lundi 17 décembre 2018

Nadau chante Noël


7 décembre 2014 : je vous emmenais voir, écouter plutôt Michel Maffrand, alias Joan de Nadau, autrement dit Jean de Noël, la Pastorala (1).

Quatre ans plus tard, Nadau remplit, avec ce conte aux libertés géographiques chauvines mais assumées, le Parc des expositions du Comminges : il raconte toujours l'histoire de la Nativité, où Saint-Gaudens re-devient Bethléem. Comme il n'y avait pas de réseaux sociaux à l'époque, ce sont les anges qui sortent (difficilement) les bergers d'un sommeil profond. Ils confient leur troupeau à la montagne. Descendent dans la vallée, pour se rendre à la cabane où vient de naître un drôle de bébé. "les étoiles se sont posées sur la terre". Des expressions comme celle-là, Nadau en a des tonnes. En gascon. Les seigneurs sont déjà arrivés d'Orient, et fument devant l'étable des "substances illicites". Et un prophète se lève, toujours un prophète gascon, béret vissé sur le crâne : et annonce que Jésus accomplira des miracles. Ainsi sera ! Même il mourra sur la croix. Sans doute la croix curieusement omniprésente sur la scène signifie-t-elle que les bergers croient encore en Dieu dans cette terre gasconne ?







Cette année, nouveau concept : le chantre au béret réunit autour de lui l'orchestre de l'Ecole de Musique, plus une chorale d'une soixantaine d'hommes et femmes, chemise blanche, béret gascon, pour livrer une version symphonique de reprises et de certaines de ses chansons réarrangées pour l'occasion. «Le spectacle sera composé de 2 parties, confirme l'homme de Luret (Cier-de-Luchon). Une première partie traditionnelle, une seconde partie symphonique avec violons, violoncelles, trompettes, contrebasses, cymbales… et cornemuse. La cornemuse des celtes, faite d'une une peau complète de mouton. 






Le clou : l'hymne à la joie ... en Gascon !

Cela fait un moment que je réfléchis à ce qui fait sens (vous voyez que je parle comme les Parisiens) dans nos Pyrénées centrales. Et ce que tente de nous présenter notre Musée local : notre identité. Ayant vécu en Provence ; en Corse, et en Bretagne, pas difficile de constater les mêmes ressorts : ici les Pyrénées, les vallées, les bergers, les moutons, la vie rurale : travail, coutumes, cérémonies familiales, fierté, et dignité. -"on veut vivre de notre travail, sans primes, on veut rester dignes". Tout ça en Gascon naturellement. La langue primordiale : nos racines communes. Retour aux origines.

A un moment, Nadau ne peut résister, il brandit devant la foule son gilet jaune !




Dans notre famille, mon frère Michel a toujours attiré notre attention sur le droit d'aînesse du fils aîné, dans le Béarn. Dans les vallées pyrénéennes, à l'époque où les docteurs de la Sorbonne se demandaient si les femmes avaient une âme, les Héritières étaient souvent le chef de famille des sociétés, et assumaient le rôle de Chef des Vallées. Elles pouvaient alors hériter, un droit qu'on leur a enlevé en 1763 ; alors, elles ont manifesté… voyez l'ambiance ! Le Comminges a toujours sa charte affichée au mur de la salle du conseil municipal, et nous restons (moralement), "la République libre du Comminges".

Une autre chanson évoque Norbert Aspa, l'innocent du village, le ravi provençal,  de Labaderque, torturé en 1944 par l'Armée Allemande qui recherchait les maquisards de Campels. Je vais souffler cette chanson à Jacques, le Président des Evadés, le poil se hérisse sur les bras. Les deux petites filles de 4 et 10 ans qui ont vécu ces atrocités sont dans la salle, séquence émotion ! 





Des œuvres fortes qui parlent de notre histoire, de nos racines. De la Garonne, qui a choisi de couler chez nous, alors qu'elle aurait pu bifurquer vers l'Espagne ! Du Paradis : Nadau au cours d'une histoire hilarante, est tué sur un champ de pétanque par une boule, direct le Paradis. Il demande à être affecté au Paradis des Musiciens. Mais auparavant, il ouvre la porte du paradis des menuisiers : plein, ils ont tous trois doigts ! au Paradis des Conseillers départementaux ? Personne ! la salle s'esclaffe ! Au Paradis des députés, il n'y en a qu'un ! Rires, on imagine que le seul est le nôtre, tout le monte l'appelle Joël, et il défend les couleurs de gauche sociale ! Nadau finit au Paradis des Musiciens. Il devient copain avec Beethoven et Mozart...ça dure des plombes, et la chute finale est formidable ! Je ris, je pleure, quelles émotions !



Tout y est : la chanson de l'ours d'Arbas, amené dans sa cage entouré de cars d'écolos parisiens, Ministre en tête. En face, dans le bosquet, une troupe de bergers locaux, avec pour seule arme leur cloche à la main. La cloche des moutons...quelle force tranquille ...!




tombe la neige


Nadau, le sage-sénior, poète chantant. agrège autour de lui l'identité des Pyrénées

En guise d'au revoir, après avoir fait chanter à la salle Canta

il nous renvoie dans nos foyers

-"rassurez-vous, dit-il aux voisins de Luchon

vous pouvez rouler sans crainte

les radars sur la route ont été encapuchonnés" !

Je réclame que lors des prochains débats en réponse aux gilets jaunes, 

ce soit Nadau qui anime les soirées !



la musique met de l'ordre dans nos peines
https://www.youtube.com/watch?v=-9W2BV6uikg