ou techniques agricoles. Et cette initiative a
porté ses fruits puisque le bio a pu contribuer à faire progresser les outils,
les techniques alternatives comme le non
labour ou la rotation des cultures."
L’agriculture française traverse
une crise majeure et de nombreux experts la jugent à bout de souffle : des
revenus mensuels qui parfois ne dépassent pas 500 euros, des exploitants qui se
suicident, des cours qui ne se relèvent pas, des intempéries qui ravagent les
cultures… Sans vision, programme ou projection dans le futur, le monde agricole
est aujourd’hui à l’heure des choix.
Grand pays agricole par
tradition, la France doit s’inscrire dans un projet global qui intègre les
nouveaux défis planétaires : prévenir le changement climatique, assurer
l’alimentation d’une population mondiale en croissance, s’adapter aux
nouvelles énergies et répondre aux attentes d’une société de plus en plus
urbaine. Aussi est-il urgent d’inventer un nouveau modèle dans lequel les
agriculteurs continueront à produire mais autrement, maintiendront leur
compétitivité et s’adapteront aux apports de la révolution numérique.
j'avais inventé le terme : "agriculture virtuelle"...!
Quel programme
agricole français demain ?
Je regarde les Personnalités qui
entouraient Xavier Beulin hier encore : qui va recevoir les candidats à la Présidentielle la
semaine prochaine ? Il y a des hommes et une femme : Christiane Lambert, une personnalité exceptionnelle...!
on a besoin d’un Président pour la France
on a besoin aussi de patrons pour l’agriculture française.