dimanche 16 août 2020

Cassigneul, peintre de la femme (2)


Voici un article de Jourdain Vannier qui date de 2015. Il s'étonne que Cassigneul Jean-Pierre de son prénom, soit mal aimé en France, comme je vous en faisais part hier : je cite :  "Sa cote atteint des sommets mais lui est invariable. Son œuvre se conjugue depuis plus de cinquante ans selon la même grammaire. A contre-courant sans pour autant chercher à l’être, il peut se rire de la bouderie des musées français, car à l’étranger tout lui réussit depuis longtemps. Jean-Pierre Cassigneul est un classique contemporain, qui célèbre la France sans qu’elle le lui rende bien. Focus sur le travail d’un grand peintre français.

nuit



Sa toile « Dans la roseraie » à droite, s’est vendue 893 000 dollars il y a deux ans chez Sotheby’s, multipliant par sept son estimation basse : le peintre s’est vu couronné d’un nouveau record, qui le place parmi les cinq artistes français les mieux vendus au monde. La vente de mai 2015, toujours chez Sotheby’s, a d’ailleurs systématiquement conforté voire doublé des estimations hautes. Représenté par la galerie Taménaga et exposé à Paris, Jean Pierre Cassigneul est surtout populaire au Japon et aux Etats-Unis. Pourquoi son nom reste-t-il encore confidentiel ?

Comme chacun sait, nul n’est prophète est son pays. A fortiori car il est tout sauf un artiste contemporain au sens strict. Sa formation classique aux Beaux-Arts, son inspiration des courants de la fin du XIXe siècle ou des débuts du siècle dernier le rendent presque suspect. Pas d’art conceptuel, pas de marketing outrancier, pas de démesure à la Hirst : on imagine très bien le peintre le pinceau à la main dans son atelier. Là, il emprunte aux Fauves leur palette, aux Nabis leur planéité, et à toute sa sensibilité pour transfigurer des scènes banales d’oisiveté. Pas de morbide, pas de grand spectacle si ce n’est celui d’un quotidien bourgeois.


 Cassigneul n’est ni l’homme de toutes les modes, ni l’homme de toutes les femmes. Il n’en célèbre qu’une : l’élégante. Une Parisienne secrète au teint de lait, qu’il déniche en chapeau sur les contre-allées de l’avenue Foch ou vers l’hippodrome de Longchamp. Il la surprend souvent dans sa promenade au bois, sujet romanesque et théâtre mondain par excellence jusqu’à la Belle Epoque. A moins qu’il ne la saisisse postée à son balcon ou en villégiature normande, le regard lointain. Plus coquette que cocotte, elle semble inaccessible et imperturbable, tout à la fois rêveuse et mélancolique. Des yeux oblongs presque bridés, un maquillage de geisha : on comprend aisément l’engouement des Japonais pour cet artiste qui dépayse subtilement son modèle.



Qu’on ne se méprenne pas, il y a pourtant de la violence : les fleurs disputent fermement aux élégantes leur beauté et leur couleur. Il y a même de l’indécence : quand les mondaines sont plutôt de longues tiges solitaires, les fleurs sont charnues et s’offrent sans la moindre retenue, en jardins ou en gros bouquets. Le reste est poésie, c’est tout dire.

































j'ai tenté de vous dépayser de mes sujets habituels :

rassurez-vous, je continue avec Durban, Phrosine et Melidore

demain !