pendant 30s au lever du soleil, les maisons blanches deviennent roses |
Ca n’en a pas l’air, mais j’ai un
programme de voyage très précis : jeudi c’est jour de marché à
Tarragone : j’ai promis des sushis à ma chérie qui en raffole, départ,
comme toujours, trop tôt… mais vous allez voir que la surprise sera à l’heure
où on ne l’attendait pas ! Je connais le chemin par cœur, il suffit
d’attendre sagement derrière les autocars le passage des feux au vert, et je me
retrouve dans le « Balco del Méditerrani », avec cette vue
surplombante de la ville sur la mer au loin par-delà les toits des voitures.
Pas d’autre solution que je rentrer dans le parking sous la rambla, il est
tellement plein que je dois rouler jusqu’au bout presque sous la statue de
Christophe Colomb, on a droit à quelques centimètres ras les poteaux, tous les
radars clignotant tout rouges, la passagère doit sortir de voiture avant
qu’elle soit garée, tellement elle frotte la voisine, mais la voiture est en
sécurité.
Petit parcours à pied où nous
reconnaissons toutes nos adresses, la Farmacia où le vieux farmacien parle bien
Français ; la marchande de glaces italiennes où nous reviendrons prendre
le dessert, on tourne à gauche, travaux affreux dans la rue, avec boucan de marteaux-piqueurs
pour poser des pavés neufs, et arrivée au si beau marché : vous savez
comme j’apprécie l’architecte Josep Jujol, (1) copain oublié de Gaudi, je vous
remets trois photos de son immeuble de Barcelone, je vous rappelle qu’il a créé
le bleu-Jujol, c’est la couleur des verrières qui éclairent son marché couvert.
Il est onze heures dix-huit pile, l’heure du petit-déjeuner que chacun prend ici comme
nous le déjeuner, avec bière et sandwiches variés. Nous avons petit-déjeuné à
huit heures, plus de trois heures après il est oublié, et les sushis-promis nous
tendent les bras, avec une salade variée bien appétissante, du riz dessous, et
plein de saumon partout. J’observe les cuistots japonais, ils ne cessent pas de
fabriquer leurs sushis, les leurs sont vraiment frais et bons, une cure de
phosphore et de sauce soja et gingembre. Nous mangeons calmement, après il faut
le dire avoir inventorié tous les étals de poisson, remplis de homards et
crustacés divers, mais les huitres de l’Ebre sont toujours aussi rares,
heureusement deux cagettes m’attendront en fin de matinée chez Caprabo où je
les avais réservées à Marta.
Quarante minutes plus tard, nous
sortons, une fanfare éclate dehors, un fandango typique Espagnol : comme
aux arènes de Dax, avant d’ouvrir les portes du torril au taureau fou enragé !
Il est midi pile, la foule regarde : autour de l’horloge extérieure, une
farandole animée des personnages de Tarragone tourne sur elle-même, emmenée par
un manège circulaire : il y a tous les personnages typiques des fêtes de
Santa Tecla (qui ne sont toujours pas terminées), la Belle en rouge, le
Monsieur bleu en turban, le beau Noir d’Afrique en robe rose, emmenés par un
Suisse comme autrefois à l’Eglise. Et des animaux : un aigle couronné, porté
par un monsieur logé dedans, et un Lion couronné lui aussi. Quelques minutes
plus tard, le portail se referme, la grille retrouve ses barreaux horizontaux,
si on n’est pas sur place à midi pile, jamais on ne découvre ce manège-carillon-mécanisé
et surtout, si bruyant ! (3)
La voiture est toujours là, j’introduis
ma targeta dans la fente de la caisse, je paie, le portail automatique veut
bien s’ouvrir sur un noir tunnel qui nous emmène tout en bas sur la mer. On
remonte, et on reprend la via Augusta qui passe devant la Tour de Scipion. Détour
par Caprabo, tant qu’à faire je prends les deux caissettes d’huitres visibles
dans la glace, à l’heure où j’écris ces quelques lignes il est dix sept heures
trente, c’est l’heure de l’apéro, quel apéro avec un vin blanc froid du Priorat,
et des ostras Fangar du delta de l’Ebre (2). (j’ai gardé la seconde caissette
pour demain)
J’ai respecté mon
programme, je suis à vrai dire assez fier de moi
Il faut tenir ses
propres promesses
et surtout éviter de
rester sans rien faire
Pascal l’a bien dit :
vivre seul avec soi dans
une pièce vide rend triste
surtout pas !
PS (1) :
http://babone5go2.blogspot.com/2022/05/casa-bofarull-encore-un-tresol-de-jujol.html
http://babone5go2.blogspot.com/2022/06/descobrint-montferri-jujol-architectura.html
PS (3) : nous sommes de piètres touristes, et ne participons pas aux bains de foule qui marquent la Santa Tecla : Pendant plus d’une semaine, les habitants de Tarragone et, normalement, les visiteurs, vont aux lieux les plus emblématiques de la ville pour profiter des événements festifs et même gastronomiques.
Déclarée en 2002, « Festivité d’intérêt touristique national » par l’Etat espagnol, et en 2010, « Festival patrimonial d’intérêt national » par la Generalitat. Les origines de cette célébration ambulante remontent à l’an 1321, date à la quelle la relique du bras de la sainte patronne arriva à la ville en provenance de l’Arménie. Je vous rappelle que Tecla est une vierge martyre du 1er siècle, convertie à la chrétienté et instruite par Paul de Tarse lors de son premier voyage missionnaire. Pensant à toutes ces histoires anciennesn nous avons rencontré ces personnages pittoresques cherchant des fripes au marché.
Le jour de Santa Tecla, le 23 après-midi, le Seguici Popular (littéralement, l’escorte populaire) parcourt les rues de la vieille ville, faisant place à la relique. Mention spéciale pour l’entrée du bras de Santa Tecla à la Cathédrale, entourée de tous les éléments traditionnels, les tours humaines, le son des cloches et les feux d’artifice.
Le jour des tours humaines de La Mercè a lieu le 24, avec la
participation des colles de la ville (troupes de tours humaines) qui érigent
ces tours marchantes si particulières.