mercredi 10 novembre 2021

Les abeilles de Jean-François Fourtou


Pourquoi résider au Nord (où sont les corons) alors qu'il fait si beau au Sud ? Le vrai sud n'est pas à la latitude de Tarragone ou de la Corse, il est au Nord de la Méditerranée dans la palmeraie de Marrakech : c'est là que Jean-François a conçu sa villa Dar el Sadaka, qui signifie "celui qui cherche" en sanskrit, une définition qui fait écho chez l'artiste, adepte du yoga et de la méditation. Dans cette optique, la maison va d'abord devenir une résidence d'artistes, ensuite le siège d'une fondation à but humanitaire venant en aide aux femmes et aux enfants précarisés de la région de Marrakech, ensuite, un havre de beauté méditerranéenne.

Bon il faut compter 27000€... la semaine, mais il y a 600m2, 9 chambres, 9 salles de bain, une table de salle à manger pour 18 personnes, pas de problème pour inviter vos amis !

La déco est extraordinaire, pleine des créations d'animaux de l'artiste, plus grands que nature. Dont des insectes sociaux, fascinants puisqu'ils nous apprennent le lien social, le travail, la transmission...: fourmis et ... abeilles.


on s'habille à Marrakech pour recevoir à Dar el Sadaka





suite de l'abeille


La chèvre géante est l'une des premières rencontres que l'on fait lorsque, au détour du chemin, on découvre Dar El Sadaka. "Au départ, je travaillais exclusivement mes animaux dans mon atelier et les exposais ensuite. La sculpture et les expositions restent à la base de ma démarche, mais je me suis ouvert à d'autres influences en vivant dans différents pays, en pratiquant de nouveaux médias et en montrant mon travail de différentes manières. J'ai ainsi pris beaucoup de plaisir à transformer des espaces de vie en installations artistiques. Quand je suis à Marrakech, je vis en ermite, concentré sur ma création, mais je réponds avec plaisir aux diverses invitations que je reçois, comme ce projet de sculpture commandé par la ville de Knokke dans le cadre de Beaufort 2018."

 




Invité à participer à Beaufort, sixième édition d'une exposition triennale qui se veut un parcours artistique et touristique sur le littoral belge, Fourtou y a imaginé une installation monumentale composée d'une superposition de cabines de plage qui semblent en équilibre précaire dans le paysage de Knokke-Heist. C'est joyeux et de circonstance, l'assemblage de cabines reflétant la diversité de celles qui ornent le littoral belge. Acquise par la municipalité, l'oeuvre demeurera d'ailleurs in situ après l'exposition. 




Les oeuvres de Jean-François Fourtou jalonnent les différents espaces de Dar El Sadaka, souvent de façon inattendue. Réalisées à différentes échelles, ses sculptures animalières invitent à des expériences hors normes, le temps de questionner ses propres perceptions et son rapport au temps et à l'espace. En 2010, la quête personnelle de l'artiste le mène à réaliser une maison comme la verrait un enfant de quatre ans. L'artiste souhaitait réaliser la chambre qu'il occupait chez son arrière-grand-mère, comme s'il s'agissait encore de se regarder grandir avec étonnement. "J'avais l'impression que tout était géant! Mon inspiration vient de l'enfance et mes installations invitent à ressentir des perceptions oubliées, mais communes."

Jean-François Fourtou se souvient aussi de son grand-père maternel, un homme qui vivait très simplement après la guerre, événement d'une violence extrême qui avait bouleversé le cours de son existence. Dans sa petite maison de Charente-Maritime où l'artiste, encore enfant, passe d'heureuses journées à découvrir la magie des choses, l'aïeul l'entraîne dans un monde enchanté, l'initiant à l'observation des insectes et lui apprenant à fabriquer des objets avec des petits riens. "Il a nourri cet imaginaire qui est à la base de mon travail", confie-t-il.

c'est toute une autre envergure que mon nid de frelons asiatiques :
les abeilles modifiées sont augmentées et carrément géantes

 









La propriété de Marrakech, dont la superficie dépasse celle des fameux jardins de La Mamounia, comme le chemin qui y serpente, n'ont pas fini de livrer leurs secrets: en avançant plus loin dans le domaine, on entre au coeur de l'intime. Il y a quelques années, l'artiste a conçu une nouvelle demeure, habitable et confortable cette fois, pour y abriter sa tribu lors de ses longs séjours au Maroc. Baptisé La Ruche, ce lieu aussi magique que le reste du domaine, est peuplé d'abeilles géantes posées sur d'admirables mosaïques qui côtoient des pots de miel de toutes nuances et dimensions. Pourquoi les abeilles? "Jusque-là, je réalisais des animaux isolés et déplacés dans l'habitat humain. Les abeilles, elles, vivent selon une organisation très particulière. Les utiliser dans mon travail ajoute, je pense, une dimension différente à mon questionnement sur la façon de vivre ensemble et d'occuper l'espace."

 la maison est en fait un nid de frelons, 

où les propriétaires sont à peine tolérés !




il les nourrit... de pots de miel !


Ce monde des abeilles, incroyablement riche, mais aujourd'hui menacé, constitue pour lui une source inépuisable d'inspiration. "J'ai pu le décliner en surdimensionnant les abeilles et les pots de miel, en créant des pièces en forme d'alvéoles composant un labyrinthe, en travaillant avec des artisans locaux qui savent user et détourner des motifs traditionnels pour les sols en zellige. J'ai accroché de grandes abeilles en haut des murs et aux plafonds, endroits généralement peu exploités dans les intérieurs. J'avais déjà créé quelque chose dans le même esprit, avec des colonies d'escargots aux tailles variées et surdimensionnées dans un appartement parisien." 

Dans La Ruche dominent les tons de jaune, d'ambre et de miel, renforcés par la blondeur de boiseries admirablement disposées par des artisans pourtant peu habitués à pratiquer la menuiserie à grande échelle. Car, au Maroc, le bois est rare, précieux et donc utilisé avec parcimonie. De cette expérience de désorientation absolue, passablement perturbante en un moment plutôt intime, le visiteur garde un souvenir inclassable.

il sait tout faire, voilà ses papillons 




il en décore les vitrines d'Hermès





je suis tenté : 

je tenterais bien un élevage perso

de méga-abeilles : 

je le contacte ?


https://www.facebook.com/JeanFrancoisFourtouArtist


www.darelsadaka.com


pour une fois, c'est quasiment un vrai sylvain !





PS : comment "inviter" une abeille chez soi ?

Notre époque a des côtés formidables, puisque l'on peut joindre un artiste grâce à son email... et qu'il arrive qu'il réponde ! Vous devinez bien que j'adorerais "inviter" une abeille géante chez moi, et la coller en haut d'un mur ! Alors j'écris... et reçois non pas une, mais deux réponses :

La première de Jean-François Fourtou lui-même, et la seconde de son agent. Réponse positive : deux abeilles existent encore... et elles sont bien ... à vendre !




je suis proprement-dit "crucifié" ! 

que faire ?