mardi 20 janvier 2015

Orientalisme


Art et pouvoir…
J.L Gerome

(La beauté sauvera-t-elle vraiment le monde ? ?)

On adore en France tout classer dans des catégories bien définies. C’est vrai pour les œuvres d’art et notamment la peinture. La découverte des merveilles de l’Orient a inspiré bien des artistes, venus chercher là d’autres coutumes, d’autres mœurs ; des couleurs ; des odeurs ; des sons ; des mets différents. On se souvient de la demeure de Pierre Loti. Qui n’a pas dès le XVIIè créé son salon turc ?

Tout esprit curieux des voyages aime l’exotisme. Les peintres en question, qui quittaient le néo-classicisme italien pour découvrir le Monde, ont été classés dans les « Orientalistes ».



Horace Vernet : chasse au lion

Très instructif ce qu’ils ont retenu : des paysages évidemment, avec du sable, des palmiers : le désert avec les oasis d’un côté, le côté dramatique des tempêtes de sable de l’autre. Et puis des animaux (féroces) : lions et tigres, souvent apprivoisés, signes de richesse d’une civilisation dominée par des notables qui ont su soumettre les espèces sauvages. J’évoque exprès le terme « soumission ». Ils sont entourés de guerriers à cheval. Transportant les fameuses  richesses (de l’orient) sur des dromadaires, groupés en caravanes. Gardant des portes ornées donnant sur leur univers privé, sévèrement interdit aux yeux étrangers.

de Gérome : heads of rebells !







































On pense aux jardins (abondamment irrigués alors que l’eau est rare). Des fleurs à profusion, des parfums subtils.

À cette époque, la représentation picturale de la nudité est choquante si elle n’est pas justifiée. Or, le harem se veut être l'expression d'un ailleurs inconnu. Les mœurs y sont différentes et certaines pratiques tolérées (telles que l'esclavage, la polygamie, le bain public, etc.). 

Cette tolérance entraîne en Europe un phénomène de fascination/répulsion pour le harem (ou sérail), lieu de despotisme (sexuel) par excellence du sultan. En effet, le harem, si éloigné des mœurs et de la culture européennes de l'époque fait l'objet de nombreuses interrogations, mais aussi de nombreux fantasmes.

Otto Pilny : slave market



Tanoux : la petite nouvelle
Les harems rêvés, fantasmés, imaginés sont peuplés d'odalisques lascivement alanguies, offertes, dans les vapeurs du bain... un thème très prisé notamment par Jean-Léon Gérôme. On zappe la vraie question : odalisque, esclave ? La réponse officielle : une odalisque est une esclave vierge, qui peut monter jusqu'au statut de concubine ou de femme dans les sérails ottomans, mais dont la plupart étaient au service du harem du sultan. Le mot vient du turc odalık, qui signifie « femme de chambre », d'oda, « chambre ». En littérature, le terme désigne une femme de harem.

Normand





































Bouchard : après le bain







































Nous sommes dans l’intimité du monarque. Les vierges, il n’attend pas le Paradis pour les soumettre (encore), puis les consommer ! Sont-elles consentantes ? That’s the question pour nous, européens !

Bien sûr, nous sommes au XIXè siècle la plupart du temps. Les peintres sont Gérome. Bénouville. Bonnaud. Rosati. Fabre. Raynaud. Cormon. Collier. Normand. Tanoux. Horace Vernet. Sans omettre Ingres, Delacroix, Alexandre-Gabriel Decamps, Théodore Chassériau,  Eugène Fromentin, Félix Ziem, Alexandre Roubtzoff, jusqu'à Renoir (avec son Odalisque de 1884) ou même Matisse et Picasso au tout début du xxe siècle. On n’aurait pas cru qu’il y en avait tant !

c’était avant !

On a admiré ces scènes : c’était une autre civilisation : l’Orient. D’où vient la lumière.

c’était du raffinement.

Nos musées en sont pleins.

Toutes ces femmes …


… elles y trouvaient leur compte ?

Rochegrosse : l'esclave et le lion
Leighton a tout arrangé : l'odalisque (apprivoisée) devient la lumière du Sultan : "light"
Fabre a cette interprétation magnifique : la favorite under the thumb, "sous le pouce" comme disent nos amis anglais