j'ai failli donner à ce billet le titre : "Clément a une tête de moine", mais j'ai eu peur qu'il le prenne mal !
Vous savez que j'adore les épiceries fines : juste en face de la Collégiale, le magasin de Clément vous accueille dans le monde profane, après avoir fréquenté l'au-delà : vous retombez sur terre, en ayant envie de nourritures terrestres, mais chics et pas ordinaires.
Vous savez que j'adore les épiceries fines : juste en face de la Collégiale, le magasin de Clément vous accueille dans le monde profane, après avoir fréquenté l'au-delà : vous retombez sur terre, en ayant envie de nourritures terrestres, mais chics et pas ordinaires.
Depuis des temps immémoriaux, nos amis moines recherchent ce style de vie, qui allie la ferveur de l'esprit aux nourritures terrestres. Un plat délicieux vous entraîne à rêver, à cultiver les vertus, et n'interdit aucunement de rechercher la Sagesse. Si l'on se nomme Clément, nom illustre porté par d'anciens papes, on peut très bien proposer aux Croyants de pratiquer le raffinement culinaire.
J'entre donc chez Clément, dont on m'avait dit qu'il vendait la seule poutargue de la Ville. Ici on pratique davantage le cassoulet que ce que je nomme le "caviar du pauvre", expression totalement décalée si l'on considère que les oeufs de mulet autrefois conditionnés à Martigues, la Venise provençale, coûtent (quand-même) 179 Euros le Kilog. Monsieur Pétrossian vend vous le savez aussi bien du caviar (fameusissime) que la rare poutargue, et je décide de conclure pour les 200g soigneusement emballés sous vide, et garantis jusqu'au début décembre. Après, il n'y en a plus, j'ai acheté le seul exemplaire !
mieux vaut déguster deux boites qu'une seule ! |
je n'ai rien contre bien au contraire ! |
Mais ce n'est pas l'unique spécialité de Clément. Il sort de sous les fagots un instrument abrité d'une cloche transparente. Enfile sur le mandrin central une "tête de moine". Pratique un mouvement circulaire : le couteau radial dégage une sorte de pétale, qui devient corolle, pour terminer petite fleur. Clément offre une première fleur à Madame, une seconde à Monsieur, nous sommes conquis !
J'ai toujours résisté à la tentation de me faire moine :
j'ai trouvé un substitut à mon fantasme manqué
Je sais le cadeau que va me faire Noël :
une tête de moine pour offrir aux amis...
...des fleurs de vache...
...de vaches suisses...!
...de vaches suisses...!
l'appareil tourne autour du moyeu central |
Clément offre une première fleur à Madame |
une fleur..... à Monsieur : c'est "vachement" bon ! |
il y a tous les fromages |
ne vous laissez pas influencer par les Primaires : ce qu'il y a de mieux à Meaux : le Brie ! |
achetez vous la machine à faire des fleurs |
achetez vous une tête de moine garantie par Clément |
si vous désirez mieux connaitre la poutargue
d'autres disent boutargue
Introuvable...ou presque ! Nous avons suivi la filière depuis Martigues : les mulets ne sont pas reconnus comme un poisson gastronomique. Mais leurs oeufs, séchés sur des claies au soleil, et enrobés de paraffine, se consomment comme un mets délicat. Aux Saintes-Maries de la Mer on en fait des entremets : d'ailleurs essayez : vous faites cuire par votre épouse préférée des oeufs brouillés, et vous les saupoudrez de poutargue frottée sur une râpe : pas besoin de saler, merveilleux ! L'utilisation classique était la suivante : vous êtes à Toulon, vous partez à 5 heures du matin sur un pointu (ça sent le poisson, c'est humide, le bruit du monocylindre fait pof, pof, des filets humides tout autour, et la patron qui veut vous éviter le mal de mer avec toute cette odeur (assez) écoeurante, vous sort un quignon de pain, et une poutargue : beaucoup de pain, les incisives découpent de petits morceaux dans la poutargue, une merveille, vous oubliez l'odeur du poisson alentour ! (j'ai de la même manière dégusté des anchois préparés par la pêcheresse....ils étaient divins, avec des herbes aromatiques, des conserves-maison comme celles-là n'existent plus).
Plus tard, nous avons retrouvé la tradition dans l'étang de Biguglia au Sud de Bastia (on prononce Bigoulia). Plus tard encore, nous avons fréquenté Florence Grimm rue Ninau à Toulouse, qui en vend toujours, mais il faut se rendre à Toulouse. Elle est maintenant (la poutargue) séchée en Mauritanie, mais Pétrossian en fait un produit de luxe.
Grâce à Clément, plus besoin de se déplacer !