samedi 8 octobre 2022

Je découvre le Passatge de la Faustina

 




Depuis que nous venons ici, le rite annuel consiste à visiter la villa del Munts à laquelle j’accède à pied puisque nous avons choisi d’habituer tout près, tellement que le balcon domine la piscine de la Faustina. Je vous l’ai montrée vide, puis pleine d’eau de mer lors du gros orage dernier. Depuis, le temps est devenu tellement maussade avec des vagues fortes qui m’ont dissuadé d’aller dans l’eau, le sable est parsemé de cailloux sur lesquels on bute pieds nus, ce serait trop bête de se casser la figure et de se faire bousculer par une grosse vague, alors qu’on est si loin de Biarritz !

Je prends donc l’appareil photo, et la carte bleue pour faire un clic-contact de 2 Euros, privilège des cheveux blancs ! Comme toujours, pas grand monde sauf un couple d’Allemands, je me demande s’il y a du nouveau, il n’y en a pas depuis que les latrines ont été reconstituées, je commence par là histoire d’être ainsi tranquille pour la suite de la visite ! L’orage récent a-t-il laissé des traces d’eau stockée ? Tout cet énorme impluvium alimentait les citernes permettant d’arroser jardins et pars agricola périphérique, tout a été évacué, on ne voit que des traces de terre humide au fond des réceptacles vides.

sur cette vielle photo aérienne, les latrines en bas à droite ne sont pas aménagés, pas davantage que les thermes chauffés

là, le "siège" d'Avitus est restauré à gauche

c'est la place de Caius, justement l'Allemand la quitte


enfin libre !

on y va à 8 !

la maxima Rambla restaurée elle aussi


grands ou petits, les impluviums désespérément vides




le grand impluvium du sommet aussi




la poussière des mosaïques n'a pas été faite depuis un moment !

je sais : il est interdit de "passer l'éponge" ! 

grande citerne, et tartane, vides


Si j’avais gardé le souvenir de Faustina, J’avais oublié le nom du propriétaire, numéro deux de Tarraco, le voici retrouvé. Je fais le tour de la villa impériale, les mosaïques pourtant reconstituées ont perdu leurs belles couleurs il faut dire qu’elles ne les montrent que mouillées avec une éponge, que j'ai précautionneusement emmenée dans la poche. La tartane est toujours debout, mystérieuse, comment se remplissait-elle ? se vidait elle ? on retrouve les traces de canaux en pierre partout, mais impossible de reconstituer leur trajet, tout au plus reste intact l’énorme impluvium situé en partie supérieure. La gardienne qui s’ennuie et baragouine un Français approximatif m’explique qu’il ne faut pas que je croie qu’ici c’est le climat de l’Afrique : il pleut, il neige en hiver, et avant le réchauffement climatique récent, tout le monde vivait dans le coin avec l’eau des citernes récoltée par les toits lors des pluies.



la piscine est à gauche


Je sors avec les Allemands, et prends la ruelle située en face, qui donne directement sur la plage, réduite par les assauts des vagues : je tombe sur une magnifique plaque : Passatge de la Faustina, noble romaine, tu parles, c’était l’épouse légitime du proprio ! Depuis notre résidence, j’ai parcouru tous les jours les passages publics entre les immeubles accédant à l’eau, et suis arrivé sans voir la plaque au bout du Passatge en question ! J’ai donc inconsciemment marché sur les traces de la Faustina !

Comme quoi une journée maussade entraine une sortie pas terrible

vous fait visiter des ruines vues des dizaines de fois

pour une surprise finale de taille :

on en apprend toujours quand on observe autour de soi !


pour imiter Faustina, chacun a créé son accès privat à la mare


les containers d'ordures donnent à la Villa la modernité qui convient à nos temps

24H/24, les vagues s'acharnent sur la Platja et font reculer les jardins préservés


la platja existera-t-elle encore l'année prochaine ?



le temps passe...

... et la mer monte !


PS : à quoi pouvait bien ressembler Faustina ?

L'avantage des artistes, je parle des créatifs, dont l'imagination est susceptible de reconstituer quitte à inventer : des visages ; des corps ; des situations disparues, est d'offrir à notre imagination en panne des scènes, que nous ne savons reconstituer.

Vous pensez bien que depuis toutes ces années, j'ai pensé à Faustina "noble romaine", en tenant d'imaginer pourquoi son époux, "premier de cordée" de l'époque, avait bien pu la choisir, et créer à deux non sculement une citerne pour recueillir l'eau de pluie, mais une villa impériale dotée d'une piscine située quasiment dans la mer.

Voilà quelques suggestions

Frédérico Andreotti (1847-1930) représente une italienne tout à fait susceptible de tenir le rôle !

pourquoi pas la Bédouine de Falero ?

Godward est toujours précis avec les décors de marbre, et les meubles

pour mieux coller encore avec la situation :

Ernest Normand est bien Français, 1886, voilà le fils de Faustina jouant avec les carpes du bassin

George Pauli, la fontaine coule d'abondance ! 

Fortunino Matania (1881-1963) encore un Italien pour représenter les bains

il ne s'est pas gêné pour représenter notre romaine laçant ses cubiculi


 ni Nefertiti conduisant son char royal

les artistes comblent les vides de notre imaginaire !