Nul besoin de traverser l’Italie pour se rendre à Rome, ou encore Impruneta…même si le voyage ne manque pas d’intérêt ! mais plus proche, pour peu qu’on marche à pied la tête en l’air, Toulouse est riche en statues diverses, cariatides, torses de géants, allégories antiques et variées. Une explication : l’atelier Virebent, (qu’il est toujours possible de visiter lors des journées du patrimoine), mais qui ne produit plus depuis longtemps. Auguste Virebent, né en 1792 à Toulouse et mort en 1857 était en effet un architecte briquetier. Fils de Jacques-Pascal Virebent, il crée en 1830 une usine de céramique artistique au pied de la colline de Miremont. Il entreprend aussi la reconstruction dès 1845 du Château de Launaguet où il s’installe et montre son savoir faire. Avec sa concurrente, la manufacture Giscard, spécialisée dans l'art religieux, la manufacture Virebent riche de nombreuses inventions permettant de travailler l’argile, a façonné l'ornementation de l'architecture néo-classique toulousaine par sa production de cariatides, consoles, chapiteaux, éléments de colonne, balustres, modillons, rosaces et médaillons. Les moules, car c’est l’outil incontournable du mouleur, of course, seraient conservés à l’abri par la Mairie de Toulouse. L’important est de ne pas les abimer, et donc qu’ils ne servent plus jamais… ! Aujourd’hui les statues municipales sont toutes en résine… !
le n°20 de la rue Lafayette |
Alors, comment faire pour décorer son jardin (son parc devrais-je dire) ? Recourir à la pierre reconstituée de nos amis (européens) portugais ? Leur technique n’est pas mal du tout. Mais le modelé n’a rien de classique, ni de très esthétique. N’est pas disciple de Praxitèle qui veut….
…sauf à fouiller davantage, et sortir de la grande ville, à quelques kilomètres à peine, loin du bruit, des autoroutes. Le lieu idéal pour un artisan d’art. Pas de publicité, il faut avoir rendez-vous. Nous en revenons. Accueillis par Jean-Loup Ficat, sculpteur, ancien élève des Beaux-Arts, il a patiemment créé ses propres moules. Il m’autorise à grimper dans le grenier. Je vous ai déjà montré les étagères de Lorenzi à Arcueil. Même spectacle. Mêmes surprises en fouillant : un buste ici ; là un plâtre patiné tiré d’une sculpture d'Hercule de la villa romaine de Chiragan : « il suffit que j’en tire un moule, et je puis créer une ornementation supplémentaire » ; là encore une belle tête en plâtre ... d'une ancienne stagiaire....
Dans le gazon tout vert en ce printemps ensoleillé, des bustes ; des bas-reliefs, des paniers ; des vases armoriés ; des angelots joufflus qui imitent Eole ou permettent de créer un joli bec de fontaine. Mais je suis venu pour autre chose, une pièce (un peu) monumentale. Genre "quatre saisons" : l’hiver c’est « la frileuse », jolie mais courbée sous le vent froid, emmitouflée jusqu'au cou, pas très ...folichonne. Comme vient de le dire Jean-Louis Trintignant primé au festival de Cannes, citant Prévert, «et si on essayait d’être heureux, ...ne serait-ce que pour donner l’exemple ? ». Il faut trouver une autre saison : le printemps est une jeune fille gracieuse, mais un peu petite : il faut dépasser 1,45m, même si ensuite on pose l'objet sur un piédestal. L’automne vient d’être vendu. Ce qui serait bien : rester classique, s’il existait une Vénus par exemple. Avec un profil bien grec, et un plissé très strict..…Il en reste justement une, un ancien tirage, un peu patinée, avec un escargot sur le bras et un petit éclat qui montre sa maturité. Elle a un superbe drapé, un joli bras droit, des fleurs dans les cheveux, comme ceci : peut-être est-ce l'été ? Peut-être la jumelle de la grande fenêtre -ci-dessus- rue Lafayette ...? Ou encore la soeur de la statue au fond de la cour de l'Hôtel Cassan, 32 rue Mage ?
...il n’a pas fallu longtemps (malgré le poids…)
pour la glisser dans la voiture… !
pour consulter le catalogue : http://www.ficat.fr/catalog.pdf