jeudi 26 juillet 2018

Art Déco à Belgrade !


Vous avez compris que j’aime l’Art Déco, et en cette période de voyages, je déroule devant vous le fil d’Ariane qui va nous mener de ci-de là voir de belles choses : pourquoi pas Belgrade ? Je mets le doigt sur un article de Libération du 27 sept 2013, peu importe la date, que voici :



« N’est-ce pas une idée fantasque de visiter Belgrade pour ses trésors architecturaux Art déco? On s’embarque plutôt en Serbie pour le festival de musique Exit ou celui des trompettes de Guca, voire pour une croisière sur le Danube. La capitale balkanique exhale encore le soufre des guerres ethniques des années 90. Boegrad, qui signifie «ville blanche» depuis 878, n’est pas vraiment blanche, encore grise du continuum de cinquante ans de socialisme titiste, représenté par des bâtiments en béton, gris, austères.

« La ville est pourtant verte, avec un nombre incroyable de jardins, dont le parc Kalemegdan. Dans cette métropole slave du Sud de 1600000 habitants, on ressent encore ce qu’écrivaient Jean-Marie Domenach et Alain Pontault en 1960: «Belgrade n’arrive pas à ressembler à une capitale. Onze fois détruite ou gravement endommagée, elle a été rafistolée par morceaux.»

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« Depuis, d’autres strates de dévastations se sont ajoutées. Après les bombardements en 1999 par l’Otan sur la longue avenue Kneza Milosa, restent volontairement exhibées les impressionnantes entrailles de l’ambassade de Chine et du ministère de la Défense détruits. On a envie de fuir sur le Danube, d’aller y caboter sur les traces de Claudio Magris, de son embouchure à son delta, au fil des écrivains, Kafka, Musil et tant d’autres, qui en ont écrit les rives de la pensée. Mais c’était sans compter sur un duo têtu venu mener une enquête, deux commissaires français, spécialistes des arts appliqués des années 30: Emmanuel Bréon et l’architecte Philippe Rivoirard. Ils préparent à Paris l’exposition: 1925, quand l’Art déco séduit le monde. Et ils viennent chercher là des indices dans différents domaines –bas-reliefs sculptés, céramiques, vitraux, fer forgé– mais aussi dans les géométries ou l’aérodynamisme. Pour Emmanuel Bréon, «il y a eu un rayonnement Art déco français dans le monde entier, comme une première mondialisation de l’art, dans la foulée de l’Exposition internationale des Arts décoratifs à Paris, en 1925. Particulièrement à Belgrade, où ce style y a pris des formes locales».


La France entretient des Ambassades dans les grands pays du monde, et celle de Belgrade est célébrissime :

Construite par l'architecte Roger-Henri Expert entre 1928 et 1932, l'ambassade-résidence de France à Belgrade (Serbie) constitue un véritable chef d’œuvre du style Art Déco. Le sculpteur Sarrabezolles participa aux décors des façades et réalisa le groupe des Trois Grâces restauré dans le cadre de l'opération. Soumis à de fortes variations de température, le bâtiment a fait l'objet de travaux d'amélioration énergétique et de restauration. Un diagnostic architectural et thermique a permis de concilier performance énergétique et respect du patrimoine.








Louis XIV et Mariane sculptés par Sarrabezolles

Je viens de citer deux noms, Roger Henri Expert est architecte. Moi je le connais pour sa villa  Thetys d’Arcachon, dont je vous parlais dans : http://babone5go2.blogspot.com/2013/09/villa-thetys.html. Ce genre de personnage est talentueux, et s'exprime dans tous les domaines, y compris la peinture quand il simule en aquarelle la décoration du paquebot Normandie :








le bureau de l'ambassadeur
... et la coiffeuse de l'ambassadrice
of course !

Quant à Charles, Marie, Louis, Joseph Sarrabezolles, dit Carlo Sarrabezolles, c’est un sculpteur,  né le 27 décembre 1888 à Toulouse, et mort le 11 février 1971 à Paris : un sculpteur toulousain à Belgrade !



l'Egalité a deux tresses ... identiques !

les trois Grâces sur la terrasse, difficile d'avoir des photos de face ...

la Liberté, l'Egalité et la Fraternité


...sauf sur le site de l'entreprise SOCRA chargée de la restauration



En 1926, Carlo Sarrabezolles initie une nouvelle technique, la taille directe du béton frais, qu'on a aussi appelée « sculpture à fresque », étant donné l'équivalence qu'elle peut avoir avec cette technique picturale. Elle est appliquée la première fois pour le campanile de l'église de Villemomble (Seine-Saint-Denis).

Du 20 août au 3 novembre 1926, Sarabezolles sculpte vingt statues de personnages, quatre séraphins, les symboles des évangélistes et de nombreuses inscriptions. Jusque-là, le ciment permettait de réaliser des sculptures par moulage. Ici, il n'est plus question ni de moule, ni de maquette : il faut tailler dans la masse du béton en prise, donc très rapidement, et par assises successives, en partant du bas. Il s'agit là d'un travail d'improvisation qui relève de la performance, ce qui explique qu'il ait fait peu d'émules dans cette spécialité qui satisfaisait les maîtres d'œuvre, tant pour son aspect économique qu'esthétique. La sculpture fait corps, indissociablement, avec l'architecture. Il réalise de cette façon la façade et le clocher de l'église Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus d'Élisabethville à Aubergenville (Yvelines), les deux géants légendaires, Lydéric et Phinaert, qui constituent le soubassement du nouveau beffroi de Lille, et d'autres réalisations de ce type dans les années suivantes : la sculpture-clocher de l'église Saint-Pierre d'Alfortville (1932, détruite en 1980), l'église Notre-Dame-des-Missions d'Épinay-sur-Seine (1934, architecte Paul Tournon), la décoration extérieure de l'église Saint-Louis de Marseille (1935, architecte Jean Sourdeau).

Il est l'auteur du groupe "Les quatre Éléments" de l'aile Passy du Palais de Chaillot à Paris. Son exigence de qualité est telle que, le groupe en place, il en découpe une partie qui ne le satisfait pas, la refait et la remet en place, le tout à ses frais. En 1935, son ami l'architecte Roger Expert, chargé de l'aménagement du paquebot Normandie lui commande un bronze, Le Génie de la mer, qui n'est finalement pas installé sur le paquebot.

En 1967, il restaure les figures sculptées par David d'Angers au fronton du Panthéon de Paris.

Il n'a cessé de travailler, tant en France qu'à l'étranger (parc de la propriété et bustes des Dupont de Nemours aux États-unis, ambassade de France à Belgrade…), jusqu'à ce que la mort le surprenne dans son atelier de la rue des Volontaires à Paris en 1971.

Pas loin d'ici, il a sculpté le monument aux morts de Martres Tolosane, et celui de Lectoure.



Auriez-vous jamais imaginé le lien entre Martres-Tolosanne

et...Belgrade ?