Henri Charrière a vingt-cinq ans
et on l’appelle Papillon. Un surnom
qui trouve son origine dans le tatouage sur sa poitrine.
Ce Don Juan du Montmartre des
années 30 se retrouve accusé à tort d’un meurtre et prend «perpet’». Il troque
alors son costume trois pièces contre celui des travaux forcés. Mais bien vite,
Papillon enfile la tenue qui lui
vaudra sa réputation : celle de l’évadé : « il vole ».
Evidemment, je vous montre Steve Mac Queen qui incarne celui qui est devenu dans une certaine mesure un Héros français moderne !
A son tour, Sanseverino s'y met lui aussi : dans ce livre-disque, il incarne le célèbre bagnard et chante ses aventures au son de sa guitare,
accompagné par le dessin fringant de Sylvain Dorange.
Dès qu’il a posé devant
lui le roman et empoigné sa guitare, Sanseverino sait où il va : Papillon sera un album bluegrass, résolument acoustique et
virtuose, nourri des années de compagnonnage avec des musiciens d’exception –
Christophe Cravero au violon alto, Christian Seguret à la mandoline et au
violon, Jean-Marc Delon au banjo, Jidé Jouannic à la contrebasse, renforcés par
Lionel Suarez à l’accordéon et Xa Mesa aux percussions.
Un album à lire et à écouter où
musique et dessins dialoguent et se répondent pour nous faire découvrir la vie
mouvementée d’Henri Charrière !
Voilà ce qu’on peut
lire sur le site : http://www.sanseverino.fr/
Ce matin dimanche 8 novembre, j’apprends
tout cela grâce à Catherine Ceylac, et découvre la première partie de l’histoire.
Ce n’est que la première partie, or l’émission n’évoque pas la suite !
Car seuls, les entomologistes la
connaissent, cette suite, et encore pas tous, car des entomologistes, il n’y en
a plus beaucoup !
Dans « l’extravagante aventure des chasseurs de papillons », publiée
il n’y a pas si longtemps (2007), Dany Lartigue évoque (page 77) Eugène Le Moult,
avec la devise : « les morphos
me vaudront la fortune et la gloire »
L’histoire d’Eugène le Moult
commence le 31 décembre 1882 sur les fonds baptismaux d’une petite commune de
Bretagne (chez nous on dit BzH), où le curé prononce ces paroles étonnantes :
« petit breton je vais toquer ta
tête contre ce bénitier, qu’il se brise plutôt que ta forte tête de petit
breton » !
Je vous la fais courte : il
se trouve que le papa en question est nommé Chef des travaux du pénitencier du
bagne de Cayenne. Il est du bon côté le papa, mais au bagne quand-même. Le fils
se retrouve ainsi du même bon côté, mais au bagne aussi. Là-bas, il devient
préparateur en pharmacie (du pharmacien officiel), et peut céder à la passion
de tout jeune homme : partir dans la forêt vierge à la chasse aux
insectes, notamment se trouver confronté au ballet féerique des morphos bleu-métallique :
une féerie particulière parmi celle que peut engendrer le ballet des papillons
inventés par le Créateur. Il s’agit de « Morpho
menelaus ».
facile de nos jours d'acheter sur ebay les derniers morphos du Brésil le dessous est destiné au camouflage le dessus à attirer les meufs ! |
Je vous la fais courte car des
années plus tard, Eugène se retrouve plus tranquille dans la capitale. Il
invente un loisir aux bagnards avec qui il a gardé le contact : chasser les
morphos pour lui, les mettre en "papillottes", et lui envoyer. Lui va les « dépapillotter »
sur place dans sa grande maison de Paris, et les vendre à des collectionneurs
fortunés : il renvoie des subsides à ses chasseurs de Cayenne, (pour entretenir leur fougue chasseuse), et fait
fortune.
Tout papillon plus rare que les
plus rares vaut plus cher, et vous imaginez que les bagnards se creusent le
ciboulot pour lui envoyer des exemplaires introuvables : femelles jamais chassées,
espèces inconnues, ou bizarreries comme les hermaphrodites.
Contrairement aux humains qui ne
sont pas symétriques (nous n’avons qu’un cœur à gauche ; et qu’un foie à
droite) les papillons, eux, sont identiques moitié-moitié….sauf si la division
en 2 parties égales n’a pas fonctionné dans la métamorphose précédente, celle
du passage de la chrysalide à l’adulte. Il peut arriver qu’une moitié soit mâle
par exemple, et l’autre soit femelle. Je vous en ai déjà parlé avec Machaon
et Astérias, ce qui était encore plus fort, avec Machaon mâle français d’un côté ;
et Astérias américain femelle en face. Là on était au second degré, du jamais
vu !
Quand le dimorphisme sexuel est
grand, les sexes notoirement différents, comme chez les Morphos (ce sera pareil
en Indonésie avec une autre merveille plus merveilleuse encore : les Ornithoptères)
l’individu hermaphrodite est véritablement exceptionnel, donc hors de prix.
chez les Ornithoptères, les femelles sont énormes couleur encre de chine |
femelle à gauche ; mâle d'Urvillianus (bleu) à droite |
N’oublions pas que des bagnards
peuvent avoir été mis au bagne car ils ne respectaient pas la règle. De là à ce
qu’ils soient tentés de créer des hermaphrodites on recollant une moitié
femelle à l’autre moitié mâle, il n’y a qu’un pas : il faut que cela soit invisible !
Il eût fallu que Sanseverino nous
racontât cette histoire (tragique) d’’hermaphrodite, qui existe parfois chez
les humains, et fait qu’un individu (on dit
un alors qu’on pourrait dire une
et que si la langue française comportait le neutre, on utiliserait ce 3è terme),
n’est ni mâle, ni femelle, mais les deux.
Cela ressemble à un (e)
« trans » ?
A Cayenne, cela donnait cela !
Comme quoi je suggère cette suite à Sanseverino !
(il faut que j'écrive à Catherine Ceylac)
Pas facile d'expertiser l'hermaphrodite du Louvre :
les fesses d'abord sont "uni-sexes" ; le visage et la coiffure : universels... |
...ah ? la poitrine est bien dessinée : une dame ? |
...ah...bâaah...un monsieur ? |