mercredi 23 décembre 2020

Jean-Louis retrouve l'Argus castillan


Je vous ai déjà expliqué, avec euphenoides, (1) comment les vrais entomologistes trouvent les papillons : ils suivent une logique : d'abord repérer la plante nourricière, elle-même dépendant du sol, donc de la géologie ; de l'altitude, par exemple plaine ou montagne... donc du climat : océanique, c'est chez nous dans le versant Nord des Pyrénées : et méditerranéen en Hispanie, versant Sud. Il existe aussi bien dans les Pyrénées que dans les Alpes un effet adret-ubac, à l'ombre côté Nord, c'est nous ; et au soleil côté Sud, en Espagne. Et flore et faune sensibles à ces différences, sont différentes, les habitats changent, les espèces varient.

l'Espagne est à gauche : il faut monter davantage pour retrouver le même étage qu'au Nord

Aussi, l'amateur de papillons qui cherche aussi à rester le plus Français possible, (parce que la France est mieux que partout ailleurs tout bêtement), va être frustré de rester au Nord, avant même de se précipiter comme nous le faisons nous-même de l'autre côté, en franchissant le tunnel de Vielha. Mais une variante française consiste à ne pas franchir la frontière, en restant dans les Pyrénées Orientales. Les PO qui côtoient la Méditerranée sont ainsi un paradis des papillons rares, et je vous ai déjà raconté le village de Chirac sur le trajet du mont Canigou, pour observer feisthameli. (2)

Voilà comment pratique Jean-Louis Fourès, qui parcourt depuis des années la route des deux mers, de l'Atlantique à la Méditerranée, et qui a repéré une nouvelle merveille après tant d'autres : l'Argus castillan sans franchir la frontière.

Le secret, c'est Etienne, le botaniste qui l'accompagne dans des conditions d'hébergement souvent sportives, qui a trouvé la plante, et qui trouve la plante finit par trouver sinon la chenille qui la mange, du moins la femelle papillon qui va pondre dessus !

La plante c'est Erodium glandulosum, Erodium regroupe diverses plantes de la famille des Géraniacées,  les géraniums pour rester simple, auxquelles on donne généralement le nom vernaculaire de becs-de-grue, en raison de leurs fruits comparables à de longs becs érigés. Geranos en grec signifie bien "grue" et donnera Geranium. Pelargos, la cigogne, donnera Pelargonium ; et tant qu'à faire, le dernier Erodius le héron donnera Erodium.

Glandulosum qui nous intéresse est un  magnifique petit érodium caractérisé par ses pétales de deux sortes, les deux supérieurs étant tachés de pourpre foncé

Quand on a raconté tout cela, on reconnait la plante !





le stade qui suit, c'est cette (merveilleuse) femelle posée sur une fleur d'erodium


alors là vous voyez le dessous ocellé

alors que le dessus n'est pas bleu-azuré, mais brun sombre à reflets






avec un oeil dans chaque antérieure

bravo Jean-Louis !

conserve bien cachés 

les biotopes de cette merveille !


PS : http://babone5go2.blogspot.com/2020/12/papillons-des-pyrenees-la-video-de-jean.html